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Espace : Airbus et Safran se rapprochent, autour d’Ariane

Les patrons d’Airbus et de Safran ont annoncé une co-entreprise et une nouvelle configuration d’Ariane 6. Une « étape majeure vers la consolidation de la filière spatiale européenne », affirme François Hollande lundi matin.

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Depuis que Space X enchaîne les mises en orbite de satellites avec succès pour un prix imbattable, toute la filière Ariane est en ébullition.

Par Alain Ruello

Publié le 15 juin 2014 à 21:43

Le constructeur aéronautique Airbus Group et le motoriste Safran ont annoncé lundi la création d’une co-entreprise destinée à faciliter l’évolution de la fusée européenne Ariane et la rendre plus compétitive face à son concurrent américain Space X. Une opération qualifiée par François Hollande lundi matin d’« étape majeure vers la consolidation de la filière spatiale européenne ».

Ainsi, l’onde choc de Space X n’en finit pas de bouleverser la filière Ariane. François Hollande devait recevoir ce lundi à 8 heures du matin Tom Enders, le PDG d’Airbus, maître d’oeuvre industriel de la fusée européenne, et Jean-Paul Herteman, son alter ego de Safran, responsable de la propulsion. A la clé, donc : l’annonce d’un futur rapprochement de leurs activités dans le domaine des lanceurs. Devait être également présente, Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat en charge de l’enseignement supérieur et de l’Espace.

Depuis que Space X enchaîne les mises en orbite de satellites avec succès pour un prix imbattable, toute la filière Ariane est en ébullition. Malgré une fiabilité qui n’est plus à démontrer, Ariane souffre d’une organisation industrielle trop éclatée, plombée par la pratique des retours géographiques, ce qui nuit gravement à sa compétitivité. Même si elle est subventionnée dans les grandes largeurs par la Nasa, la société américaine, elle, travaille de manière totalement intégrée. Qui plus est, son patron, le très flamboyant Elon Musk (celui de Paypal ou des voitures électriques Telsa), a choisi de faire du neuf avec du vieux quand les ingénieurs de la vieille Europe se sont toujours complu dans dans la surenchère technologique.

Le Cnes et l’Agence Spatiale européenne, l’ESA, ont évidemment réagi. Il s’agit d’abord de développer une évolution importante d’Ariane 5, baptisée Ariane 5 ME, pour un premier tir atendu en 2018. Puis, de lancer le développement d’un nouvelle génération de fusée – Ariane 6 – censée pouvoir faire jeu égal avec Space X. Mise en service envisagée vers 2021, mais plus probablement quelques années plus tard.

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Le top départ des premières études d’Ariane 6 a été donné à Naples fin 2012 lors de la conférence ministérielle de l’ESA. Depuis, rien ne va plus car le DLR, le Cnes Allemand – avec le soutien tacite d’Airbus – ont remis en cause la configuration technique du futur lanceur au niveau de la propulsion. A telle enseigne que Geneviève Fioraso a récemment déclaré que la France était prête à des « adaptations » (« Les Echos » du 20 mai).

La réunion à l’Elysée a donc pour principal objet de prendre acte de la nécessité pour Airbus et Safran, de mieux travailler ensemble, le plus vite possible, pour préparer au mieux les projets Ariane 5 ME et Ariane 6. Et sans attendre la prochaine conférence ministérielle de l’ESA, en décembre à Luxembourg.

C’est donc l’ébauche d’une rationalisation de la filière lanceur européenne qui se dessine. Elle pourrait prendre, à terme, la forme d’une co-entreprise entre les deux industriels les plus importants d’Ariane, chacun conservant son domaine de prédilection. Mieux, Airbus et Safran vont proposer une nouvelle configuration technique pour Ariane 6 susceptible de tenir l’objectif d’un coût au lancement de 70 millions d’euros et de contenter Paris et Berlin d’un point de vue industriel. « C’est le seul moyen de résister à Space X », commente un bon connaisseur du dossier. Contactés, ni Airbus ni Safran n’ont souhaité commenter.

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