“Plumez ce coq !” titre le quotidien helvétique Le Matin. Pour 24 Heures, la Suisse “joue ce soir le match le plus important de son histoire”. “Voilà six mois que, de notre côté de la frontière, écrit l’envoyé spécial du Matin à Salvador de Bahia, cette affiche et son sublime théâtre mêlent tous les fantasmes. Immaculés ou inavouables. Sportifs et identitaires.” Voilà pourquoi, pour la Nati, c’est “un beau jour pour grandir”.Grandir oui, mais gare à la France, qui “a su trouver un bon équilibre”, explique le quotidien suisse allemand Basler Zeitung. “Nasri dehors. Ribéry blessé. Dans ce nouveau groupe, ce qui séduit, c’est la présence de garçons qui parviendront un jour au sommet du football mondial. Varane, en défense centrale, allie rapidité, force, technique et sang-froid. Le talentueux Pogba, au poste de milieu de terrain, présente les mêmes qualités.”La presse dans son ensemble souligne un changement d’attitude des Bleus. “Qu’ils tiennent les Suisses pour des opposants sérieux et qu’ils présentent la rencontre de ce soir comme leur premier test d’envergure montre qu’ils ont rompu avec cette habitude de regarder avec condescendance leurs voisins et de les traiter, même en matière footballistique, de ‘petits Suisses’ ”, note la Neue Zürcher Zeitung. En défense toute !La pression est d’autant plus forte pour la Nati que son match remporté de justesse (2-1) contre l’Equateur l’a laissée fébrile. Comme l’écrit le quotidien de Zürich, “dans le duel de ce soir va se jouer davantage qu’un billet pour les huitièmes de finale”. En effet, c’est l’occasion pour l’équipe suisse de “se regarder en face” et de prouver sa qualité. Le Tages-Anzeiger fait le même constat : “Le match contre l’Equateur a été une épreuve pour les nerfs. La rencontre contre la France va permettre à la Nati de montrer ce qu’elle a vraiment dans le ventre. Car des doutes subsistent sur ce dont elle est capable, sur sa qualité réelle.”Pour la Tribune de Genève, “la Suisse n’a aucun complexe à nourrir si l’on compare les deux effectifs, mais l’erreur serait de nous voir beaux trop vite, un travers que cultivent parfois nos amis français”. Non, la règle est simple : “Ne pas prendre de buts”. “La Nati va-t-elle jouer la sécurité ?” titre de son côté le quotidien 20 Minuten. Pour le capitaine Valon Behrami, cité par le quotidien suisse italophone Corriere del Ticcino, la défense et le collectif seront une priorité si la Suisse veut espérer l’emporter. “Nous devrons jouer en équipe, assure-t-il, car si nous comptons sur le un contre un, nous sommes morts.”Tremblez, petits Bleus !Plus drôle, le bimensuel économique Bilan explique très sérieusement les 10 raisons pour lesquelles les joueurs d’Ottmar Hitzfeld sont sûrs de triompher. Les trois meilleures :
“Parce qu’avec un taux de croissance du PIB de 2,1 % en Suisse contre un pauvre 0,5 % en France, c’est comme organiser un duel entre un athlète qui sort d’un stage d’oxygénation et un asthmatique : le second va s’écrouler pendant le match.”“Parce que la Suisse a mis sur pied une stratégie d’endormissement de son adversaire, en affirmant que la “grande” France est favorite face à la “petite” Suisse. La Nati a même fait appel à des scientifiques pour jouer la carte de la modestie et tromper la méfiance de la France.”Et, comme si ça ne suffisait pas, Bilan n’hésite pas à remuer le couteau dans la plaie d’un certain 8 juillet 1982 à Séville : “Parce que la Suisse vient de récupérer Schumacher, qui passe de l’hôpital de Grenoble au CHU de Lausanne. […] Et si vous parlez de Schumacher aux Français en période de Coupe du monde, eux pensent à Harald, pas à Michael.”

Enfin, la Radio télévision suisse (RTS) organise le match des twittos. Soit 11 twittos français contre 11 twittos suisses, le vendredi 20 juin à partir de 21 heures. Le mode d’emploi rapporté par Le Temps est le suivant: “Sur une page web spécialement conçue pour l’opération et adaptée aux appareils utilisés par les mobinautes, 11 twittos français et 11 twittos helvétiques – avec un arbitre virtuel –, en avatars des joueurs réels, se feront face et commenteront le match en direct.”