Un point, et trois petites lettres qui changent tout. A partir de janvier, les organisations non gouvernementales (ONG) du monde entier pourront disposer d’une nouvelle extension de nom de domaine : « .ong » (ou plus généralement « .ngo» en anglais).
Un point et trois petites lettres à accrocher au bout de leur URL, à l’extrémité de leur adresse internet, pour les reconnaître, les distinguer, et valider surtout qu’elles sont bel et bien organisation à but non lucratif. L’obtention du nouveau suffixe ne se fera en effet qu’au terme d’une procédure de contrôle et de vérification. Consultation des listes des ministères et des pouvoirs publics, certifications, lettres de références, exclusion des mauvais acteurs…
« Le but est que les internautes qui arrivent sur une adresse en .ONG aient confiance », explique Brian Cute, le patron de l’association Public Interest Registry, opérateur historique des noms de domaine en « .org » et désormais en « .ong ». Elle-même organisation sans but lucratif Public Internet Registry a pour mission de servir la communauté non-commerciale sur Internet. Elle n’a pas laissé passer l’occasion de la grande réorganisation des noms de domaines qui s’opère actuellement pour lancer sa nouvelle terminaison. Un besoin urgent, en particulier pour l’univers de l’humanitaire.
Cliquer sur une adresse en « .ong », ce sera l’assurance de s’adresser à une organisation non gouvernementale, dûment vérifiée et répertoriée. Une telle garantie n’existait pas auparavant. Pas même avec le « .org », extension pourtant destinée à l’origine a cette communauté non commerciale, en opposition au « .com ». Le « .org », c’est plus de 10 millions d’adresses dans plus de 200 pays. C’est l’encyclopédie collaborative Wikipedia (wikipedia.org). C’est aussi la fondation Good Planet (goodplanet.org) de Yann Arthus-Bertrand, entre autres belles histoires.
Oui mais voilà : ouvert à tous, sans contrôle, l’extension a aussi été détournée de sa mission originelle. On peut ainsi trouver un Casino.org qui est loin d’être à but non lucratif.
Quel que soit le suffixe, les organisations humanitaires souffraient de toute façon d’un déficit de réputation bien plus large, regrette Brian Cute :
« Il y a de mauvais acteurs, des fraudeurs qui créent des organisations soi-disant humanitaires, qui récoltent de l’argent et qui disparaissent. Sur Internet il y a beaucoup de donateurs potentiels mais qui renoncent car ils craignent que l’argent ne parvienne pas à qui il est destiné. »
Un répertoire des « .ong », une carte de géolocalisation, un moteur de recherche multicritères permettront d’authentifier et de situer les organisations.
Pour les ONG plus petites, notamment celles des pays du Sud, se pose non seulement la question de la réputation, mais aussi tout simplement celle la visibilité et de la présence sur internet, « présence indispensable aujourd’hui » confirme le patron de Public Interest Registry. Or pour la plupart, elles n’ont souvent pas les moyens ni les ressources humaines pour monter et gérer un site web. Avec la nouvelle extension, l’opérateur propose donc également une plateforme afin que chaque organisation puisse disposer d’une page web de présentation et de contact « à la Facebook ». Sur cette page, les internautes pourront effectuer des dons d’un simple clic.
Une sorte de portail des ONG, en quelque sorte, mais qui ne servira pas uniquement de vitrine, analyse Brian Cute :
« Ce sera également un lieu d’interaction, de partage de ressources et de retour d’expérience, un lieu d’échange pour créer une dynamique à l’intérieur de la communauté. Une sorte de réseau social des ONG, où elles auront aussi une opportunité de trouver des donateurs ».
Les ONG devront verser une cotisation de 45 à 50 dollars par an. Dès le mois d’octobre, elles pourront remplir le questionnaire d’inscription en ligne pour valider leur statut sur globalngo.org.
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