Former President of the National Assembly Bernard Accoyer (R) shakes hands with French Union for a Popular Movement (UMP) party's general secretary Jean-Francois Cope (L) after his speech during a meeting on August 2, 2012 in Sallanches, southeastern France.  AFP PHOTO / PHILIPPE DESMAZES

Bernard Accoyer et Jean-François Copé ont tous les deux détruit la comptabilité du groupe UMP quand il en ont quitté la présidence.

AFP/Philippe Desmazes

[Exclusif] Un témoin a vu une bonne partie de la comptabilité du groupe UMP à l'Assemblée défiler depuis 2004. Mais il ne parlera pas, et pour cause... c'est une broyeuse. "La tradition veut que le président du groupe détruise les documents au moment de quitter ses fonctions", confie à L'Express une collaboratrice UMP. L'audit annoncé après la révélation d'un prêt de 3 millions d'euros accordé par Christian Jacob à son parti et actuellement mené par Gilles Carrez, Etienne Blanc et Jean-François Lamour ne pourra donc pas se pencher sur les présidences Accoyer (2004-2007) et Copé (2007-2010).

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Le maire de Meaux est dans le viseur de plusieurs députés UMP qui souhaiteraient résoudre l'équation suivante: comment la cagnotte du groupe a pu passer de 10,6 millions d'euros après la présidence Accoyer à 6 millions d'euros au départ de Jean-François Copé en novembre 2010 quand Christian Jacob aura lui dégagé un excédent de 500 000 euros à la fin de cette année? Un mystère d'autant que sous Copé, on comptait plus de 310 députés affiliés à l'UMP et autant de cotisations versées au groupe. Ils sont aujourd'hui un peu moins de 200.

Une tradition qui remonterait à "la nuit des temps"

Cette question risque de rester sans réponse, à moins de se lancer dans des fouilles archéologiques. La destruction de la comptabilité remonterait à "la nuit des temps", assure un ancien collaborateur. Avant même la création de l'UMP en 2002.

Deux ans plus tard, en mai 2004, le président du groupe, Jacques Barrot a pourtant dérogé au rituel de la déchiqueteuse, en transmettant les livres de compte à son successeur. Il faut dire que Bernard Accoyer était alors son vice-président et que les deux hommes travaillaient main dans la main.

En juin 2007, la situation est radicalement différente. Nicolas Sarkozy vient d'être élu à l'Elysée, l'UMP a remporté les législatives et Jean-François Copé prend le contrôle du groupe à l'Assemblée, bien décidé à en faire sa base arrière. La passation de pouvoir se déroule lors d'un déjeuner en tête-à-tête à l'auberge D'Chez Eux, dans le VIIe arrondissement. A partir de là, les versions divergent.

"Accoyer affirme d'emblée qu'au nom de l'indépendance du fonctionnement du groupe politique, il a détruit la comptabilité et que son successeur fera la même chose", jure-t-on chez Copé. Faux, répond l'entourage de l'ancien président de l'Assemblée: "Copé a demandé s'il y avait des liquidités au sein du groupe." Bernard Accoyer n'a en tout cas conservé qu'un seul document, le relevé bancaire des réserves du groupe en 2007, preuve qu'il restait en caisse 10,6 millions d'euros.


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