[Exclusif] C'est un chèque qui plonge l'UMP dans l'embarras. Un chèque directement lié à la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, et qui n'était pas forcément légal. En arrivant le 16 juin, la nouvelle direction du parti, emmenée par François Fillon, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, découvre que l'UMP a signé, à la fin de 2013, un chèque à l'ordre du Trésor public. Quel est l'origine de ce versement? A la suite du rejet du compte de campagne de l'ancien président, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) avait imposé au candidat de verser au Trésor public une somme égale au montant du dépassement, à savoir 363 615 euros. Le 4 juillet 2013, confirmant cette décision, le Conseil constitutionnel indique que ce versement "présente le caractère d'une sanction".

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Or c'est l'UMP qui paie. Son avocat, Maître Philippe Blanchetier, a assuré à la direction précédente, dans une note écrite, que la prise en charge de la sanction par l'UMP était conforme au droit. "La pénalité personnelle n'est pas une amende, c'est une sanction administrative, explique-t-il aujourd'hui à L'Express. De plus, lorsque la collecte [le fameux Sarkothon] a été lancée, il a toujours été fait état d'un montant de 11 millions, qui incluait cette pénalité. Chacun a donné en connaissance de cause."

L'UMP avait-elle le droit de payer pour Sarkozy?

Mais Philippe Blanchetier n'est pas seulement le conseil de l'UMP. Le collège transitoire découvre qu'il est aussi l'avocat de Nicolas Sarkozy, qu'il faisait partie de l'Association de financement de sa campagne en 2012 -et qu' il est, en outre, le trésorier de l'Association des amis de Nicolas Sarkozy. "Conflit d'intérêt"? Depuis dix jours, la troïka de l'UMP, ainsi que le secrétaire général Luc Chatel, se posent ouvertement la question.

Le mardi 24 juin, les quatre hommes réabordent ce sujet si sensible. Une note complémentaire a été demandée à Me Blanchetier. Elle ne convainc pas tout le monde, notamment pas François Fillon. Qui sollicite une autre consultation juridique. Cette fois, la conclusion est très différente: l'UMP n'avait pas le droit de se substituer à Nicolas Sarkozy pour régler cette "sanction". "Nous ne voulons pas assumer la responsabilité juridique de cette décision, prise sur une base qui n'était pas forcément exhaustive, pertinente et objective, prévient un proche de la nouvelle direction. Car si l'UMP n'avait pas le droit de payer, il y a eu abus de confiance." A la lecture de cette nouvelle consultation juridique, Alain Juppé rejoint François Fillon sur ses positions, quand Jean-Pierre Raffarin privilégie une solution d'apaisement.

Trois jours pour s'entendre

Le temps presse. Si l'UMP ne livre pas ses comptes certifiés à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques avant lundi 30 juin, elle perd sa dotation publique. Ce vendredi matin, aucun accord n'existe entre François Fillon, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin. L'envoi d'une lettre à la CNCCFP -précisant que l'UMP a payé cette pénalité sur la base d'un argumentaire juridique, mais que la nouvelle direction dispose désormais d'une autre analyse juridique contradictoire- est à l'étude, mais les trois membres du collège s'accorderont-ils pour la signer? Ou l'UMP acceptera-t-elle de déclarer dans ses charges de l'exercice 2013 ces 363 615 euros sur lesquels plane un doute juridique?

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