Publicité

SNCF : la faute de la CGT

Par Étienne Lefebvre

Publié le 17 juin 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Nous y voilà. Au terme d'une semaine de grève et de fortes perturbations du trafic, la CGT et SUD-rail ont été reçus pour la première fois hier par la direction de la SNCF, à leur demande, pour évoquer la « politique sociale de l'entreprise » : salaires, temps de travail, embauches. Plus question de réforme ferroviaire, le sujet pourtant à l'origine du plus long conflit depuis 2010 au sein du groupe public ! Et pour cause : les syndicats contestataires ont compris que le gouvernement et le Parlement ne bougeraient pas davantage que ce qui a été négocié la semaine dernière. Surtout, sur le fond, la CGT a été largement associée depuis dix-huit mois aux réflexions ayant conduit au projet de loi de réforme ferroviaire dont l'examen débute aujourd'hui à l'Assemblée nationale, qui prévoit la création d'un groupe public intégré chapeautant le gestionnaire des infrastructures et celui qui exploite les trains. Une évolution nécessaire. Le leader de la CGT-cheminots convenait lui-même, jeudi dernier, que des avancées importantes avaient encore été obtenues, même si le texte, regrettent les grévistes, ne va pas jusqu'à recréer un seul établissement public comme avant 1997.

D'autres motivations expliquent donc la prolongation inattendue de ce mouvement, à commencer par la crainte d'une remise en cause du statut des cheminots, et en particulier d'une modification de la durée et de l'organisation du travail. Le projet de loi prévoit, de fait, la négociation d'une convention collective pour le secteur ferroviaire. Mais, comme le souligne Laurent Berger (CFDT), c'est une bonne chose pour les salariés du ferroviaire autres que ceux de la SNCF, qui vont obtenir des garanties dans le cadre de l'ouverture généralisée à la concurrence du secteur. Et pour les cheminots eux-mêmes, puisque cette concurrence les inquiète. La situation des agents de la SNCF n'étant de toute façon pas modifiée à cette heure, le conflit actuel s'apparente bel et bien à un retour des grèves préventives, comme l'a dénoncé hier le Medef. Le gouvernement a d'autant plus raison de jouer la fermeté qu'il ne dispose pas d'alternative. Et que les motivations de cette grève ne sauraient en aucun cas justifier un conflit aussi long, qui gêne l'activité économique, pénalise les usagers et fragilise l'entreprise ferroviaire.

Débordée par sa base, la CGT a commis une faute en poursuivant la grève, quitte à perturber le bac. Elle l'aggrave aujourd'hui en prolongeant un mouvement devenu largement minoritaire, qui risque de susciter de plus en plus d'incidents - des blocages et incendies volontaires ont déjà été constatés - et de tensions au sein de l'entreprise avec les non-grévistes.

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité