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Daniel Mermet : « Les dirigeants de Radio France ne sont plus des journalistes, mais des gestionnaires »

La direction de France Inter a annoncé la suppression de l’émission « Là-bas si j’y suis » animé depuis 1989 par Daniel Mermet qui exprime son désaccord avec cette décision

Le Monde

Publié le 27 juin 2014 à 18h15, modifié le 19 août 2019 à 14h50

Temps de Lecture 2 min.

Laurence Bloch, la directrice de France Inter, vous a annoncé, vendredi matin, que votre émission « Là-bas si j’y suis » ne serait pas reconduite à la rentrée. Quelle est votre réaction ?

Je suis consterné et j’estime que cette décision est une grande maladresse ! Les raisons avancées pour cette suppression sont fallacieuses. Laurence Bloch avance que l’audience a régulièrement baissé depuis des années. Or, lorsqu’en 1986, nous sommes passés de 17 heures à 15 heures, nous sommes descendus à 150 000 auditeurs. Selon les derniers sondages, nous en sommes à 450 000 auditeurs.

Par ailleurs, on me reproche mon grand âge. J’ai certes 70 ans, mais je ne suis pas frappé par la limite d’âge car je suis un intermittent du spectacle avec un renouvellement de mes CDD depuis 1976. J’ai une carte de presse depuis seize ans.

Enfin, il existe une équipe de cinq jeunes journalistes de 30 ans qui travaillent avec moi depuis des années et qu’il faut recycler. J’ai donc proposé qu’ils reprennent la tranche de l’émission et que je m’efface petit à petit pour qu’ils s’approprient de la ligne éditoriale. J’estime qu’il serait bien de garder le titre de l’émission qui est une image de marque très forte de France Inter. 

Quand devez-vous revoir la direction ?

Je revois Laurence Bloch ce week-end ainsi que Frédéric Schlesinger, le patron des antennes de Radio France, pour faire un dernier point. 

Votre émission, comme d’autres sur France Inter, n’a-t-elle pas trop vieilli ? Une nouvelle génération ne doit-elle pas prendre la relève ?

Peut-être, mais je crois surtout que c’est une décision politique. Je ne suis pas propriétaire de l’antenne mais je pense que derrière cet arrêt, il y a de la revanche, probablement des règlements de compte. De nombreux directeurs ont tenté de nous débarquer, mais ils n’y sont jamais arrivés.

Jean Cluzel, un des anciens PDG de Radio France qui ne cachait pas ses opinions de droite, m’avait dit à la veille des élections de 2007, qu’il fallait « rééquilibrer l’antenne politiquement ». Et puis, finalement nous avons survécu pendant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy !

Votre engagement et le soutien des auditeurs sont-ils vos meilleures protections ?

Peut-être… Mais, quand il était directeur d’Inter, Jean-Luc Hees [nommé PDG de Radio France en 2009 par Nicolas Sarkozy] nous a laissés tranquilles, même s’il n’était pas d’accord avec tout ce que l’on faisait. Et Hees n’a jamais été un gauchiste ! Seulement c’était un excellent journaliste qui avait fait ses classes aux Etats-Unis et estimait qu’il fallait laisser tout le monde s’exprimer. Même chose pour Jean-Marie Cavada, autre journaliste, qui, à la tête de Radio France, a tout fait pour que l’émission continue d’exister à l’antenne. Aujourd’hui, les dirigeants de Radio France ne sont plus des journalistes mais des gestionnaires.

Propos recueillis par Daniel Psenny

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