Au secours, les bulles spéculatives sont de retour ! Ces derniers jours, en tout cas, les marchés, les analystes, la presse économique n'ont parlé que d'elles. Mercredi 11 juin, le Fonds monétaire international (FMI) s'en est ému dans un rapport sur le sujet. En Belgique, au Canada, en Australie, au Royaume-Uni et en France, les prix de l'immobilier ont anormalement grimpé ces derniers mois, selon l'institution.
Jeudi, le gouverneur de la banque d'Angleterre, Mark Carney, s'est lui aussi inquiété des tarifs des appartements londoniens, laissant entendre que, pour contrer toute surchauffe en la matière, son institution relèvera ses taux plus tôt que ce qu'imaginaient les investisseurs. Les bulles sont de retour, on vous dit.
Et le coupable serait… les grandes banques centrales, bien sûr ! Pendant la crise, elles ont baissé leur taux à des niveaux historiquement bas pour tenter de réanimer l'économie. Maintenant que la reprise est là, ces taux bas alimentent des prêts non productifs – c'est-à-dire des achats immobiliers intempestifs, qui pourraient bientôt alimenter des bulles.
ON JOUE À SE FAIRE PEUR
Tout cela est vrai. C'est d'ailleurs la même histoire qui se répète encore et encore. En 2001, après l'éclatement de la bulle Internet, Alan Greenspan, le patron de la Réserve fédérale américaine, a baissé les taux directeurs et les a maintenus quasiment à zéro pendant des années. Selon nombre d'économistes, tels que le Prix Nobel d'économie Paul Krugman, c'est cette politique accommodante qui a alimenté la bulle immobilière américaine et la crise des subprimes, avec les terribles conséquences que l'on sait !
En vérité, il y a quelque chose d'un peu stérile dans la façon dont, aujourd'hui, on joue à se faire peur avec d'éventuelles bulles sur les prix des logements.
D'abord, parce que les politiques monétaires accommodantes peuvent créer des emballements sur des dizaines d'actifs financiers autres que l'immobilier – par définition, on ne sait jamais où les bulles vont exploser avant qu'elles n'explosent.
Ensuite, parce que, en matière d'immobilier, on ne peut pas loger toutes les villes à la même enseigne. Des logiques structurelles nationales qui n'ont rien à voir avec les banques centrales sont aussi à l'oeuvre. A Paris ou à Stockholm, les prix grimpent surtout parce qu'il y a pénurie d'habitations.
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