EuropaCorp : « la réaction des marchés est très excessive »

La société de production de Luc Besson a perdu près de 22% de sa valeur en Bourse vendredi à la publication de comptes annuels décevants. Le résultat net de l’exercice 2013/14, clos en mars, est tout juste positif, contre 19,6 millions d’euros un an plus tôt, malgré une hausse de 14% du chiffre d’affaires à 211,8 millions d’euros. Le directeur général Christophe Lambert veut rassurer sur les perspectives de l’entreprise, en pleine transformation de son modèle, et expliquer les réserves émises par les commissaires aux comptes.
Le nouveau film de Luc Besson, « Lucy », avec Scarlett Johansson et Morgan Freeman, au budget de 65 millions de dollars, est l'un des deux blockbusters potentiels d'EuropaCorp sortant sur l'exercice en cours.

Vous avez pris de court les investisseurs qui ont très mal réagi à la publication des résultats. Comment expliquer cette déception ?

Christophe Lambert : Nous n'avons pas su faire passer quelques messages simples, au vu de la réaction très excessive des marchés. Si l'on compare des pommes avec des pommes, ces résultats ne montrent aucune contre-performance opérationnelle. Le résultat est impacté à hauteur de 14,8 millions d'euros par des éléments non-récurrents et non-cash pour l'essentiel : il s'agit de l'annulation du plan d'actions gratuites pour 10 millions d'euros, du « pur IFRS » [les normes comptables internationales] et de dépréciations d'actifs pour 4,7 millions portant sur l'activité d'événementiel et sur des droits à remake de Roissy Films. Malgré une année marquée par des investissements très importants, EuropaCorp a démontré la solidité et la résilience de son modèle : l'entreprise a réussi à dégager une marge brute opérationnelle élevée de 27,3%, la deuxième meilleure de son histoire, et un résultat de 15 millions, retraité de ces éléments exceptionnels. 

La chute du titre n'est-elle pas due aussi aux réserves émises par les commissaires aux comptes ?

C'est possible, il est difficile de faire la part des choses et nous aurions préféré nous en passer ! Le conseil d'administration a eu une analyse différente de celle des commissaires aux comptes portant sur le calendrier de comptabilisation de notre accord dit de « buy-out » avec la Fox : nous estimons qu'il faut comptabiliser en une fois le montant de 29,7 millions d'euros sur l'exercice car Fox s'est engagé de façon irrévocable sur ce montant définitif. Certes, il s'agit de recettes futures mais c'est une vente de redevance sur des actifs créés, les films « Taken » et « Taken 2 », assortie de garanties collatérales sur les royalties à venir. Cette décision du conseil d'administration, confortée par un expert indépendant que nous avons mandaté, a été pesée par les administrateurs. Nous l'avons fait dans un souci de transparence vis-à-vis du marché et de permanence des méthodes : nous avions réalisé une opération similaire en 2008 avec un autre partenaire américain, Winchester. 

Pourquoi les comptes sont-ils affectés par une forte hausse des charges ?

EuropaCorp est engagé dans une transformation de son modèle économique. Il y a notre nouvelle activité de multiplexes, dont le premier a ouvert à Aéroville Roissy-en-France et que nous commençons à amortir. Nous avons aussi acheté 50% de la 8ème société américaine de distribution de films, Relativity, ce qui pèse un peu sur nos résultats à court terme : ce contrôle de la distribution va nous permettre d'optimiser nos profits. Les distributeurs américains prélèvent des commissions élevées, de plus de 20%, appliquent des frais de distribution importants puis le partage se fait à 50/50 : nous ne percevions donc que 30% des profits réalisés par nos films sur le marché américain. Nous allons pouvoir produire plus de films de langue anglaise, nous avons d'ailleurs pour cela obtenu une nouvelle ligne de crédit de 450 millions de dollars sur 5 ans avec JP Morgan, SunTrust et OneWest Bank. Au premier trimestre 2015, « Transporter Reboot » sera le premier film distribué par notre propre filiale sur le marché américain, le plus important au monde.

Vous misez gros sur la sortie de « Taken 3 », qu'attendez-vous de ce potentiel blockbuster ?

L'exercice 2014/15 sera atypique avec la sortie des deux films les plus chers de notre histoire, en janvier prochain « Taken 3 », la suite d'une saga qui fonctionne très bien, au budget de 70 millions de dollars, et cet été « Lucy » le nouveau film de Luc Besson, avec Scarlett Johansson et Morgan Freeman, qui a coûté 65 millions de dollars et sort en salles le 25 juillet aux Etats-Unis : c'est la première fois qu'un film français sort à cette date, face aux « Summer movies », ce qui montre que notre distributeur Universal est convaincu qu'il peut réussir face à cette concurrence très rude. Ces grosses productions se voient dans notre niveau de dette mais celui-ci baisse dès que nous percevons les minimums garantis : or nous avons très bien pré-vendu ces deux films qui ont un niveau de couverture très élevé.

Nous ne donnons jamais d'estimations chiffrées car notre métier de producteur de cinéma est difficilement prévisible, il faut être prudent. Nous avons aussi les revenus récurrents du catalogue et des séries TV. Nous investissons dans l'avenir. Je souligne au passage que la valeur de notre catalogue, qui est estimée chaque année par Accuracy, a fortement augmenté, de 139 à 164 millions d'euros. C'est un actif de l'entreprise qu'il convient de prendre en compte dans l'appréciation de la valeur de l'entreprise.

> lire le communiqué des résultats 2013/2014

 

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Commentaires 3
à écrit le 01/07/2014 à 10:33
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EUROPACORP me fait penser a la societe CANON de yoram globus et menahem golan des années 80 debut 90 beaucoup de nanars avec des acteurs prestigieux elle a fint par faire failitte criblée de dettes.

à écrit le 01/07/2014 à 10:08
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la notion de navet est subjective: la seule chose qui compte c'est le bénéfice réel en comparaison de celui attendu. Le reste c'est de la poésie!!

à écrit le 30/06/2014 à 15:13
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voila ce qu'il se passe quand on produit des navets (dernier en date: 3 days to kill)

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