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Santé

Coupe du monde : pourquoi football rime avec alcool

Les tentatives pour lutter contre l'abus d'alcool seraient sapées par les liens qu'entretient le football avec les grandes marques d'alcool, selon la revue British Medical Journal. Explications.
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Coupe du monde : pourquoi football rime avec alcool
Football et alcool
MIGUEL RIOPA / AFP

"Les fabricants d'alcool seront les vrais vainqueurs de la Coupe du monde de football", selon un article de la revue British Medical Journal.

L'auteur de l'article, un journaliste indépendant britannique nommé Jonathan Gornall, affirme que l'alcool est culturellement lié au monde du football et que des millions de jeunes seront exposés au marketing des entreprises de boissons pendant le Mondial.

Des conditions extrêmes imposées aux gouvernements

GRANDE-BRETAGNE. Le journaliste cite comme exemple une décision prise en février dernier par le premier ministre David Cameron : ouvrir les pubs plus longtemps pendant la Coupe du monde au Brésil. Selon l'auteur, il se serait laissé convaincre par l'industrie de l'alcool.

Car dans ce pays, 18 des 20 clubs de football du championnat ("Premier League") sont sponsorisés par l’industrie de l’alcool. Manchester United, par exemple, compte 3 supporters financiers issus des secteurs de la bière, du vin et des spiritueux. Mais selon le journaliste, cela n’est rien comparé au lobbying de cette industrie à l'échelle du globe.

La Fédération Internationale de Football (FIFA) "possède un long passif consistant à soutenir les intérêts financiers de ses partenaires, notamment Budweiser, le sponsor officiel du tournoi pour la bière, tout en imposant des conditions extrêmes aux gouvernements à travers le monde", selon l'auteur de l'article.

TAXES. Cela inclut la levée de taxes sur les profits réalisés par les partenaires commerciaux pendant la Coupe du monde et "l'intimidation" exercée sur l'Etat brésilien pour qu'il permette aux supporteurs de boire de la bière dans les stades, contrairement aux lois en vigueur dans le pays. Selon le journaliste, le manque à perdre s’élèverait pour le Brésil à... 386 millions d’euros tout de même !

De plus, en mai dernier, plusieurs industriels ont convaincu les autorités brésiliennes de reporter leurs projets d’augmentation des taxes (de 2,25 %) sur l'alcool après le tournoi, selon Bloomberg.

QATAR. "Le pouvoir de la FIFA est tel que le Qatar, un pays musulman strict où la législation sur l'alcool est dure, a déjà autorisé la vente d'alcool dans les endroits où les supporteurs se trouveront en 2022", écrit le journaliste dans son article.

Et la grande perdante est... la santé publique

Selon lui, la grande perdante à chaque coupe du monde est souvent la santé publique. En 2010 par exemple, les services des urgences britanniques ont enregistré une augmentation de 37,5 % des agressions les jours où l’Angleterre jouait. Et ces agressions sont souvent associées à la consommation de l’alcool.

Certains experts brésiliens craignent un retour aux jours sombres où la violence était présente dans les stades et scindait les spectateurs en clans rivaux.

FRANCE. Pourtant, selon l'auteur de l'article, le divorce entre alcool et foot est bien possible, comme le montre l’exemple français avec la loi Évin de 1991, interdisant la publicité et les sponsors liés à l'alcool dans le sport. Malgré l’interdiction des sponsors issus de l’industrie de l’alcool, ou du tabac, "le sport semble survivre, avec de nouveaux sponsors", écrit Jonathan Gornall, en réponse aux partisans des lobbies.

RECOMMANDATIONS. À l’heure actuelle la plupart des autorités médicales recommandent de ne pas boire plus de trois verres par jour pour les hommes et deux pour les femmes. Les seuils établis par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconisent ainsi de ne pas boire plus de 21 verres par semaine pour les hommes et 14 pour les femmes. Surtout, elle recommande de s'abstenir au moins un jour par semaine de toute consommation d'alcool.

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