C’est dans l’aéroport parisien de Charles de Gaulle que se trouve le hub le plus puissant d’Europe, mais aussi le troisième au niveau mondial. Exploité par la compagnie aérienne française, Air France, c’est près de 25.000 opportunités de correspondance qui sont offertes aux voyageurs entre long et moyen courrier, et ce, en moins de deux heures. Une organisation du trafic en étoile qui permet à des voyageurs venant de Tunis ou de Hong Kong de rejoindre les grandes capitales européennes via une correspondance à Paris. Reportage.

C’est un voyage express entre Tunis et Londres, via une correspondance à Paris qu’une équipe de journalistes a effectué les 10 et 11 juin courant. Tunis-Paris, Paris-Londres, Londres-Paris et Paris-Tunis en 48 heures, ce voyage avait des airs de périple et, pourtant, faire sa correspondance dans le plus grand hub d’Europe peut bien faciliter les choses.
Roissy Charles de Gaulle est une véritable petite ville en Ile de France. Avec 3.200 hectares, l’aéroport fait travailler quelques 90.000 personnes entre personnel de l’aéroport, des compagnies aériennes, des restaurants, cafés, et boutiques, etc. L’aéroport est divisé en deux grandes zones : Roissy-nord et Roissy-sud, formant ainsi deux aéroports réunis en un seul. Chacun disposant de sa propre tour de contrôle. Roissy CDG possède trois terminaux et quatre pistes, deux pour l’atterrissage et deux pour le décollage. Ce qui en fait le plus grand aéroport de toute l’Europe avec une capacité d’évolution avoisinant le double de son trafic quotidien.
Aujourd’hui, plus de 54 % des vols long-courrier au départ d’Europe sont concentrés sur quatre principales plateformes : Londres, Francfort, Amsterdam et Paris-Roissy. De nombreux parcours aériens ne peuvent, pour des raisons de volume de trafic et de rentabilité trop faibles, être effectués qu’en changeant au moins une fois d’avion. Pour aller de Tunis à Londres, par exemple, le passager est obligé de transiter par Paris.



Plus de 60% des passagers de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle voyagent sur des vols Air France et sur ceux de ses partenaires membres de l’alliance SkyTeam, selon les chiffres de l’année 2011. Face à un tel trafic, une grande difficulté réside dans la synchronisation parfaite des arrivées et des départs, notamment, des voyageurs en correspondance. En effet, entre 52% et 60% des clients d’Air France effectuent une correspondance dans l’aéroport CDG et plus précisément dans le hub de la compagnie aérienne.
Terme anglais, signifiant « moyeu », le hub est le lieu où arrivent et d’où partent les rayons d’une roue. Ce modèle d’organisation aéroportuaire offre aux passagers la possibilité de voyager d’un point à l’autre de la planète en passant par une seule plateforme de correspondances. Ainsi, on optimise les liaisons de et vers les villes secondaires, dont les flux de passagers intercontinentaux sont faibles et ne justifient pas l’ouverture de vols directs, en faisant converger toutes les liaisons vers une plateforme unique.
 


Le Hub de Roissy-CDG2 est un des premiers atouts d’Air France. Il permet à la Compagnie de « drainer », via Paris, les trafics en correspondance moyen-courrier / long-courrier. Les vols sont organisés en 6 plages de rendez-vous, chacune constituée d’une vague d’arrivées et d’une vague de départs, cadencées pour permettre un maximum de correspondances dans un délai le plus court possible. Chaque jour, entre 900 et 950 vols passent par le hub et la compagnie accueille quotidiennement 100.000 voyageurs.

En amont, une concentration d’arrivées long courrier d’Asie, Amérique, Afrique, etc. et en aval, des courts et moyens courriers qui quittent CDG pour des destinations proches telles que les pays d’Europe, du Maghreb, etc. Chaque matinée, en à peine une heure, près de 25-30 avions long courrier Air France arrivent à l’aéroport CDG. Et chaque matin, près de 60 vols moyen courrier le quittent. L’avantage, permettre une multiplication des destinations desservies par une même compagnie aérienne à partir d’un aéroport de départ. Les voyageurs en correspondance passent par un enregistrement unique avec des bagages transférés à destination finale et effectuent des transits rapides. En effet, le « minimum connecting time », ou temps minimum de correspondance, à savoir le délai entre le premier atterrissage et le second décollage, est de 45 minutes. De quoi offrir au voyageur juste le temps de faire un tour dans les nombreux magasins duty free et de se reposer aux salons de la compagnie française avant d’attraper son deuxième vol. Des bénéfices pour le voyageur, pour la compagnie aérienne mais aussi pour l’aéroport.

