Le Maire : «L'UMP n'est pas une secte, une bande ou un clan»

Interview. Bruno Le Maire, candidat déclaré à la présidence du grand parti de droite, veut avant tout en finir avec les vieilles pratiques -- et les travers -- de la politique.

Le Maire : «L'UMP n'est pas une secte, une bande ou un clan»

    Ancien ministre, de Sarkozy et ex-bras droit de Villepin, le député Bruno Le Maire mène campagne à l'UMP sur le thème du renouveau.

    Comment le gouvernement a-t-il géré le conflit à la SNCF ?

    BRUNO LE MAIRE. Il n'a pas géré le conflit ! Et le projet de loi qui sera soumis au vote mardi ne résout pas les problèmes. Il conforte le statut des cheminots alors que, si nous voulons avoir une entreprise ferroviaire plus compétitive et qui, demain, crée des emplois, il faut mettre fin à ce statut. Je suis opposé à ce texte et je voterai contre.

    Le triumvirat Juppé-Fillon-Raffarin peut-il remettre l'UMP sur les rails ?

    La mission principale du triumvirat, c'est de préparer dans les meilleures conditions le congrès de l'automne. Je souhaite que l'élection du prochain président de l'UMP soit rigoureusement l'inverse de ce qu'a été l'élection de 2012. Cela ne doit pas être une guerre des chefs, mais un vrai débat de projets et le choix par les militants de celui qui dirigera le parti dans les années qui viennent.

    Pourquoi êtes-vous candidat à la présidence du parti ?

    Je suis candidat pour porter un projet de renouveau. C'est ce que veulent les militants et c'est la condition de la victoire pour la droite lors des élections à venir. Renouveau dans les pratiques politiques, dans les idées, dans les visages qui incarnent le parti. Cela suppose aussi de reconnaître nos erreurs passées.

    C'est-à-dire ?

    Nous avons profondément déçu dans ce que nous avons fait, comme dans la manière dont nous nous sommes comportés. Nous ne retrouverons de la crédibilité que si nous retrouvons de la dignité. Un parti, ce n'est pas une secte, une bande ou un clan. Il faut retrouver le sens de l'intérêt général.

    Concrètement, comment peut se traduire ce renouveau ?

    L'UMP doit donner des responsabilités aux jeunes qui se sont battus aux municipales et ont remporté des victoires formidables sur tout le territoire. Je refuse que le seul parti qui attire massivement les jeunes soit le FN. Le renouveau, c'est en finir avec les vieilles habitudes, faire une place plus importante aux femmes. Nous avons aussi besoin de renouer avec les Français les plus modestes. Le renouveau, c'est retisser le lien entre la base de l'UMP et ses dirigeants.

    Comment rétablir cette confiance ?

    Si nous voulons à nouveau faire envie, incarner cette ouverture et retisser le lien de confiance qui a été rompu, nous devons d'abord prendre des mesures fortes en matière de transparence financière. Cela veut dire mettre en place une commission indépendante qui rendra des comptes régulièrement sur toutes les dépenses de l'UMP. Je propose aussi une commission d'appels d'offres pour les contrats d'un montant significatif de façon à éviter tout copinage.

    Sur la ligne politique, êtes-vous pour un rapprochement avec les centristes ou pour une droite décomplexée ?

    Le plus urgent, c'est de dire ce que nous proposons. Le projet UMP reste trop confus. Depuis 2012, mon diagnostic est le même : le vieux système est mort. Nous devons donc bâtir un nouveau modèle français en rétablissant l'autorité de l'Etat en matière de sécurité et de justice, en donnant toute liberté à nos entrepreneurs accablés de règles et de charges et en faisant de l'éducation le grand combat de la droite.

    Nicolas Sarkozy dit lui aussi qu'il faut tout changer, réinventer le modèle démocratique français...

    C'est un bel hommage de Nicolas Sarkozy au combat que je mène depuis plusieurs années ! Mais le renouveau politique, ce sont des actes : en démissionnant de la fonction publique, en refusant de cumuler mon mandat de député avec un mandat de maire, je fais ce renouveau. La politique pour moi, c'est moins de paroles et plus de décisions ; moins de discours et plus de résultats.

    Irez-vous au bout de votre candidature, même si Sarkozy y va ?

    Oui, ma détermination est totale.

    Approuvez-vous Xavier Bertrand, qui juge que ceux ayant pris part à la campagne présidentielle de 2012 devraient rester à l'écart ?

    Chacun est libre de présenter sa candidature pour que les militants aient vraiment le choix.

    Ceux qui brigueront la présidence de l'UMP doivent-ils s'engager à ne pas être candidats aux primaires ?

    La question des primaires n'est pas à l'ordre du jour. Ne renouvelons pas la même erreur qu'en 2012. S'il y a eu une guerre des chefs, c'est parce que nous avons confondu l'élection du président de l'UMP et la désignation du candidat à la présidentielle.

    Ces primaires devront avoir lieu quoi qu'il arrive ?

    Oui. Les primaires auront lieu parce que les militants les ont voulues.