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Israël et le Hamas tentent d’éviter un nouveau conflit

Des appels réciproques à la « désescalade » tranchent avec la rhétorique va-t-en-guerre et revancharde qui avait été jusqu'ici adoptée par les deux parties.

Publié le 04 juillet 2014 à 21h41, modifié le 05 juillet 2014 à 14h59 Temps de Lecture 4 min.

Le chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh (à droite) et le chef du bureau politique de l'organisation, Khaled Mechaal, en décembre 2012.

Par l'entremise des services de renseignement égyptiens, le Hamas a engagé des négociations pour dessiner un nouvel accord de cessez-le-feu avec Israël visant à mettre fin à l'escalade des tensions qui les opposent depuis l'enlèvement le 12 juin de trois jeunes Israéliens, retrouvés morts dimanche et le meurtre d'un Palestinien de Jérusalem-Est, deux jours plus tard.

Cet accord prévoirait la fin des tirs de roquette de la bande de Gaza sur les territoires israéliens en échange de l'arrêt des raids dans ce territoire palestinien, a laissé entendre un responsable du Hamas. La veille, l'armée israélienne avait dépêché en renfort des officiers de réserve près de Gaza afin de faire passer « un message de désescalade » au mouvement islamiste.

Ces appels réciproques à la « désescalade » tranchent avec la rhétorique va-t-en guerre et revancharde qui avait été jusqu'ici adoptée par les deux camps. Depuis le 12 juin, Benyamin Nétanyahou promet une guerre totale au Hamas, qu'il juge responsable de l'enlèvement et de la mort d'Eyal Yifrach, Naftali Frenkel et Gilad Shaer. De son côté, le Hamas a à nouveau promis aux dirigeants israéliens de leur faire payer le prix des crimes contre les Palestiniens, après la découverte du corps de Mohammed Khoudayr, le 2 juillet à Jérusalem. Pour les commentateurs, ces déclarations ne sont que pure rhétorique, estimant que ni Israël ni le Hamas n'ont intérêt à une nouvelle guerre à Gaza. Comme le souligne le journaliste israélien Zvi Barel, du quotidien Haaretz, « une réalité tortueuse apparaît où chacune des parties se positionne en ennemi mais se comporte en partenaire ».

LA RETENUE DE NÉTANYAHOU

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Lors des réunions du cabinet de sécurité restreint, quasi quotidiennes depuis le 30 juin, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s'est illustré par sa modération. Il a réfusé de céder aux demandes des extrémistes du gouvernement, tel le ministre de l'industrie, Naftali Bennett, d'engager une opération terrestre de grande envergure dans la bande de Gaza pour décapiter le Hamas et détruire ses infrastructures. « C'est le moment de penser avec la tête, pas avec les tripes », a résumé le ministre de la défense, Moshé Yaalon. L'appareil militaire ne souhaite pas reproduire les erreurs de l'offensive « Plomb durci », de décembre 2008, qui avait valu une pluie de roquettes à Israël et le renforcement du Hamas. Israël risque également de perdre l'indulgence dont a fait montre la communauté internationale pendant l'opération militaire « Gardiens de nos frères », en juin.

Israël n'a d'ailleurs pas intérêt à ce que le Hamas s'effondre à Gaza. Seule autorité forte dans ce territoire, le mouvement islamiste a été pendant plus d'un an le garant du respect d'un cessez-le-feu tacite entre Israël et les mouvements palestiniens radicaux, à l'instar du Djihad islamique. Sa perte de pouvoir leur laisserait le champ libre. Ces dernières semaines, Israël ne s'est d'ailleurs pas aventuré à décapiter le mouvement. « Israël a arrêté en Cisjordanie des cadres politiques de second rang, déjà sous surveillance de l'Autorité palestinienne depuis 2007. L'appareil politique et militaire du Hamas est à Gaza ou à l'étranger », explique Xavier Guignard, doctorant en science politique, associé à l'Institut français du Proche-Orient, à Ramallah. Parmi les trente-quatre cibles visées dans la bande de Gaza, le 30 juin, ne se trouvaient que des immeubles et des sites de lancement de roquettes.

« Le but déclaré du gouvernement est la dissuasion envers les Palestiniens, mais son objectif pratique est de calmer les Israéliens », analyse le spécialiste militaire du journal Haaretz. L'autre objectif affiché de M. Nétanyahou est de torpiller l'accord de réconciliation signé entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas, le 23 avril. Les divergences de vue entre l'Autorité palestinienne et le Hamas après l'enlèvement des trois jeunes Israéliens, notamment du fait de la coopération des forces de sécurité palestiniennes avec Israël, ont fourni l'occasion tant rêvée par M. Nétanyahou depuis avril. Il n'a cessé depuis de faire pression sur le président Abbas pour qu'il rompe cet accord.

LE HAMAS, AFFAIBLI, VEUT RESTAURER SON IMAGE

« Le Hamas est également piégé par cette histoire. Elle ne tombe pas au meilleur moment pour lui », estime Xavier Guignard. Le mouvement islamiste est plus que jamais affaibli politiquement et militairement. Depuis la chute du président Morsi et de la confrérie des Frères musulmans en Egypte, il a perdu son principal soutien. Ses relations avec le nouveau président égyptien, le maréchal Abdelfattah Sissi, et avec ses alliés saoudien et émirati sont exécrables et se sont traduites par un blocus renforcé de Gaza. Le mouvement, qui avait déjà perdu le soutien financier de l'Iran après s'être rallié à la rébellion syrienne, a perdu des sources de revenus importantes. Il s'est trouvé dans l'incapacité de maintenir l'économie gazaouite à flots, ce qui lui vaut de nombreuses critiques.

Depuis plusieurs mois, le mouvement s'efforce de restaurer sa relation avec l'Egypte et de se départir de son image de groupe terroriste. Il a ainsi accepté, au prix fort, l'accord de réconciliation interpalestinien. Au passage, il transférait à l'Autorité palestinienne la responsabilité de l'administration de la bande de Gaza et, notamment, du paiement des salaires des fonctionnaires, sans perdre la mainmise sécuritaire.

L'appareil politique du Hamas manœuvre lui aussi depuis le 12 juin entre exaltation de la résistance à Israël, pour conserver la sympathie de la rue palestinienne, et gestes d'apaisement en direction de l'Etat hébreu. Le 23 juin, dans une interview sur la chaîne Al-Jazira, le chef du bureau politique du Hamas en exil au Qatar, Khaled Mechaal, affirmait ne pas détenir d'information sur l'enlèvement des trois jeunes Israéliens, tout en saluant cet « acte de résistance palestinienne ». Une position dont il ne s'est pas départi. Déterminé à éviter l'escalade, M. Mechaal effectue depuis la fin de juin la tournée des puissants de la région et des représentations occidentales pour qu'ils fassent pression sur Israël pour faire le choix de la retenue.

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