Les fermes urbaines débarquent à Lyon

La salade de demain sera produite en ville, en intérieur et hors sol dans des fermes urbaines à la verticale. La première d'entre elles devrait voir le jour d'ici deux ans à Lyon.

De notre correspondante à Lyon,

La ferme verticale de Ful. Photo d'illustration.
La ferme verticale de Ful. Photo d'illustration. © FULIllustration-S.-Buttarazzi

Temps de lecture : 2 min

C'est la salade de l'avenir : brillante, croquante, regroupant trois variétés sur un même pied, et vendue "vivante", c'est-à-dire avec ses racines dans une motte de tourbe. Elle devrait pousser d'ici deux ans dans une immense ferme urbaine qui verra bientôt le jour à Lyon. Cette exploitation agricole inédite, création du troisième millénaire et baptisée Ful comme "ferme urbaine lyonnaise", a été imaginée par un groupe de chercheurs, d'ingénieurs et d'architectes à partir du modèle des fermes nord-américaines. Son lot d'innovations est mis au service d'un double objectif : produire "propre" en respectant l'environnement, et "en masse" pour répondre à la surpopulation.

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Ici, la production agricole se fait en "hydroponie", c'est-à-dire en intérieur, sous climat artificiel, reproduisant la lumière, l'hygrométrie, la température et le vent de l'extérieur. Elle est organisée à la verticale sur des plateaux techniques superposés.

Les petites salades débutent leur vie à la nurserie à l'étage le plus bas, dans des mottes de tourbe baignant dans du liquide nutritif à l'intérieur de gouttières qui avancent par tapis roulant dans les étages et sous la surveillance de robots. En 49 jours, la salade arrive à maturité au dernier étage de l'édifice, où elle rencontre enfin la lumière naturelle qui lui apporte brillance, craquant, et goût de noisette. "Nous pouvons ainsi produire 283 salades par m2 et par an, soit dix fois plus qu'en plein champ", explique Philippe Audubert, urbaniste porteur du projet. Point de production saisonnière ici, mais sept cycles de production par an, lorsqu'une ferme traditionnelle n'en produit que deux.

"Circuit court"

Mais la productivité n'est pas le seul avantage de cette ferme qui collectionne les innovations à tous les niveaux. Elle se veut totalement propre, respectueuse de l'environnement et pourrait revendiquer le label "bio" si elle n'était pratiquée hors sol. Ici, on utilise en effet 90 % d'eau en moins que dans une ferme traditionnelle, 90 % de pesticide en moins, aucun rejet dans l'environnement et on utilise de l'énergie renouvelable.

L'organisation de la distribution en "circuit court", c'est-à-dire sur le seul marché lyonnais, réduit au minimum le transport, alors qu'une salade traditionnelle parcourt en moyenne 1 000 kilomètres avant d'arriver dans l'assiette. La salade Ful évite également le gaspillage. Vendue "vivante" dans sa motte de terre, elle se conserve 15 jours, contre 5 jours pour les salades coupées, dont 30 % finissent à la poubelle. Reste à faire accepter un tel projet au public à un moment où le concept du "petit producteur local" fait fureur. Les promoteurs du projet travaillent déjà à sa sémantique en avançant le terme de "maraîchage urbain" plutôt que celui "d'usine à salade".

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Commentaires (26)

  • globe-penseuse

    Quels sont les enjeux des villes et de nos territoires aujourd'hui ?
    - leur densification pour répondre à l'augmentation de la population et conserver des terres agricoles en déperdition
    - lutter contre les îlots de chaleur urbains (ce qui passe notamment par la végétalisation des villes - toits/murs/espaces verts/agriculture urbaine etc. )
    - accueillir de nouveau la biodiversité dans un contexte de 6ème extinction des espèces, ce qui pourrait avoir un impact économique considérable (notamment au niveau de la pollinisation)

    Que fait-on ?
    - construire des bâtiments usine à vocation agricole.
    Résultat : besoins (encore et encore) d'énergie (chauffage, éclairage), apport de nutriments non renouvelables (la tourbe !), concurrence avec les agriculteurs, baisse de l'emploi, alors que cette place en ville si convoitée pourrait accueillir un espace vert ou des logements, qui répondent réellement aux besoins de la ville. Et où seront construits les logements qui n'auront pas leur place en ville ? En périphérie, sur des terres fertiles, comme d'habitude.
    De plus, il a été montré (cf fermes urbaines à Singapour et Wisconsin) que les fermes urbaines consomment 3 voire 100 fois plus d'énergie que ce que consomme l'acheminement des produits agricoles à la ville (lorsqu'ils ne viennent pas d'un autre pays, pas d'info si les produits sont bio ou non).

    L'un des points positifs d'une telle ferme serait sa non-vulnérabilité aux aléas climatiques. Mais bon, une panne d''électricité et puis...

    Alors plutôt que d'investir dans de tels projets d'industrialisation du vivant (l'expérience du XXe siècle montre bien que l'industrie n'a rien de durable... ), investissons dans le développement d'une agriculture péri-urbaine productive, respectant les sols et créant de l'emploi. C'est là que les efforts devraient se concentrer. A commencer par le consommateur qui peut faire le choix de consommer local et responsable (AMAP, circuits-courts, etc. ).

  • Yannlor

    Ferme urbaine ! Bientôt des villes rurales...

  • Solestella

    Après tout, si les citadins peuvent respirer les effluves de toutes leurs pollutions pourquoi pas les salades ? Ensuite, il parait que les plantes dépolluent... Si ça peut améliorer l'air des villes...
    Ça améliorera au moins l'air de la campagne en évitant du transport, parce que le problème du frais c'est qu'on ne peut utiliser des moyens de transport "propre" type péniche, la salade arriverait bien passée...