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Les Roms victimes d'une absence de volonté d'intégration politique

Dans un avis publié vendredi 4 juillet, le Haut comité pour le logement des personnes défavorisées dénonce l'action trop répressive du gouvernement contre les populations Roms en France et demande « l'arrêt des évacuations systématiques ».

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Publié le 04 juillet 2014 à 17h02, modifié le 04 juillet 2014 à 17h02

Temps de Lecture 3 min.

Démantèlement d'un camps de Roms à Evry (Essonne), le 27 août 2012.

Le 13 juin, Darius, jeune Rom de 17 ans, est lynché à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) et laissé pour mort dans un caddy. Un fait divers qui, selon un avis du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées (HCLPD), illustre la « stigmatisation grandissante » des populations roms en France. L'organisme, présidé par Xavier Emmanuelli, fondateur du SAMU social, préconise à Manuel Valls, premier ministre, la fin des évacuations et un plan de lutte contre les préjugés à l'intention, notamment, des élus locaux et des responsables politiques.

VOLET RÉPRESSIF APPLIQUÉ À LA LETTRE

L'évacuation des campements illicites est un problème récurrent. Pour fixer les règles d'encadrement de ces opérations, une circulaire a été publiée le 26 août 2012. Selon l'avis de la HCLPD, le volet répressif de la circulaire est « appliqué à la lettre », mais le volet « insertion » est  « rarement respecté, ou de manière insuffisante ».

Le nombre de personnes qui vivent dans des campements illégaux en France est estimé à moins de 20 000. Pourtant, les services de l'Etat sont « défaillants » pour mettre en place « un dispositif d'accompagnement des familles ». Les solutions de relogement sont insuffisantes : la durée d'accueil est de deux à trois jours. Il est souvent proposé de séparer les familles. « Les lieux d'accueil peuvent être situés loin des sites de campements et des lieux de scolarisation des enfants », note le Haut comité.

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La circulaire du 26 août enjoint pourtant « les services préfectoraux à anticiper les mesures d'évacuation en évaluant dès l'installation du campement et le plus en amont possible, la situation et les besoins des occupants. Ces services sont chargés de trouver des solutions alternatives de logement, d'assurer un accompagnement en matière d'hébergement, de scolarisation, de suivi médical, d'insertion professionnelle... » Mais l'intégration des Roms dans l'hexagone est « en échec » alarme René Dutrey, secrétaire général du HCLPD.

HAUSSE DU NOMBRE D'ÉVACUATIONS

Le nombre de personnes évacuées de force d'un logement de fortune a doublé entre 2012 et 2013, passant de 10 469 à 21 537. « Mais chaque évacuation qui n'est pas accompagnée de solutions pérennes détruit les efforts réalisés localement pour sédentariser les familles, scolariser les enfants, apporter un suivi médical. Parallèlement, les adultes sans adresse ni papiers sont dans l'impossibilité de trouver un emploi, la seule issue vers l'intégration », explique René Dutrey.

La politique française vis-à-vis des Roms a plusieurs fois été pointée par l'administration européenne. Paris a été rappelé à l'ordre par le Comité européen des droits sociaux : « Une décision du 11 septembre 2012 a notamment considéré qu'en incitant les occupants d'un terrain à le quitter puis en les expulsant sans leur proposer de solutions pérennes de relogement approprié, les autorités françaises avaient violé le principe de non-discrimination et de droit au logement » En effet, l'Union européenne « contraint les états membres à mettre en œuvre une stratégie d'intégration des Roms sur leur territoire », rappelle le Haut comité.

INSTRUMENTALISATION POLITIQUE

La question n'est pas seulement celle des moyens financiers nécessaires à l'accompagnement des populations roms : seuls 31 % des fonds européens prévus jusqu'en 2009 et destinés à favoriser leur intégration ont été utilisés. L'absence de volonté politique apparaît comme la principale explication. « Certains élus locaux sont réticents voire s'opposent clairement à l'inscription administrative à l'école des enfants dans les campements afin de ne pas "stabiliser" les familles dans leur commune. Ils opposent alors à ces familles l'absence de domiciliation légale ou de vaccination des enfants. »

Enfin, l'avis dénonce « l' instrumentalisation politique de la situation des Roms ». « Les dernières élections municipales se sont distinguées par les multiples campagnes "antibidonvilles". Les nombreux dérapages verbaux de la part d'élus locaux et de responsables politiques participent de la stigmatisation des populations roms et légitiment les actes les plus violents. »

Le Haut comité pour le logement des personnes défavorisées a présenté trois propositions à Manuel Valls : l'arrêt des évacuations des personnes sans accompagnement social et solution d'hébergement ; l'assurance d'un accès à l'emploi et une valorisation des compétences des populations roms (ferraillage, construction, recyclage...) ; et enfin un plan de lutte contre les préjugés à l'intention des citoyens, des agents de l'Etat et des collectivités territoriales, des élus locaux et des responsables politiques.

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