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Amérique du SudLe Mondial, une aubaine pour les cartels de la drogue

La Coupe du monde de football est une aubaine pour les cartels de la drogue

La Coupe du monde de football est une chance pour les cartels de narcotrafiquants au Pérou et en Bolivie, qui sont déterminés à en profiter.

«Nous avons observé une activité très intense du trafic de drogue à l'approche du Mondial», a affirmé le général Vicente Romero, directeur du bureau antidrogue du Pérou (Dirandro).

Les autorités péruviennes ont ainsi pu vérifier depuis le début de l'année une multiplication de «narco-vols», des petits avions transportant clandestinement des cargaisons de cocaïne vers la Bolivie pour ensuite entrer par la route au Brésil voisin.

Les pistes clandestines poussent comme des champignons le long des vallées de production de coca d'où décollent dans un ballet incessant des appareils transportant jusqu'à 300 kg de cocaïne, selon les autorités.

es équipes de la Dirandro ont détruit dans des opérations commando 72 pistes durant les cinq premiers mois de l'année.

Les contrôles ne fonctionnent pas durant le Mondial

«Les trafiquants brésiliens savent que durant la Coupe du monde les contrôles ne fonctionnent pas et se préparent à un véritable festival de consommation de cocaïne», déclare Jaime Antezana, un expert de l'Université Catholique du Pérou.

«Le Brésil est actuellement le deuxième plus grand consommateur de cocaïne au monde, mais durant la Coupe du monde, on s'attend à ce qu'il passe devant les Etats-Unis pour devenir le pays qui consommera le plus», ajoute-t-il.

Le Brésil partage des frontières amazoniennes au contrôle quasi impossible avec le Pérou, la Colombie et la Bolivie, les trois plus grands producteurs de feuilles de coca et de cocaïne.

Les forces anti-drogue des trois pays ont cherché à frapper un grand coup contre les mafias avant le début de la Coupe du monde et ont ainsi pu saisir 570 kg de chlorhydrate de cocaïne destinées aux villes brésiliennes participant à la compétition.

Dans la région frontalière péruvienne de Ucayali, 18 laboratoires produisant 400 kg de pâte-base de cocaïne par semaine ont été détruits récemment.

Opération pour juguler l'afflux de drogue

Dans le cadre du dispositif de sécurité pour la Coupe du monde, le ministère de la Défense du Brésil a lancé en mai dernier l'opération Agata 8 pour juguler l'afflux de drogue.

Des forces militaires ont été déployées tout au long des 17'000 km de frontières et quelque 40 tonnes de drogue destinées aux villes de Sao Paulo et Rio de Janeiro ont été saisies.

«Au Pérou, un kilo de cocaïne peut coûter 1000 dollars (environ 900 francs), mais à Manaus (Brésil), cette même quantité est vendue 5000 dollars, et à Sao Paulo, c'est 7000 dollars», explique le général Romero.Selon la Dirandro, une cargaison de 300 kilos de cocaïne estimée 300'000 dollars au Pérou peut atteindre jusqu'à trois millions de dollars à Rio.

«Les prix sont exorbitants car la croissance de la demande est exponentielle», relève Jaime Antezana.

Ces dernières années, le marché de la cocaïne péruvienne a été réorienté: jusqu'en 2010 la drogue était essentiellement exportée par bateau vers l'Asie et les Etats-Unis.

Aujourd'hui, 60% de la cocaïne en provenance du Pérou va vers le Brésil en passant par la Bolivie et la forêt amazonienne, à travers les régions péruviennes de Loreto et Ucayali, un corridor libre de tout contrôle, avertissent les spécialistes.

Réorientation de la cocaïne vers le Brésil

«La disparition du Chapo Guzman, du cartel de Sinaloa (au Mexique), a consolidé cette tendance, de même que la réorientation de la cocaïne vers le Brésil sous l'influence du PCC (Premier Commando de la Capitale), un cartel brésilien en plein essor», ajoute Jaime Antezana.

Les narcotrafiquants profitent en outre de la proximité de la Bolivie avec le Brésil non seulement pour intensifier l'acheminement de la drogue mais aussi pour fabriquer la cocaïne.

«Depuis l'expulsion de l'Agence antidrogue américaine (DEA) en 2008, la Bolivie a perdu du terrain dans le domaine de la logistique et des renseignements», indique pour sa part à Franklin Alcaraz, directeur d'une centre de recherches à La Paz.

«Malgré les efforts du gouvernement, il n'y a pas assez de ressources et le trafic de drogue ne cesse d'augmenter» en Bolivie, souligne-t-il.

AFP