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PolémiqueDu sang d'Indiens d'Amazonie aurait été exploité

L'ethnie Waorani aurait subi des prises de sang sans consentement, il y a plus de trente ans.

Les autorités de Quito, qui accusent des organismes des Etats-Unis d'avoir agi à des fins commerciales, s'intéressent en particulier au cas de l'ethnie Waorani, un groupe d'environ 3000 personnes vivant en isolement en Amazonie équatorienne.

Plus de 3500 prises de sang auraient été réalisées il y a plus de 30 ans auprès de 600 membres de cette tribu qui présente «des caractéristiques uniques au niveau mondial», a annoncé cette semaine le secrétaire d'Etat à l'Éducation et aux Sciences, René Ramirez.

Selon René Ramirez, 80% des prises de sang ont été effectuées sans consentement, alors que «personne ne savait qu'elles étaient faites à des fins d'investigations».

Matériel génétique

Trois organismes américains sont pointés du doigt par le gouvernement équatorien : la compagnie pétrolière Maxus, qui a opéré dans la région amazonienne d'Orellana jusqu'aux années 90, le laboratoire Coriell et la Harvard Medical School.

«Il a été prouvé que l'institut Coriell a dans ses stocks des échantillons et vend du matériel génétique issu de la communauté Waorani», selon le rapport du Défenseur d'Equateur (DPE).

Selon des témoignages reçu par le DPE, sorte de médiateur national, les membres de cette communauté amazonienne auraient été trompés par deux Américains, dont un médecin travaillant pour la compagnie pétrolière, originaire du Texas. Ces derniers leur auraient ainsi proposé d'effectuer des examens médicaux, sans révéler le véritable but de ces prélèvements.

Le médiateur national équatorien, Ramiro Rivadeneira, a estimé que ces prélèvements illégaux avait sans doute eu lieu dans d'autres pays traversés par la forêt amazonienne.

«Nous sommes certains, en ce qui concerne les communautés indigènes, que cela n'a pas seulement eu lieu en Equateur», a-t-il affirmé dans un entretien à la chaîne publique ECTV.

Violation de la communauté indigène

«Il y a des communautés indigènes importantes dans d'autres régions d'Amazonie, au Pérou, en Bolivie. Nous pensons donc que d'autres prélèvements ont été effectués ailleurs», a-t-il ajouté. En juillet 2012, le DPE avait déjà accusé l'institut Coriell d'avoir non seulement exploité mais commercialisé en toute illégalité du matériel génétique prélevé sur des indiens Waorani.

Ramiro Rivadeneira a aussi rappelé que le Brésil avait «initié il y a plusieurs années une procédure» contre cet institut. En août 1996, des scientifiques brésiliens l'avait accusé d'avoir vendu de l'ADN provenant de tribus Karitania et Surui, vivant dans l'Etat de Rondonia, à la frontière avec la Bolivie.

En Equateur, l'affaire avait été révélée il y a deux ans par le président Rafael Correa qui avait dénoncé la violation de la communauté indigène et annoncé la constitution d'une plainte contre les organismes américains.

Vendredi dernier, Rafael Correa a admis que ce combat constituait une «lutte difficile», faute d'«une loi fédérale aux Etats-Unis offrant un fondement juridique».

«La loi protège jusqu'aux droits d'auteur mais pas les individus qui se font prendre leur sang sans leur consentement», a déploré le dirigeant socialiste, dont le gouvernement entretient des relations conflictuelles avec les Etats-Unis.

Fins scientifiques

La Constitution équatorienne interdit «l'utilisation de matériel génétique et l'expérimentation scientifique qui porte atteinte aux droits de l'homme». Il y a deux ans, l'ambassade des Etats-Unis à Quito avait affirmé ne pas être mêlée à cette affaire. Interrogé lundi, un porte-parole diplomatique n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat.

En 2012, le laboratoire Coriell, basé au New Jersey, avait admis avoir été en possession de matériel génétique prélevé sur la tribu équatorienne, précisant l'avoir obtenu auprès d'un chercheur de la Harvard Medical School et en avoir distribué des échantillons à des fins scientifiques et non commerciales.

Mardi, le laboratoire a affirmé avoir reçu en 1991, de la part d'un chercheur qu'il n'a pas identifié, «un seul tube» contenant «une lignée de cellules lymphoblastoïdes établie à partir d'un échantillon de sang d'un individu huaorani», de laquelle ont été extraits des échantillons d'ADN ayant servi à la recherche scientifique.

Coriell «n'a retiré aucun bénéfice» de ces échantillons, dont l'original n'est plus disponible pour la recherche depuis 2010.

AFP