EXCLUSIF. Les notes d'un expert-comptable qui contredisent Lavrilleux

L'expert-comptable du compte de campagne de Sarkozy avait bien signalé un risque de dépassement. Mais de quelques dizaines de milliers d'euros seulement...

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Jérôme Lavrilleux.
Jérôme Lavrilleux. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Temps de lecture : 4 min

Dans son long plaidoyer larmoyant, Jérôme Lavrilleux, l'aide de camp de Jean-François Copé à l'UMP, avait affirmé pour justifier la prise en charge par l'UMP d'une partie des frais du candidat Nicolas Sarkozy en 2012 que le compte de campagne explosait et qu'il fallait donc trouver des "solutions". Ainsi surgit l'idée d'une double facturation. Une explication également avancée par Bygmalion pour justifier les factures exorbitantes de ses prestations. Alors que la loi sépare bien les comptes du candidat et ceux de son parti, l'idée aurait ainsi germé de faire prendre en charge par l'UMP via Bygmalion le surcoût prévisionnel des frais à engager pour faire élire le président sortant.

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Cette démonstration, si elle est séduisante pour ceux qui redoutent un retour de Nicolas Sarkozy, triumvirat en tête - ne résiste pas aux données chiffrées établies par Pierre Godet, l'expert-comptable signataire du compte de campagne pour l'Association de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy 2012 (AFCNS 2012).

Dans deux notes, récupérées par la financière de Nanterre et que Le Point.fr a pu consulter, le commissaire aux comptes, ancien du cabinet PwC, a effectivement adressé une mise en garde sur l'évolution des dépenses de campagne, l'une le 7 mars et l'autre le 26 avril, mais elles ne sont pas aussi alarmistes que le prétend l'homme-lige de l'ex-président de l'UMP. Surtout, l'expert-comptable recommande des solutions légales pour éviter un dépassement du plafond des dépenses autorisées. La première note est adressée au directeur de campagne du candidat Sarkozy ainsi qu'au président de l'AFCNS 2012. Au 7 mars 2012, le budget prévisionnel dépasse le plafond de 642 000 euros. Il suit les recettes et les dépenses grâce aux tableaux, factures et devis transmis par l'UMP, qui assure la comptabilité de la campagne.

Un risque de dépassement de quelques dizaines de milliers d'euros

Selon lui "cette situation impose : une stricte limitation des dépenses restant à engager (...) en particulier en ce qui concerne les dépenses de meeting, une renégociation dans la limite des prix du marché des contrats engendrant les coûts les plus importants (site internet...), une interdiction absolue d'engager toute dépense complémentaire par rapport aux dépenses budgétées...)". Pierre Godet connaît la machinerie électorale d'une campagne présidentielle, il avait déjà validé les comptes de Nicolas Sarkozy en 2007. "Il n'aurait jamais certifié des comptes qui auraient comporté une facture de 350 000 euros pour un meeting qui en vaut en réalité 90 000", explique un proche contacté par Le Point.fr.

La seconde note, en date du 26 avril 2012, donc après le premier tour de l'élection présidentielle, s'adresse directement à Nicolas Sarkozy ainsi qu'au président de l'AFCNS 2012. Selon les factures à disposition de l'expert-comptable, l'équipe ne pourra utiliser pour le second tour que "2 670 000 euros, il n'y a plus de marge de sécurité". Selon lui, ce sont les meetings de Villepinte et de la Concorde qui ont plombé les comptes. Il recommande à nouveau de faire des économies. Elles sont possibles au moins à hauteur de 600 000 à 700 000 euros. Il réitère son avertissement : si les dépenses dépassent le plafond autorisé, les frais de Nicolas Sarkozy ne seront pas remboursés. Là, également pour parvenir à l'équilibre, Pierre Godet élabore des pistes possibles d'économies.

Mais à aucun moment il ne fait état de factures qui creuseraient un trou de plusieurs millions d'euros comme Jérôme Lavrilleux a pu le déclarer récemment. Il n'évoque qu'un risque de dépassement de quelques dizaines de milliers d'euros. Il se base pour cela sur des informations comptables en provenance de l'UMP, et lorsqu'il établira les comptes de campagne en date du 28 juin 2012, il le fera à partir des éléments que lui fournit la direction financière et administrative de l'UMP, qui a centralisé toutes les factures de la campagne présidentielle.

