Le milieu algérien Yacine Brahimi (d) célèbre son but avec son capitaine Madjid Bougherra ainsi que Rafik Halliche (g) et Islam Slimani (2e g), également buteurs lors de la victoire contre la Corée du Sud (4-2), le 22 juin 2014, à Porto Alegre

Après la victoire de l'Algérie dimanche, des internautes d'extrême-droite ont accusé, à tort, des supporters des Fennecs d'avoir brûlé une église à La Duchère (Lyon).

afp.com/Pedro Ugarte

Cela devient une habitude. A chaque match de l'équipe d'Algérie dans la Coupe du monde 2014, les réseaux d'extrême droite s'affolent... Et relaient de fausses informations sur des prétendus débordements de supporters algériens qui habitent en France. Le Monde en avait fait une première liste après le match contre la Belgique. Et la rencontre de dimanche face à la Corée du sud (4-2) a donné lieu à une nouvelle salve d'intox de la part des sphères radicales. L'Express démêle le vrai du faux.

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1. Fausse rumeur d'incendie d'église à la Duchère

Peu après le coup de sifflet final dimanche, des tweets ont indiqué qu'une église aurait brûlé dans le quartier de la Duchère, à Lyon. Message notamment relayé par le Bloc Identitaire et des sites proches de l'extrême-droite.

Sauf que l'église en question n'a pas brûlé, comme l'ont signalé plusieurs internautes sur les réseaux sociaux. Une église a en revanche bien été incendiée à la Duchère... mais en 2006 (et sans aucun rapport avec un match de l'Algérie).

Contactés par L'Express, les services de police du Rhône confirment qu'il s'agissait d'une fausse information. Ils indiquent en revanche que des incidents ont bien eu lieu dans la soirée dans l'agglomération lyonnaise:

  • à Vaulx-en-Velin", un supermarché Casino aurait été saccagé par une vingtaine de personnes. Les dommages sont estimés à 8000¤
  • à Givors, des "violences volontaires sur agents des forces publiques" ont été constatées. Il s'agissait de supporters à l'arrière de voitures qui ont utilisé des pointeurs lasers sur des policiers
  • des actes de vandalisme ont également été constatés dans le quartier de la Guillotière. Une personne a été interpellée pour outrage à personnalité dépositaire de l'autorité publique
  • rien à signaler, en revanche, à La Duchère

Un bilan plus précis est attendu dans la matinée.

2. Barbès et les Champs-Elysées "en feu"?

Autre rumeur largement diffusée sur Twitter: "de nombreux incidents", "violents", auraient éclaté au sein de la capitale. Des scènes de liesse de supporters au rythme des "one, two, three, viva l'Algérie" ont bien été constatées sur place.

Qu'en est-il des débordements? Il n'y a "pas eu d'accidents ou incidents particuliers à déplorer", indique la préfecture de police à L'Express. Les forces de l'ordre ont procédé à 7 interpellations en lien avec ces rassemblements à Paris et une quinzaine dans l'agglomération, pour des vols ou des outrages à agents. Dans le détail, elle a relevé:

  • à Barbès: 900 supporters qui ont célébré la victoire des Fennecs dans une "ambiance festive", pas d'incidents
  • sur les Champs-Elysées: des centaines de supporters et groupes qui ont perturbé la circulation, pas d'événements particuliers là non plus
  • autour de Paris, la préfecture a recensé quelques feux de poubelles et des policiers pris à partie, sans qu'il n'y ait eu d'incidents particuliers là-aussi

3. Vrais incidents et théorie du complot

Sur Twitter, plusieurs responsables du Front National n'ont pas attendu d'en savoir plus sur la réalité des débordements pour s'indigner, à l'instar de Marion Maréchal-Le Pen.

Certains, comme Antoine Mellies, conseiller municipal FN de Givors (Rhône), se demandent même si les médias n'auraient pas volontairement choisi de taire les débordements qui ont eu lieu dimanche soir.

Dans les faits, la presse régionale a bien pointé des incidents, notamment "une dizaine de voitures" incendiées à Grenoble, selon Le Dauphiné Libéré. Ou "une vingtaine de feux de voitures" et des "vitrines cassées" à Roubaix, rapporte Nord Eclair. Et ainsi de suite.

Des débordements regrettables, mais moins spectaculaires que l'ont laissé entendre certains responsables d'extrême-droite.


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