Santenay, meursault, volnay, pommard… Les prestigieux vignobles de la côte de Beaune, en Bourgogne, ont été touchés samedi 28 juin par une pluie de grêlons qui se sont abattus comme des rafales de mitraillette. Au lendemain de ces orages, les viticulteurs constataient les dégats même si le « pire » a peut-être été évité grâce aux générateurs antigrêle. Pour tenter de protéger le sud de la Bourgogne, déjà touché par le phénomène les deux années précédentes, les viticulteurs ont en effet mis en place début juin une trentaine de générateurs à iodure d'argent, destinés à diminuer le nombre et la taille des grêlons.
Météo France avait placé samedi 32 départements sous vigilance orange en raison d'orages et de vents violents. Vers 16 h 30, la grêle est tombée en abondance en Côte-d'Or, sur un couloir s'étendant entre Santenay et Beaune, où poussent de prestigieuses appellations viticoles.
« DÉSOLATION » ET « DÉSESPOIR »
Dans ses vignes de Pommard, en Côte-d'Or, Jean-Louis Moissenet a décrit un paysage « désolant »: « Les raisins sont à terre, le feuillage est haché et les bois sont largement touchés. » Les pertes de récolte dans les parcelles sont comprises entre 50 % et 90 %, a-t-il estimé. « C'est même plus grave que l'année dernière », a déploré M. Moissenet. L'évaluation des dégâts prendra encore quelques jours, le temps que la vigne sèche et que les dommages soient plus visibles.
Même « désespoir » et même constat de « désastre » sur les pieds de vigne d'Anne Parent, viticultrice à Pommard également. « Les grêlons étaient moins importants que l'an dernier, leur taille variait entre celle d'un petit pois et d'une noix, mais ils étaient beaucoup plus nombreux : c'était de la mitraillette », a raconté la viticultrice. Après l'orage de grêle, qui a duré environ trois minutes, les feuilles de vigne recouvraient les routes, a-t-elle ajouté.
A Pommard, « tous les premiers crus sont ravagés et les appellations “village” sont très touchées », a-t-elle précisé, craignant des « conséquences sur les récoltes à venir », au-delà de celle de 2014.
DE LARGES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES
Le rendement de cette année s'annonçait pourtant comme allant « vers la normalité », avec un « bon état sanitaire », après un printemps agréable et un mois de juin chaud, selon Mme Parent. Pour M. Moissenet, « c'est une véritable catastrophe : on était parti sur une belle récolte et ça tombe à l'eau ».
Les viticulteurs s'accordaient dimanche à dire que les « conséquences économiques » de ce nouvel épisode de grêle toucheraient l'ensemble de la filière viticole dans la région ; certains domaines se trouvant dans des « situations très tendues ». « On est mal, on ne sait pas comment on va tenir le choc », a alerté M. Moissenet.
L'EFFICACITÉ DES GÉNÉRATEURS QUESTIONNÉE
Les dégâts « auraient peut-être été pires » sans l'action des générateurs, a assuré Thiébault Huber, président du syndicat d'appellation de Volnay et chargé de la mise en place de la protection antigrêle pour le sud de la Bourgogne.
Sans être remise en cause l'efficacité du dispositif est questionnée par les viticulteurs. « C'est très bien que ces générateurs existent, mais le cas d'hier démontre la limite du système », a estimé Mme Parent. « Peut-être qu'il n'y a pas suffisamment de générateurs, peut-être que ça ne monte pas suffisamment haut et peut-être faut-il envisager d'autres systèmes », s'est-elle interrogé, sans toutefois remettre en cause l'intérêt du dispositif à iodure d'argent.
Conscient que « ce dispositif est fait pour diminuer de moitié la grêle », M. Moissenet supposait : « Peut-être aurions-nous eu des grêlons plus gros sans ça ? »
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