Voilà un rapport dont Ségolène Royal se serait bien passée. Une semaine après la présentation par la ministre de l'écologie d'un important volant de mesures en faveur des voitures électriques, la Chambre régionale des comptes (CRC) d'Aquitaine révèle le gouffre financier qu'a creusé le soutien « important et inconditionnel » de l'ancienne présidente du Poitou-Charentes à un projet de voiture électrique qui a tourné au fiasco.
Parmi les 80 millions d'euros que la région a consacré, entre 2008 et 2010, au développement économique du territoire, figure en bonne place l'installation d'une production de véhicules électriques par le biais de la société Eco & mobilité. Celle-ci est dès 2009 et à plusieurs reprises, en grande difficulté financière. Toutefois, l'entreprise bénéficie « par tous les moyens possibles » du soutien de la région, souligne la CRC.
Prise de participation, recapitalisation, avances, prêts... l'exécutif de la région utilise tous les leviers dont il dispose pour maintenir à flots le projet industriel cher à Ségolène Royal. La perfusion financière cesse néanmoins : le 15 mai 2012, la PME est mise en liquidation.
LES LARGESSES DE LA RÉGION
Combien des milliers d'euros d'argent public a coûté l'aventure électrique de la région Poitou-Charentes ? Les magistrats demeurent pour le moins circonspects : «Le bilan des aides qui ont été octroyées à Eco & mobilité reste imprécis. » La montée en puissance de la participation de la région date de 2009, avec la transformation de 750 000 euros de prêts apportés par le fonds d'investissement de la région valorisé sous forme d'actions dans Holding ELV, actionnaire unique d'Eco & mobilité. En 2010, la holding et sa filiale, toujours en grande difficulté, fusionnent. Le fonds d'investissement régional enregistre une perte de 382 000 euros et voit se réduire les perspectives de remboursement d'un emprunt de 350 000 qu'elle a accordé à ELV au début de la même année.
Toujours selon le rapport, Poitou-Charentes Innovation, le fonds abondé par la région, « a participé à la recapitalisation à hauteur de 1,2 million d'euros ». Outre une participation au capital, la région a également accordé plusieurs prêts et avances de montants considérables : 4 050 000 euros d'avances remboursables entre 2008 et 2010 et 175 000 euros de subventions d'équipement. En 2011, c'est 800 000 euros supplémentaires qui sont versés à Eco & mobilité. De nouvelles largesses alors que le bilan 2010 de la société confirmait « la réalité d'une situation très critique », souligne la CRC.
MANQUE DE TRANSPARENCE
Au final, les emprunts et les dettes que représentent les avances pèseraient à hauteur de 4,225 millions d'euros sur la région. Les prises de participations directes s'élèveraient à plus de 1,6 million et à 5,3 millions aux titres des avances et garanties accordées.
Enfin, et en prime de la déroute de l'aventure Eco & mobilité, le rapport souligne un manque de transparence de la région concernant sa situation économique : « Pour ce qui concerne les emprunts, les données communiquées au conseil régional ne lui permettent pas de connaître avec une précision suffisante les risques encourus dans le cadre des engagements pris par les gestionnaires de la collectivité. » En clair, aux mauvais choix stratégiques s'ajoute une gestion opaque. Un double blâme pour Ségolène Royal, présidente la collectivité de 2004 à avril 2014.
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