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Bras-de-fer entre députés et ministres sur le tourisme

La semaine dernière, les députés socialistes ont voté des taxes contre lesquelles les professionnels du tourisme et le gouvernement sont vent debout. Ce dernier, qui cherche à relancer le secteur, ne décolère pas contre les parlementaires.

G.V. , Mis à jour le
Laurent Fabius et Arnaud Montebourg sont montés au front dimanche.
Laurent Fabius et Arnaud Montebourg sont montés au front dimanche. © Sipa press

A la veille du vote sur le projet de loi de finances rectificative, le gouvernement et les députés socialistes frondeurs sont montés au créneau sur un dossier pourtant annexe au débat budgétaire. Mercredi dernier, lors d'une séance nocturne à l'Assemblée nationale, un amendement socialiste a rendu possible le quintuplement (jusqu'à 8 euros) de la taxe de séjour dans les communes pour les hôtels 3, 4 et 5 étoiles. Le lendemain, les députés ont voté la création d'une taxe spécifique à l'Ile-de-France de 2 euros par nuitée d'hôtels afin de financer les transports en commun. Et, dans les deux cas, contre l'avis du gouvernement et des professionnels du secteur.

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Dimanche, Laurent Fabius puis Arnaud Montebourg ont donc vivement réagi à ses hausses de taxe. Dans un communiqué, le premier, qui a récupéré le tourisme dans son portefeuille, a jugé "impératif de renoncer" à ces amendements, "dangereusement et totalement contraires à la promotion du tourisme " et adoptés "sans concertation avec les professionnels". Invité sur BFMTV, son collègue de l'Economie a renchéri : "Ce que Laurent Fabius a déclaré reflète parfaitement la position de Bercy. Nous souhaitons que le Parlement revienne sur cette décision."

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Lebranchu sur une ligne différente

Dans le JDD paru dimanche , une ministre est toutefois sur une ligne contradictoire : Marylise Lebranchu, chargée de la Décentralisation, estime qu'il faut "regarder froidement les choses avec les hôteliers". Sur la question du financement des transports franciliens, elle se demande : "L'Etat prend sa part. Ceux qui vivent du tourisme peuvent-ils aussi y contribuer? C'est la question qui leur est posée."

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Pour l'exécutif, ces deux amendements sont un véritable camouflet. Voté dans le cadre du débat budgétaire, ils vont à l'encontre de toute une stratégie mise sur pied il y a à peine un mois par le Quai d'Orsay afin de relancer le tourisme en France. Le secteur, véritable poule aux œufs d'or pour de nombreuses collectivités locales, souffre en effet d'une érosion de ses recettes et, comme l'a indiqué au JDD Fleur Pellerin, la secrétaire d'Etat en charge du dossier : "Les 83 millions de visiteurs par an ne représentent pas une rente, car la concurrence est rude."

Ce constat a été établi lors des Assises du tourisme, qui se sont déroulées au printemps, et les professionnels du secteur, de l'hôtellerie notamment, ont alors pris un certain nombre d'engagements. Aussi, le vote des parlementaires se heurte à l'incompréhension de nombreux patrons. Celle de Sébastien Bazin, le PDG d'Accor, qui a expliqué samedi au JDD.fr : "Nous avons conclu les Assises du Tourisme la semaine dernière après cinq mois de concertation avec Laurent Fabius et Fleur Pellerin, avec qui nous entretenons de bons rapports (…) Et voilà que ces taxes sont votées dans la nuit, en cachette, sans qu'aucune étude d'impact n'ait été menée."

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Lire notre interview de Sébastien Bazin .

L'indépendance du Parlement en question

Attaqués par les professionnels comme par le gouvernement, les députés visés ont réagi par le biais d'un communiqué de Razzy Hammadi diffusé dimanche après-midi. Ce député socialiste, leader de la fronde des élus au Palais Bourbon, a accusé Laurent Fabius de remettre en cause l'"indépendance" du Parlement. "Que des modalités d'application puissent être discutées est une chose, que le vote du Parlement soit remis en cause et que publiquement il soit demandé qu'il revienne sur sa décision me semble non seulement contraire aux principes de rénovation de notre démocratie, mais surtout une remise en cause de son indépendance", accuse-t-il.

"Le Parlement est certes indépendant mais il est surtout dans une relation coopérative et collaborative avec le gouvernement", a réagi dimanche soir Arnaud Montebourg. D'ailleurs, lui et Laurent Fabius ont noté que les parlementaires se contredisaient eux-mêmes. En effet, les députés sont en train de procéder à une étude d'ensemble de la fiscalité du tourisme dont l'objectif est de permettre la stabilité du cadre fiscal du secteur.

Source: leJDD.fr

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