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Rugby

Rugby : les Bleus encaissent 5 essais

Pour le troisième match de la tournée d'été contre l'Australie, le XV de France essuie une troisième défaite.
par Hervé MARCHON
publié le 21 juin 2014 à 10h07

Evidemment, les Bleus ont perdu. 20 à 6 à la mi-temps, la messe était déjà dite. On multiplie ce score par deux et on obtient celui affiché sur le panneau du stade de Sydney au coup de sifflet final: 39-13. Cinq essais encaissés contre un marqué. On n’en attendait pas moins de ce match, le troisième d’une tournée d’été qui tourne à la déroute pour le XV de France. Trois matchs, trois défaites sans éclats, sans lustre, sans sursaut.

A Brisbane, il y a deux semaines, on s’était demandé où était passée la défense française tant les Bleus avaient encaissé d’essais (7 au total). A Melbourne, la semaine dernière, on avait cherché partout l’attaque française incapable de marquer le moindre point. Aujourd’hui à Sydney, les Français n’avaient ni attaque ni défense. Ils ont produit un match conforme à leurs standards internationaux: une pénalité encaissée dès la première action de jeu de leurs adversaires, un essai dans les 10 premières minutes (par le monstre Skelton pour sa première sélection), un carton jaune qui permet aux Australiens en supériorité numérique d’en marquer un second, quelques points marqués sur pénalité pour entretenir un semblant d’illusion. Et au retour des vestiaires, comme de coutume, un essai aussitôt encaissé, le troisième des Australiens (par Folau) qui n’en demandaient pas tant.

Car si les Français ont été insipides, maladroits et ennuyeux, les Australiens n’ont pas été plus séduisants. Pénalisés en mêlée, auteurs d’en-avants, ils ont d’abord navigué devant la défense française en enchaînant de multiples temps de jeu sans génie, comme ils savent si bien le faire depuis 20 ans, avant de profiter en seconde mi-temps des espaces béants que leur ont laissés les Bleus, moins attentifs, pour s’engouffrer dans la défense. Comme Hooper à l’heure de jeu qui perce plein centre après une touche et marque le 4e essai de son équipe.

En face les Français, les mains sur les hanches, regardent le demi d’ouverture passer la transformation. Les Bleus sont fatigués, rincés après une longue saison. Ils mettront un peu de jus, cinq minutes plus tard, dans un maul joué après une touche pour marquer leur seul essai du match (par Guirado) et sauver un honneur bien mal en point. Les critiques pleuvent sur les Bleus depuis la première défaite australe.

Car en Australie, les Français n’ont jamais pu faire croire qu’ils pouvaient gagner. La faute à l'entraîneur, sans inspiration. La faute au long voyage, fatigant. La faute aux joueurs, sans orgueil. Et puis, la faute à notre championnat, le meilleur de la planète, qui empêcherait le jeu du XV de France de se développer, tant il accapare et fatigue les internationaux, tant il développe un rugby de défense quand l’équipe nationale aurait besoin d’un rugby d’attaque. Il y a sans doute une part de vérité dans cette analyse.

Mais c'est oublier que le Top 14 abrite des équipes (Montpellier, Toulouse, Clermont, Bordeaux-Bègles) qui ont pour fond de jeu le rugby de mouvement. C'est oublier aussi que le championnat de France permet aux joueurs français de se confronter, sans être ridicule, aux meilleurs joueurs du monde. Enfin il ne faut pas oublier que depuis qu’elles existent, c’est-à-dire depuis le début du siècle dernier, les tournées d’été dans l’hémisphère sud n’ont jamais été faites pour gagner mais pour créer des exploits que les anciens se racontent sur le ton du mythe. Une victoire arrachée de-ci de-là par un essai du bout du monde. On compte ces matchs de légende sur les doigts de deux mains. Cette année, il n’y a pas eu de miracle.

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