L'armée pakistanaise a assuré, dimanche 15 juin, avoir lancé une « grande offensive » contre les rebelles islamistes talibans et leurs alliés d'Al-Qaida, dans la zone tribale du Waziristan du Nord, leur principal bastion dans le nord-ouest du pays.
Cette offensive est menée à la fois par l'aviation, l'artillerie, des tanks et des troupes au sol, a précisé un officier de l'armée présent à Miranshah, la principale ville du Waziristan du Nord, un territoire montagneux et reculé situé le long de la frontière afghane. Plusieurs milliers de soldats ont déjà été mis en mouvement, et « 25 000 à 30 000 soldats vont participer » à l'opération, a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat.
Le Waziristan du Nord est le premier bastion des combattants du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe rebelle islamiste du pays et responsable d'attentats qui ont tué plus de 6 000 personnes depuis 2007, et de ses alliés, les combattants étrangers d'Al-Qaida.
Il est également la base arrière de rebelles talibans afghans, dont le réseau Haqqani, connu pour ses sanglantes attaques contre les forces américaines et l'Otan dans l'Afghanistan voisin. Haqqani est également connu pour ses liens historiques avec les services pakistanais, un élément qui n'est, selon certains observateurs, pas étranger au fait qu'Islamabad a longtemps hésité avant de lancer cette grande opération militaire.
RAIDS AÉRIENS MEURTRIERS DIMANCHE MATIN
Cette offensive, que les Etats-Unis réclamaient de longue date à Islamabad, a été précédée dimanche matin par des raids aériens meurtriers. Les bilans de ces raids divergent selon les sources : au moins 80 morts selon l'armée, jusqu'à 150 morts, voire plus, selon des responsables de sécurité locaux.
Il s'agirait « pour la plupart d'Ouzbeks », ont précisé des responsables militaires, qui annoncent parmi les morts des rebelles impliqués dans l'attaque, il y a une semaine, contre l'aéroport de Karachi. Cet assaut avait fait 38 morts, dont les dix assaillants, et entravé encore un peu plus les pourparlers de paix entre le gouvernement et le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), proposés en début d'année.
Selon un responsable militaire à Miranshah, l'organisateur présumé de cette attaque, un Ouzbek, a ainsi été tué dans les raids de dimanche, qui se sont produits dans la région montagneuse de Dehgan, fief de talibans et de militants d'Al-Qaida. « Abou Abdul Rehman Almani, qui a été le cerveau de l'attaque contre l'aéroport de Karachi, et plusieurs autres commandants [rebelles] ont été tués dans les frappes », a-t-il affirmé.
MONTÉE EN PUISSANCE DE L'ARMÉE DANS LE WAZIRISTAN
Dans un mail adressé aux médias, le porte-parole des talibans, Shahidullah Shahid, a juré vengeance, sans fournir de détails. Le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe rebelle islamiste dans ce pays, et le Mouvement islamique d'Ouzbékistan (IMU) avaient indiqué que des djihadistes ouzbeks avaient épaulé les talibans dans l'assaut de l'aéroport international de Karachi, poumon économique du Pakistan.
L'attaque de Karachi a relancé les appels d'une partie de la société civile à ne pas faire de concessions au TTP et à entreprendre une offensive militaire d'ampleur pour le mettre hors d'état de nuire.
Deux jours après l'assaut contre l'aéroport, les Etats-Unis avaient repris dans le Waziristan du Nord les tirs de drone, qui avaient été suspendus en décembre 2013. Le jour même de l'attaque, des avions de combat pakistanais avaient frappé des repaires d'insurgés présumés, faisant au moins 25 morts.
Depuis mai, près de 60 000 habitants de cette région tribale – l'une des sept à border la frontière avec l'Afghanistan – ont quitté leurs terres, redoutant un assaut massif et imminent de l'armée pakistanaise. Selon des témoins dans ces régions tribales, les combattants islamistes les plus recherchés quittent peu à peu la zone, en raison de la montée en puissance des actions militaires dans ces zones.
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