Chassés par les forces de Kiev, les combattants rebelles et leur chef ont abandonné Sloviansk, l'un de leurs bastions dans l'Est, ont annoncé les autorités ukrainiennes samedi 5 juillet. Cette ville symbole de la rébellion séparatiste prorusse est le théâtre de violents combats depuis deux mois.
Il s'agit de loin du plus important succès militaire des forces ukrainiennes depuis la reprise de « l'opération antiterroriste » contre les insurgés prorusses, relancée après l'expiration du cessez-le-feu lundi dernier.
Cette nouvelle risque d'affecter les efforts diplomatiques pour mettre fin à la crise. Ces efforts, encouragés par les grands pays occidentaux, étaient censés déboucher samedi sur une réunion du « groupe de contact » réunissant l'Ukraine, la Russie, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les rebelles. La tenue de cette rencontre apparaissait néanmoins incertaine, son lieu n'étant toujours pas fixé en fin de matinée.
HISSER LE DRAPEAU UKRAINIEN
Une « grande partie » des combattants rebelles et leur principal chef, Igor Strelkov, ont fui Sloviansk, a annoncé samedi matin le ministre ukrainien de l'intérieur Arsen Avakov. « Les civils se rendent aux points de contrôle et apportent les armes et les gilets pare-balles abandonnés par les combattants. »
Signe de cette victoire pour les forces ukrainiennes, le drapeau ukrainien a été hissé sur la mairie de Sloviansk, l'un des principaux bâtiments qu'occupaient les rebelles. Le président, Petro Porochenko, avait donné plus tôt dans la journée l'ordre d'affirmer ainsi symboliquement la reconquête de cette ville.
Le maire de Sloviansk, Vladimir Pavlenko, nommé par les rebelles, a confirmé à l'AFP que les insurgés prorusses avaient quitté la ville, et indiqué que les forces ukrainiennes n'y étaient pas encore entrées. « Le départ des combattants a été une surprise. Personne n'était au courant. Ce matin, j'ai vu qu'il n'y avait plus de combattants devant la mairie. Ensuite, j'ai vu qu'il n'y en avait pas non plus devant les barrages et barricades en ville », a confirmé par téléphone Kolia Tcherep, un habitant de Sloviansk.
La veille, Igor Strelkov, à la tête des forces prorusses de Sloviansk et « ministre de la défense » de la « République populaire de Donetsk », avait adressé à la Russie un appel à l'aide, indiquant que sans elle la ville allait bientôt tomber aux mains des forces de Kiev.
Sur les 110 000 habitants que compte normalement Sloviansk, la moitié ont fui les violents combats qui ont touché la ville depuis deux mois.
VAGUE D'ATTAQUES CONTRE LES BASTIONS SÉPARATISTES
Selon le ministre ukrainien de l'intérieur, les forces de Kiev ont également détruit le quartier général des insurgés prorusses de Donetsk, situé dans la ville d'Artemievsk, au sud du bastion séparatiste. M. Avakov avait en outre annoncé vendredi que l'armée ukrainienne avait regagné le contrôle de la ville de Mikolayivka (15 000 habitants), dans la grande banlieue de Sloviansk, faisant une cinquantaine de prisonniers.
Le 1er juillet, le président ukrainien, Petro Porochenko, a décidé de reprendre les armes contre les rebelles après un cessez-le-feu décrété le 20 juin. L'attaque se concentre sur les principales bases des séparatistes, notamment à Sloviansk, mais aussi Louhansk, Kramatosk et Donetsk. L'objectif du président est la prise de contrôle de la totalité de la frontière russo-ukrainienne.
Lire le reportage (édition abonnés) : En Ukraine, la bataille des postes-frontières
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