SOCIÉTÉBonnets rouges, les six familles

Bonnets rouges, les six familles

SOCIÉTÉdépart, le bonnet rouge était limité à la Bretagne mais le mouvement a fait tache d’huile, sans que les initiateurs du mouvement puissent le contrôler...
Manifestation au passage de François Hollande lors des cérémonies du 11 novembre, en 2013.
Manifestation au passage de François Hollande lors des cérémonies du 11 novembre, en 2013. - LCHAM / SIPA
Maud Pierron

Maud Pierron

Des bonnets rouges, symbole de la fronde contre l’écotaxe, il y en avait sur les Champs-Elysées ce lundi 11 novembre. Certains ont été interpellés après les huées essuyées par le chef de l’Etat, d’autres ont simplement manifesté leur mécontentement après le passage de François Hollande. Et pourtant, les fers de lance des Bonnets rouges, comme le maire de Carhaix Christian Troadec ou l’agriculteur Thierry Merret, se sont désolidarisés de ces bonnets rouges, n’y reconnaissant pas les leurs, et parlant de «récupération de l’extrême droite». 20 Minutes répertorie les différentes familles des bonnets rouges, une galaxie parfois mouvante et bien loin des premiers combats.

Les Bonnets rouges canal historique

Ceux-là sont 100% Bretons et mobilisés autour de la fronde contre l’écotaxe, revendication qui s’est élargie autour de la crise sociale dans la région et qui a amalgamé des secteurs et personnes aux profils très divers. Ces bonnets rouges sont apparus le 28 octobre dernier lors du démontage du portique de Pont-de-Buis, lorsque le collectif «Vivre, décider et travailler en Bretagne» a fait une distribution au débotté. Thierry Merret, à l’initiative de cette distribution, rappelait à 20 Minutes que ces bonnets avaient déjà été utilisés lors d’une révolte contre la fiscalité des paysans bretons au XVIIème siècle. «En Bretagne, on sait pourquoi on porte ce bonnet», assenait lundi Thierry Merret à 20 Minutes. «Qu’on mette des bonnets rouges partout pour toutes les causes, c’est scandaleux», ajoutait-il en rappelant, comme Christian Troadec, qu’ils n’avaient lancé aucun appel à manifester le 11 novembre sur les Champs.

Les cousins des Bonnets rouges

Ils étaient sur les Champs-Elysées lundi. Ils ont annoncé qu’ils manifesteraient leur hostilité au chef de l’Etat. Mais «après» la cérémonie. Sur le compte Twitter @Bonnetsrouges, ils donnaient des informations en temps réel sur leurs troupes, faisaient circuler des photos d’interpellations, d’où la confusion entretenue sur l’implication ou non du collectif des Bonnets rouges. Mais ce mouvement n’a rien à voir avec le collectif breton, s’agace Christian Troadec. Contacté par 20 Minutes, Antoine, qui n’est pas breton, confie avoir créé le compte Twitter et la page Facebook «spontanément» après l’action du 28 octobre. «J’ai trouvé que le bonnet rouge était un symbole génial pour protester, au-delà de l’écotaxe, contre le matraquage fiscal en France. C’est un mot d’ordre dans lequel peuvent se reconnaître beaucoup de Français». «Nous sommes contre le matraquage fiscal en général et notre mot d’ordre c’est d’être transpartisan», un peu comme le mouvement breton. A-t-il l’impression d’avoir «volé» le symbole des Bretons? «C’est sûr qu’avec les réseaux sociaux, on a catalysé. On a élargi le mouvement en essayant de ne pas trahir le mouvement breton, mais on n’a jamais prétendu être leur porte-parole», nous explique Antoine. A ceux qui lui reprochent de trahir le mouvement breton sur Twitter, le compte répond: «Regardez la France et les Français, le bonnet rouge 2013 a dépassé le cadre breton. Soyez honnêtes.»

Les bonnets rouges-bruns

D’après des témoignages directs et indirects, certains manifestants qui avaient des bonnets rouges, notamment ceux qui ont affronté les forces de l’ordre, appartiennent à la mouvance d’extrême droite. «Ces bonnets rouges sur les Champs-Elysées, c’est la récupération d’une trentaine de personnes d’extrême droite pour des causes que nous ne soutenons pas, c’est de la manipulation pour nuire aux intérêts bretons», explique Christian Troadec. Les activistes interpellés sont liés à «l’extrême droite», au «Printemps français» et au groupuscule d’extrême droite «Renouveau français», a assuré Manuel Valls. Au FN, on a vu Jean-Marie Le Pen arborer ce bonnet rouge la semaine dernière. Et ce mardi, l’hebdomadaire d’extrême droite Minute propose un bonnet rouge pour tout nouvel abonnement.

Les «coucous» des anti-mariage pour tous

Ils capitalisent sur le côté marketing du «bonnet rouge», bien visible dans une manifestation et l’utilisent pour exprimer leur franche hostilité à Hollande. Mais leur propos n’a rien à voir avec la fiscalité et est loin d’être transpartisan puisqu’ils gravitent dans des mouvements de la nouvelle droitosphère née dans le sillage de l’opposition au Mariage pour tous. Lundi sur les Champs-Elysées, on a pu voir certains arborer le bonnet rouge et réclamer le retrait de la loi Taubira. Le Printemps français n’a pas appelé à manifester mais «le bonnet rouge est devenu un signe de rébellion face au gouvernement», confirme Béatrice Bourges. Mais d’autres organes, comme le site pasmonprésident.com ou Hollande-demission.fr, ont appelé à manifester leur hostilité à Hollande, et prévoyaient une distribution de bonnets rouges. Le fondateur du site a d’ailleurs été interpellé et il est déféré au parquet ce jeudi. Sur plusieurs photos Sipa, l’un des leaders des Homen, David van Hemelryck, apparaît le poing en l’air et le bonnet rouge sur la tête.

Les bonnets rouges-bleus

Et puis il y a des membres de l’opposition, de l’UMP. Notamment Liane D’Argelier, militante RPF et UMP, selon ses dires. Elle a notamment accordé une interview à iTélé lundi, entourée de sympathisants dont certains portaient le bonnet rouge. Sur son profil Facebook, elle livrait lundi le nom de plusieurs de ses amis qui avaient été interpellés. Et elle précise que le bonnet rouge ne devait être mis que lorsque le groupe était réuni.

Les bonnets rouges des banlieues

Ils étaient ce mardi matin au pied de BFM TV/ RMC pour attendre Manuel Valls, avec qui ils ont engagé le dialogue. Ce sont les bonnets rouges des banlieues, comme ils s’appellent. Ils avaient des pancartes «Hollande m’a tuer» et du «collectif banlieue-respect». Sur le site internet, le collectif se présente comme un rassemblement d’associations réclamant l’arrêt des destructions d’emplois en banlieue.

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