Les prix des communications en Europe vont fortement baisser
Les prix de gros pour l’itinérance entre pays européens chutent plus vite que les prix de détail. L’Internet mobile coûte aujourd’hui 25 fois moins cher qu’il y a quatre ans.
Par Solveig Godeluck
« La Commission européenne vous offre un cadeau estival ! » Dans un communiqué paru la semaine dernière, Bruxelles s’adresse aux Européens dans un langage qui leur va droit au portefeuille. Le 1er juillet, de nouveaux plafonds tarifaires entrent en vigueur pour les communications internationales passées entre pays européens. Les prix de détail de cette itinérance (ou « roaming ») sont à peu près divisés par deux : moins pour la voix (le prix maximum d’un appel passé tombe de 24 à 19 centimes la minute) et les SMS (de 8 à 6 centimes), mais plus pour l’Internet mobile (45 à 20 centimes le mégaoctet).
Coupe du Monde
Grâce à cette baisse rapide du prix des données, calcule la Commission européenne, un amateur de foot qui part en vacances pour une semaine dans un autre pays de l’Union paiera moins de 31 euros pour télécharger une application « Coupe du Monde » puis, chaque jour, consulter une carte, la météo et l’actualité, se connecter 30 minutes aux réseaux sociaux, mettre en ligne une photo, se repasser sur 10 minutes les plus beaux buts en vidéo... En 2010, la même expérience aurait coûté 25 fois plus cher ! Et il y a un mois, il aurait quasiment payé 70 euros.
Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Simultanément, la Commission européenne a décidé de diviser par trois les prix de gros de l’itinérance : ils passent de 10 à 5 centimes en voix, de 15 à 25 centimes en données. Seuls les SMS ne bougent pas, à 2 centimes. « L’objectif n’est pas uniquement de plafonner les prix pour les consommateurs, c’est aussi de stimuler la concurrence », souligne Jacques Bonifay, le fondateur de l’opérateur mobile virtuel spécialiste des zones transfrontalières Transatel, qui préside l’association des « full MVNO » en Europe (AEFM).
Usine à gaz
La précédente vague de baisse de prix de gros avait permis à Transatel de diminuer ses tarifs de 20 à 30 %, mais aussi à des opérateurs de réseau comme Free Mobile ou Bouygues d’offrir du roaming en abondance à certains clients. Il faut s’attendre à de nouveaux tarifs étonnants. « Fin 2014, le roaming ne sera plus un problème pour les Européens, sauf pour les données, dont le prix de gros reste élevé, ajoute Jacques Bonifay. D’ailleurs, pour les clients de Transatel, l’Europe pèse 85 % du trafic international mais seulement 25 % des coûts de roaming. »
Le 1er juillet, deux autres décisions structurantes de la Commission entrent en vigueur, dont on sait moins bien l’effet qu’elles vont produire. La première consiste à contraindre tous les opérateurs à changer leur système de facturation pour pouvoir laisser la place à un concurrent spécialisé dans le roaming. Par exemple, si Vodafone veut prendre à Orange ses clients voyageurs et haut de gamme en leur offrant des tarifs imbattable, Orange sera obligé de lui ménager une place. Cependant, le nouveau paquet législatifactuellement en discussion entre les eurodéputés et les Etats membres prévoyant d’abolir à terme le roaming, une telle usine à gaz pourrait bientôt devenir inutile.
Deuxième petite révolution, qui a également coûté cher aux opérateurs contraints de re-paramétrer leurs systèmes : les voyageurs pourront souscrire une recharge d’Internet mobile directement auprès d’un opérateur local, sans changer de carte SIM. Cette fois, ce sont les génies du smartphone Apple ou Google qui pourraient tirer leur épingle du jeu, s’alarme Jacques Bonifay : « Sans antennes, un MVNO ne peut pas détecter l’arrivée d’un étranger. En revanche, eux peuvent le faire grâce au paramétrage manuel du choix de réseau sur le smartphone. » Animation concurrentielle garantie.
Solveig Godeluck