Défenseur des droits : Toubon sème la zizanie

Ã?lysée. Les opposants à la proposition de François Hollande de nommer l'ancien ministre chiraquien Jacques Toubon au poste de Défenseur des droits ne désarment pas. Y compris au gouvernement.

Défenseur des droits : Toubon sème la zizanie

    François Hollande est furieux ! Pas question de reculer d'un pouce sur sa décision de nommer Jacques Toubon, un homme de droite au CV contesté, au poste prestigieux de Défenseur des droits. « Le président n'a aucunement l'intention de revenir sur son choix », s'agace l'Elysée. L'affaire fait pourtant de sacrées vagues dans la majorité et au sein même du gouvernement, symptôme du malaise grandissant entre le chef de l'Etat et les élus socialistes.

    Sous couvert de off, un ministre tord le nez : « Toubon, c'est tout mauvais ! Et ce n'est pas le génie des Carpates. » Un autre ministre, qui critiquait cette décision, s'est entendu répondre par Hollande : « Il n'y avait personne d'autre... » De fait, Toubon n'était pas son premier choix. Le président s'est en effet personnellement entretenu avec Jean-Louis Borloo pour lui offrir la place. Le centriste, retiré de la vie politique pour raisons de santé, a décliné. Même échec auprès de Bertrand Delanoë. Va donc pour Toubon.

    Car Hollande n'avait pas imaginé un instant que le passé du chiraquien provoquerait une telle bronca. En 1982, il avait voté contre la dépénalisation de l'homosexualité. Autre reproche, en 1996, quand il était ministre de la Justice, il avait envoyé un hélicoptère dans l'Himalaya récupérer le procureur Laurent Davenas pour sauver le couple Tiberi d'une mauvaise passe judiciaire.

    89 000 signatures d'une pétition contre sa nomination

    Hier soir, la pétition lancée contre sa nomination dépassait les 89 000 signatures, dont celle de... Cécile Duflot. « On sera bientôt à 100 000 ! » exulte Mehdi Ouraoui, l'un de ses initiateurs, qui avait été exfiltré de son poste de bras droit de Harlem Désir au PS pour avoir attisé la grogne dans l'affaire Leonarda.

    Et les ennuis ne sont pas finis pour l'Elysée. Car ce choix doit être entériné par un vote à bulletins secrets du Parlement. Toubon sera d'abord auditionné le 2 juillet à l'Assemblée, et le 9 au Sénat. Problème pour Hollande, dans son camp, très peu sont prêts à voter pour. Hier, les députés PS de la commission des Lois se sont réunis et ont évoqué le problème. « Il faut que Hollande reconnaisse qu'il a fait une erreur », glisse un des présents. « Quel camouflet ! Sa proposition sera refusée par les siens et ne passera qu'avec les voix de la droite », renchérit un autre. Qui ajoute : « On cherche une porte de sortie... » De fait, la rumeur a couru que l'Elysée tentait de débrancher discrètement Toubon. « Certains ont été chargés de plaider auprès de lui pour qu'il renonce. Toubon doit comprendre qu'il n'aura aucune légitimit?, glisse un député. Mais, pour l'heure, l'ancien ministre RPR assure qu'il n'est « pas question » pour lui de renoncer.

    Rétropédalage ? « C'est une intox ! » fulminent les amis de Hollande. Qui se demandent qui a bien pu faire courir ce bruit et louchent vers des proches de Manuel Valls, soupçonné de vouloir se débarrasser de la patate chaude... « Le président a décidé ça tout seul dans son coin », assure ainsi un élu proche du Premier ministre. Faux, rétorque un Hollandais : « Valls a été consulté et il a donné son accord. »

    Tous les ténors de la majorité, poursuit le même, ont été consultés. Le patron de l'Assemblée, Claude Bartolone, le chef du PS, Jean-Christophe Cambadélis, celui des députés PS, Bruno Le Roux, ont ainsi reçu un SMS du président deux heures avant que le communiqué de l'Elysée tombe. Et personne n'aurait mis son veto... « Au bal des faux-culs, il y en a qui ont la Palme d'or », peste un fidèle du président. Un député PS, fataliste, sourit : « Comme je dis souvent, tout merde normalement ! »