Ce processus, calculé à la minute près est décrit comme une véritable symphonie, par Jean Paul Claret, Responsable de la Communication du Hub de Roissy. Une symphonie bien orchestrée dans laquelle le centre de contrôle du hub serait le chef d’orchestre. Dès que l’avion arrive, le compte à rebours a déjà commencé, « il faut que l’avion parte à l’heure, dans la sécurité et la sûreté », dit-il.
Le centre de contrôle du Hub (CC Hub) accueille sur un plateau unique 100 collaborateurs réunis dans ce centre de pilotage de l’exploitation. L’objectif : optimiser la ponctualité et la réussite des correspondances grâce, entre autres, à un travail d’anticipation. Le CC HUB optimise également la gestion des flux passagers et bagages, en accélérant par exemple les correspondances critiques et en surveillant la fluidité des parcours clients en partenariat avec Aéroports de Paris et la Police aux Frontières.



La compagnie aérienne française ambitionne de réaliser un taux de réussite des correspondances proche des 100%. Pour ce, elle mise sur trois points : le minimum connecting time, l’infrastructure des aéroports et la sûreté. En effet, en 2012, Air France a fait « cap à l’est ». Depuis, tous les vols Air France et ceux de ses partenaires de la Sky Team opèrent dans le côté est de Roissy2. Parmi les nouvelles infrastructures ouvertes dans le cadre de Hub 2012, la première des réalisations et l’une des plus importantes est l’achèvement du S4, le nouveau satellite du terminal 2E. Cette nouvelle zone permet à Air France de concentrer son activité à l’est de la plate-forme et d’offrir à ses passagers des circuits de correspondances plus simples et plus rapides étant sur un périmètre très restreint.

Entièrement consacré aux vols long-courriers et aux avions gros porteurs, le S4 constitue un lieu stratégique pour accueillir le plus grand salon d’Air France. Un espace de 3.000 m² consacré à la détente des voyageurs, abritant un véritable musée exposant des œuvres nationales françaises mais aussi une galerie marchande, parfaite reproduction de l’Avenue Montaigne aux Champs Elysées de Paris.



En matière de sûreté il est important de savoir, qu’à l’intérieur de l’espace Schengen, il existe une loi qui impose un contrôle unique. Il s’agit de l’IFUPPC : inspection-filtrage-unique-passager-bagage-cabine. Autrement dit, lors d’une correspondance à l’intérieur même de la zone Schengen, les voyageurs ne sont plus obligés de repasser les contrôles. Les deux ailes du terminal F sont entièrement dédiées aux 16 millions de voyageurs qui, chaque année, débarquent en provenance ou décollent à destination d'un aéroport de l'espace Schengen.
Pour les vols internationaux, hors espace Schengen, tel est le cas de la Tunisie, les voyageurs s’enregistrent au hall E, auprès de l’un des 100 comptoirs, ou 50 bornes en libre-service. Selon leur destination, ils sont alors dirigés vers les jetées d’embarquement des halls K, L ou M. Pour faciliter le déplacement de voyageurs, des pictogrammes ont été installés dans tout l’aéroport afin d’éviter aux voyageurs arrivant de tous les coins du monde, de reconnaître facilement les ascenseurs, terminaux, lieux de restauration, de repos, etc. et ce indépendamment de la langue qu’ils parlent.



Le Hub de Paris Charles de Gaulle permet de rendre de nombreuses destinations accessibles, quel que soit la ville de départ. Ainsi, à partir de l’aéroport Tunis-Carthage, les voyageurs peuvent faire en correspondance vers de très nombreuses destinations, partout dans le monde. Depuis Tunis, Air France-KLM permet de rejoindre 10 aéroports britanniques et irlandais avec une seule correspondance à Paris-Charles de Gaulle. Au total, ce sont 127 vols par semaine qui sont assurés depuis Tunis vers le Royaume Uni et l’Irlande en plus de nombreuses autres destinations.