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Des routes limitées à 80 km/h bientôt en « expérimentation »

Le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, a estimé que des essais pourraient être lancés sur les routes les plus accidentogènes.

Par  (avec AFP)

Publié le 16 juin 2014 à 13h05, modifié le 16 juin 2014 à 18h15

Temps de Lecture 3 min.

La limitation de vitesse à 80 km/h au lieu de 90 km/h pourrait épargner jusqu'à 400 vies chaque année.

Le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve a coupé l'herbe sous le pied du Conseil national de la sécurité routière (CNSR), lundi 16 juin, en annonçant, sans attendre son avis, qu'il refusait une baisse généralisée de la vitesse sur le réseau bidirectionnel (sans séparateur médian)à 80 km/h au lieu de 90 km/h actuellement. Intervenu devant les membres de cet organisme consultatif à 11 heures, avant que son débat sur la vitesse ait eu lieu, il a indiqué en préambule être « très attaché aux vertus de la pédagogie ».

« Une mesure, quelle qu'elle soit, ne peut être bien appliquée que si elle est comprise, perçue comme utile et rationnelle. Elle doit être partagée », a-t-il prévenu. Par conséquent, « l'abaissement de la vitesse maximale autorisée ne peut être appliqué de façon unilatérale partout, sur tous les axes, mais seulement sur certains axes très accidentogènes qui ne font pas débat », a-t-il déclaré, se voulant partisan d'un « équilibre pragmatique ».

Avant de lancer les expérimentations, le ministre a précisé qu'il allait d'abord recevoir officiellement un rapport du CNSR, puis rencontrer l'ensemble des parties intéressées au dossier, et enfin faire le point avec les préfets.

« IL FAUT ALLER VITE »

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Les opposants à l'abaissement de la vitesse se sont immédiatement félicités de cette déclaration. « Une mesure doit être acceptée et comprise, or je n'ai jamais vu un tel phénomène de rejet », a commenté Daniel Quero, président de l'association 40 Millions d'automobilistes. Philippe Houillon, député UMP du Val-d'Oise, a lui aussi applaudi une « mesure équilibrée ».

Ceux qui préconisaient un abaissement immédiat de la vitesse sur tout le réseau ont tenté de faire fléchir le ministre. Le docteur Philippe Lauwick, président de la commission « alcool stupéfiants, vitesse » du CNSR, a ainsi pris la parole pour indiquer qu'il « partageait cette obligation de pédagogie ». « Mais il faut aller vite et je propose une mesure intégrale, rapide, pour l'ensemble du territoire », a-t-il déclaré.

Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière, a observé qu'« en 1973, quand on a décidé le port de la ceinture, on n'a pas dit qu'elle serait obligatoire au nord de la Loire et pas au sud ». Elle a prévenu le ministre : « Vous n'atteindrez pas deux mille morts en 2020 » – un objectif fixé par la Commission européenne –, avant de lui demander de changer d'avis.

« VOS EXPERTS S'OPPOSENT »

Le ministre leur a répondu que la décision sur l'abaissement de la vitesse « n'est pas comparable avec celle de faire porter la ceinture ». « D'abord, il y a un débat chez vous, vos experts s'opposent », a-t-il dit, faisant allusion à la scission du comité des experts en deux camps (neuf contre huit), le premier refusant de prendre parti, le second préconisant la généralisation de la mesure.

En outre, « on ne peut pas prendre des décisions qui créent des antagonismes et de l'incompréhension dans le contexte actuel, a-t-il répété. Prenons d'abord les axes les plus accidentogènes, un ou deux, et avançons pragmatiquement. » 

Selon ses services, l'expérimentation pourrait concerner « deux ou trois tronçons par département ». Elle se déciderait non pas avec le comité des experts « deux ou trois tronçons par département » et serait lancée « deux ou trois tronçons par département ».

UN TEXTE SIBYLLIN

Une fois le ministre parti, c'est dans une certaine confusion que le CNSR s'est prononcé. Au lieu de l'inviter à voter pour ou contre l'abaissement de la vitesse, puis pour ou contre chacun des trois scénarios proposés par le comité des experts, son président, Armand Jung (député PS du Bas-Rhin), a souhaité qu'il prenne parti sur la recommandation de la commission « alcool stupéfiants, vitesse ». Celle-ci préconise « de réduire la vitesse maximale autorisée à 80 km/h sur l'ensemble du réseau » et de « s'appuyer sur l'avis du comité des experts pour les modalités d'une mise en œuvre ou d'une expérimentation de la mesure ».

Seize ont voté pour ce texte sibyllin, trois contre, et neuf se sont abstenus. Après le scrutin à main levée, nombre de protagonistes confiaient ne pas comprendre ce qu'ils avaient voté. Selon M. Lauwick, le « CNSR s'est prononcé pour la généralisation, tout en disant que s'il y a expérimentation, il souhaite que le gouvernement s'appuie sur le comité des experts ».

Lire (édition abonnés) : Article réservé à nos abonnés Le Conseil de la sécurité routière aborde à reculons la réduction de la vitesse
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