Des comptes qui finiront par être invalidés en partie par la Commission des comptes de campagne et par le Conseil constitutionnel, notamment parce que les Sages ont décidé de comptabiliser des meetings et réunions qui s'étaient déroulés avant le début de la campagne officielle. Pour le même type de procédé établi lors de la précampagne de 2007, les comptes avaient été validés cinq ans plus tôt par le Conseil constitutionnel.

Ces notes démontreraient que les fausses factures ne concernent que l'UMP, ou plutôt Bygmalion et l'UMP... En d'autres termes, si ces fausses factures n'ont pas "couvert" des dépassements imaginaires de campagne de Sarkozy, à quoi ont-elles servi ?

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Commentaires (119)

  • yoyo2a

    A Tous ceux qui s'égosille à tort et à travers il faut rappeler les faits et seulement les faits.
    Pour l'instant il n'y pas de liens prouvés entre l'affaire Bygmalion et le financement de la campagne de 2012. Seul des affirmations d'organes de presse pour certains non objectif, renseignés par, à l'évidence, des personnes ayant pour intérêt de nuire à l'ex-président (membres l'UMP dont les motivations sont pour le moins teintées de mauvaises fois et/ou du fameux cabinet noir de l’Élysée en rapport avec les juges et la magistrature, tous deux ayant les même intérêts quant à empêcher un éventuel retour de Sarkozy) et des insinuations de membres de Bygmalion qui cherche à ce défausser sur justement le financement de cette campagne (phénomène à la mode ces temps-ci) à des fin de diversion politique Manœuvrant ainsi pour attirer les juges vers une autre direction que celle de l'escroquerie visant à dissimuler un enrichissement personnel. Le seul fait concret est l'invalidation plutôt partial et inéquitable par la commission de contrôle des comptes de campagne puis du conseil constitutionnel dont la décision est elle aussi imprégnée de vengeance et de revanche politique.

  • yoyo2a

    A Tous ceux qui s'égosille à tort et à travers il faut rappeler les faits et seulement les faits.
    Pour l'instant il n'y pas de liens prouvés entre l'affaire Bygmalion et le financement de la campagne de 2012. Seul des affirmations d'organes de presse pour certains non objectif, renseignés par, à l'évidence, des personnes ayant pour intérêt de nuire à l'ex-président (membres l'UMP dont les motivations sont pour le moins teintées de mauvaises fois et/ou du fameux cabinet noir de l’Élysée en rapport avec les juges et la magistrature, tous deux ayant les même intérêts quant à empêcher un éventuel retour de Sarkozy) et des insinuations de membres de Bygmalion qui cherche à ce défausser sur justement le financement de cette campagne (phénomène à la mode ces temps-ci) à des fin de diversion politique Manœuvrant ainsi pour attirer les juges vers une autre direction que celle de l'escroquerie visant à dissimuler un enrichissement personnel. Le seul fait concret est l'invalidation plutôt partial et inéquitable par la commission de contrôle des comptes de campagne puis du conseil constitutionnel dont la décision est elle aussi imprégnée de vengeance et de revanche politique.

  • jerembyjerem

    Mais ou est donc passé le donneur de leçons qui a pourtant courageusement porter sa candidature et gagné un énorme ville de 1000 habitants aux dernieres municipales. Ou donc est donc passé ce représentant de la droite forte qui en guise d'illustration d"efficacité territoriale, se fait alir pour la permiere fois dans un commune de 1000 habitants. Ou est donc passé ce formateur de l'ump a tarif high cost qui pourtant semblait avoir les clés de toutes les stations radios et de tous lesp lateau télés, il ya encore 6 mois avec son acolyte de la droite forte ? Les journalistes n'ont pas encore la curisoté d'aller l'interviewer ? Ne sont ils disponibles que lorsque ce membre de l'ump consent a venir faire son numero ? Pourtant il ya eu des européennes, l'affaire bymallion, maintenant le pret de 3 millions. Il a surement des tas de choses a dire sur la gestion de la dépenses publique, l'ethique et le courage politique, ce cher Guillaume Pelletier.