UMP : les élus rechignent à payer leurs cotisations

Seuls 20 % des 350 députés, sénateurs et eurodéputés du parti, pourtant en pleine crise financière, sont à jour de leurs cotisations.

UMP : les élus rechignent à payer leurs cotisations

    « Question solidarité, on a encore beaucoup de chemin à faire », soupire un député UMP en évoquant un vieux serpent de mer au parti : celui des parlementaires qui ne sont pas à jour de cotisations. « En interne, moins on en parle, mieux on se porte, c'est l'omerta ! » enfonce ce dernier, sous couvert d'anonymat, pour dénoncer un « vrai scandale ». Car le chiffre a de quoi interpeller : selon nos informations, 284 députés, sénateurs et eurodéputés rechigneraient à mettre la main à la poche, sur un total de 350 ! Soit seulement 66 bons élèves, même pas 20 % ! Un problème encore soulevé mardi dernier devant les ténors de l'UMP, dans le secret du bureau politique, par la juriste indépendante Anne Levade, présidente de la haute autorité du parti.

    A l'heure où le principal parti d'opposition est plongé dans une profonde crise politique et financière, que sa dette avoisine les 50 Mâ?¬, le sujet pose forcément question. Il n'est pourtant pas nouveau : « Vous n'imaginez pas à quel point c'est compliqué de courir après un député ou un sénateur qui n'est pas à jour de cotisations. Vous seriez même surpris d'apprendre qui figure sur la liste », nous expliquait il y a quelques semaines l'ancienne trésorière du parti, Catherine Vautrin, qui a quitté ses fonctions depuis le départ forcé de Jean-François Copé.

    Pas d'investiture aux sénatoriales sans cotisations à jour

    Pour les parlementaires, le régime de cotisations se divise en trois : l'adhésion annuelle à l'UMP (60 â?¬ pour un élu), la cotisation au groupe (250 â?¬ par mois prélevés directement sur l'indemnité représentative des frais de mandat), puis une cotisation mensuelle au parti comprise entre 150 et 250 â?¬ par mois selon le poids de la circonscription. « C'est la cotisation mensuelle au parti qui coince le plus », admet un haut gradé de l'administration UMP, qui a une partie de l'explication : « Après l'élection contestée de Jean-François Copé, en décembre 2012, beaucoup de députés fillonistes, ceux-là mêmes qui avaient menacé de faire sécession en créant leur propre groupe à l'Assemblée, le fameux R-UMP, ont clairement dit qu'ils ne souhaitaient pas donner leur argent à Copé. » Des députés d'autant plus circonspects qu'ils reprochaient au maire de Meaux de ne pas être transparent avec les comptes du parti. Côté Sénat, ce n'est guère mieux.

    Du coup, selon nos informations, la direction temporaire de l'UMP aurait décidé que les investitures des candidats aux prochaines sénatoriales, qui auront lieu en septembre, ne seront validées que si l'élu en question est à jour de cotisations. Vendredi dernier, dans nos colonnes, Luc Chatel, secrétaire général de l'UMP, a voulu mettre les points sur les i : « Au moment où nous demandons l'aide de nos militants, je demande aussi l'exemplarité. Je trouve normal que les élus, qui bénéficient du soutien de leur famille politique, puissent, dans les moments difficiles, faire preuve de solidarit?, a-t-il ainsi exhorté.

    Car dans un tel contexte, autant dire que la pilule passe mal du côté de la base : « Sur le terrain, les militants, les petits élus, les secrétaires départementaux sont vent debout. C'est un vrai sujet d'agacement, reconnaît un cadre. Surtout qu'on n'a pas cessé de les relancer ces derniers mois, notamment au moment du Sarkothon, pour qu'ils aident financièrement le parti. » Résultat, face à ce dilettantisme exprimé « par les élus d'en haut », les militants traînent des pieds pour adhérer ou renouveler leur carte, alors qu'il y a urgence. Fin novembre, seuls ceux qui seront à jour de cotisations pourront participer au vote.