ECONOMIE Bilan emploi du Pacte : 60 000 chômeurs !

C’est le ministère des Finances qui le reconnaît : le cocktail « baisse des charges sur les entreprises » et « réductions des dépenses » détruit plus d’emplois qu’il n’en crée !
Francis Brochet - 22 juin 2014 à 05:00 | mis à jour le 22 juin 2014 à 07:00 - Temps de lecture :
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« Un impact récessif sur la croissance de 0,7 % par an en moyenne entre 2015 et 2017 ».   Photo DL/Stephane Marc
« Un impact récessif sur la croissance de 0,7 % par an en moyenne entre 2015 et 2017 ». Photo DL/Stephane Marc

Créer des emplois : c’est l’objectif du Pacte de responsabilité et de solidarité, affirme le Premier ministre. Et il le redira sans doute demain à l’Assemblée, lors du débat sur le projet de loi de finances rectificative, qui porte une partie des mesures de ce Pacte.

C’est Mesange qui le dit

Le problème, c’est que le ministère des Finances dit le contraire : les baisses de charges et d’impôts du Pacte devraient certes créer environ 190 000 emplois à la fin 2017 ; mais les réductions de dépenses qui contribuent à son financement en supprimeront 250 000 dans le même temps. Le solde est donc négatif, avec la suppression de 60 000 emplois !

Ces chiffres proviennent de la direction du Trésor et son modèle d’évaluation Mesange. Ils sont publics depuis la mise en ligne, hier, du rapport de Valérie Rabault (PS, Tarn-et-Garonne) sur le projet de loi de finances rectificative.

« Effet récessif »

Le Pacte, écrit Valérie Rabault, aurait « pour effet de rehausser l’activité de 0,6 point à l’horizon 2 017 et de créer 190 000 emplois ». Cela pour la partie positive, les baisses de charges et d’impôts. Reste l’autre face du Pacte, les 50 milliards de réductions de dépenses de l’État, des collectivités locales et de la protection sociale : ils auraient « un impact récessif sur la croissance de 0,7 % par an en moyenne entre 2015 et 2017, et pourraient entraîner la suppression de 250 000 emplois à l’horizon 2017 ».

La rapporteure générale Valérie Rabault affirme qu’elle « soutient le gouvernement ». Mais elle réclame de veiller aux « contreparties » demandées aux entreprises en termes d’emplois, et de mieux doser le cocktail de « mesures d’économies et mesures de relance ».

41 frondeurs… et plus ?

Autant d’arguments pour les « frondeurs », qui contestent depuis deux mois le déséquilibre du Pacte : trop pour l’offre, pas assez pour la demande. Dans cet esprit, ils proposent par exemple avec Jean-Marc Germain un effort sur les emplois d’avenir ou sur les investissements, quitte à diminuer le volume de baisses des charges – en vain, pour l’instant.

La fronde avait fédéré, fin avril, 41 députés socialistes, qui s’étaient abstenus sur le plan d’économies défendu par Manuel Valls. Le Premier ministre s’est depuis juré de réduire leur nombre au minimum sur les deux textes de lois qui portent ce Pacte : le projet de finances rectificative (PLFR) présenté demain à l’Assemblée, et son équivalent sur la sécurité sociale (PLFRSS), qui arrive le lundi suivant. Mais il faudra retravailler l’argumentaire, si les experts du ministère des Finances continuent de dire que le Pacte fabrique des chômeurs…