ENVIRONNEMENT - Ce n'est plus un secret, les abeilles vont mal. Sans elles, 84% des végétaux cultivés en Europe n'existeraient plus. En France comme ailleurs, les colonies connaissent un fort taux de mortalité et la production de miel a baissé de moitié depuis 1995. Pesticides, réduction de la ressource alimentaire, infections parasitaires, pollution, invasion d'autres espèces, changement climatique, les causes sont nombreuses.
Du 19 au 21 juin, les apiculteurs de toute la France organisent les "Apidays", des événements pour sensibiliser le grand public à la protection de l’abeille et au développement de l’apiculture française. Ces centaines d'animations gratuites, récoltes, dégustations, projections de films, ateliers, visites de ruchers sont organisées sur tout le territoire. À cette occasion, Le HuffPost a cherché à savoir comment aider au mieux les abeilles à son échelle et selon ses moyens.
Si j'installe une ruche dans mon jardin, je sauve des abeilles?
Les abeilles désertent leurs ruches et meurent? Et si vous vous mettiez à l'apiculture de loisir en hébergeant au fond de votre jardin une ruche. Attention, vous n'allez pas repeupler la planète mais l'activité peut représenter de nombreux avantages. "Avoir une ruche chez soi, cela participe au mouvement de protection des abeilles mais c'est loin d'être suffisant" relativise Henri Clément, porte-parole de l'Union Nationale de l'Apiculture Française (Unaf). "C'est aux élus d'agir pour mieux encadrer les produits phytosanitaires", poursuit-il.
Néanmoins, les effets de cette "apiculture du dimanche" sont évidents sur le terrain. Grâce à ces ruches disséminées dans les jardins français, "on sauvegarde le tissu de pollinisation" explique Henri Clément. Autrement dit, ce nouveau réseau de ruches permet aux abeilles de polliniser un territoire plus étendu. Plus de pollinisation, donc plus de fleurs, de fruits et de légumes. "On ne compte plus le nombre de professionnels de l'agriculture qui demandent à installer des ruches près de leur exploitation, constate Henri Clément. Les amateurs aussi s'émerveillent de voir leur jardin produire bien plus qu'auparavant".
Sponsoring de ruches, attention à l'effet de mode
Attention, on ne s'improvise pas apiculteur. "Un amateur sans formation ou trop peu formé peut tuer ses abeilles et se mettre en danger, lui et ses voisins, à cause des piqûres", prévient Henri Clément. Il est indispensable de suivre une formation dans une des nombreuses écoles ruchers françaises. À Paris, l'école du jardin du Luxembourg est la plus connue (et la deuxième plus vieille école d'apiculture du monde). Victime de son succès, il faut compter deux ans d'attente après inscription.
Si vous n'avez ni la place ni l'envie d'accueillir une ruche chez vous, vous pouvez toujours aider les abeilles autrement. Contre une participation financière, vous pouvez parrainer une ruche et venir récolter votre quantité de miel à intervalle régulier. Une activité dont l'Union Nationale de l'Apiculture Française souligne les dérives : "certaines personnes n'hésitent pas à pratiquer des tarifs exorbitants de plusieurs milliers d'euros, il faut être très vigilant", avertit le porte-parole de l'Unaf conseillant de se renseigner auprès de professionnels et de faire appel à des personnes comme l'apiculteur Nicolas Géant à Paris.
Acheter bio, privilégier les plantes mellifères
Si le sponsoring de ruches ne vous tente pas non plus, commencez par privilégier les produits issus de l'agriculture biologique. Les pesticides sont l'une des plus importantes menaces qui pèsent sur les abeilles. Dans votre jardin ou sur votre balcon, préférez aussi les plantes et arbres mellifères (dont le nectar est utilisé par les abeilles pour élaborer le miel) comme le thym, le romarin, le mimosa, le lierre, le noisetier ou la lavande. Pour traiter ces plantes, n'utilisez pas non plus de produits phytosanitaires.
Enfin, évitez d'acheter du miel issu de mélanges dont on ne connaît pas l'origine exacte. Dans la mesure du possible, privilégiez les miels des petits producteurs français. Acheter un miel de proximité, c'est aussi s'assurer que l'environnement proche a été pollinisé et que vous pourrez manger des pommes quelques mois plus tard.