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Alstom : Mitsubishi et Siemens lancés dans une course contre la montre

•Une prise de participation du japonais Mitsubishi au capital d'Alstom fait partie des options possibles.•Des discussions se poursuivent sur la valorisation des activités de l'équipementier français.

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Par Véronique Le Billon, Anne Drif

Publié le 13 juin 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Trois jours pour convaincre. Après l'annonce d'une alliance entre Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et Siemens, mercredi, « pour étudier une éventuelle offre portant sur certains actifs du groupe français Alstom », les groupes japonais et allemand ont jusqu'à lundi au plus tard, selon le délai que s'est donné Siemens, pour présenter leur projet au conseil d'administration d'Alstom. « Il faut trouver les meilleures modalités pour répondre à toutes les exigences : les nôtres et celles du board d'Alstom », explique-t-on dans l'entourage du ministre de l'Economie, qui a reçu les dirigeants des deux groupes le week-end dernier.

Les contours du projet nippo-germanique seront différents de ceux de l'offre de General Electric : « C'est une logique d'alliance, avec le maintien de l'intégrité d'Alstom et son renforcement », poursuit-on à Bercy. « Ce n'est pas un achat à la découpe qu'ils ont en tête », confirme une source gouvernementale. Certains évoquent la création de plusieurs sociétés communes, dont MHI serait actionnaire aux côtés d'Alstom. Selon nos informations, une prise de participation du japonais MHI au capital d'Alstom fait aussi partie des scénarios possibles. L'option serait une reprise partielle de la participation de Bouygues (29 %), qui souhaite se désengager. Par ailleurs, MHI procéderait à un rachat d'actifs avec Siemens : les japonais reprendraient les turbines vapeur et Siemens les turbines à gaz. Le volet d'apport d'actifs de Siemens dans les transports avec montée progressive d'Alstom au capital d'une nouvelle structure transports serait négocié dans un second temps et ne ferait pas partie de l'offre attendue pour le 16 juin. Resterait un groupe Alstom coté avec le Grid (les réseaux de transport d'électricité), l'éolien et les transports. Les valorisations des activités restant en discussion. MHI n'a surtout pas mené de « due diligence » sur les actifs de l'équipementier français, ce qui risque de compliquer son offre.

Modalités complexes

Personne ne conteste que les modalités concrètes du projet sont complexes. « C'est toujours plus compliqué de bâtir un partenariat, qui plus est à trois acteurs, que de signer un chèque », indique-t-on de source proche du gouvernement. « Revenons aux fondamentaux : Alstom a entre les mains une offre ferme de GE assurant l'intégrité et l'avenir des activités Power et Grid, répondant aux préoccupations exprimées par les pouvoirs publics et financièrement intéressante. Et c'est tout ! », rappelle aussi un proche du français.

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Pour Siemens, l'alliance avec MHI a en tout cas vocation à répondre, ex-ante et non ex-post, aux questions que se poseraient, en cas de rachat, les autorités de concurrence. L'allemand est déjà très présent dans les réseaux et l'éolien. Et géographiquement très présent sur les marchés européens, comme Alstom. Début mai, l'entourage du groupe, qui défendait l'idée de la création d'un champion européen dont il n'est plus question, estimait toutefois être prêt à prendre le risque des autorités anti-trust sur l'activité réseaux. La surprise nippo-germanique de dernière minute risque-t-elle de peser sur le calendrier ? « La date du 23 juin [jusqu'à laquelle GE a accepté de prolonger son offre, NDLR] a été négociée avec le gouvernement. Et il a assuré qu'il ne demanderait jamais de nouveau report », prévient-on dans l'entourage de GE. Le gouvernement convient qu'Alstom ne doit pas être fragilisé en restant dans l'expectative.

Après une réunion à l'Elysée hier, l'entourage du chef de l'Etat a tenu à afficher sa « neutralité constructive », répétant ne pas avoir de « préférence », mais seulement « des objectifs » en matière d'emploi, de localisation des activités et d'indépendance énergétique. Mais les négociations avec MHI et Siemens permettent aussi de maintenir la pression sur GE, avec qui les discussions se poursuivent pour « améliorer » l'offre.

Les dates clefs

24 avril : l'affaire Alstom éclate lorsque Bloomberg révèle les discussions avec General Electric (GE), pour la reprise des activités d'Alstom dans l'énergie.

27 avril : Siemens entre dans la danse, avec une offre alternative, non ferme : il reprendrait les activités d'Alstom dans l'énergie et apporterait en échange l'essentiel de ses actifs dans le transport.

9 mai : Siemens améliore son offre en proposant d'apporter également ses activités signalisation.

14 mai : le gouvernement, publie un décret soumettant à l'autorisation de l'exécutif la vente d'actifs dans l'énergie à des acteurs étrangers. Alstom est clairement visé. 22 mai : GE prolonge son offre jusqu'au 23 juin, au lieu du 2 juin.

27 mai : lors d'une audition au Parlement, Siemens indique qu'il se donne jusqu'au 16 juin pour soumettre une offre.

Anne Drif Véronique Le Billon

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