Même le plus cruel de ses détracteurs n’aurait pu imaginer Nicolas Sarkozy enfermé dans un commissariat de Nanterre, dans l’une de ces banlieues où l’ex “premier flic de France” a bâti son empire politique en dressant le poing contre la “racaille”. “En taule, en taule”, martelait-il à son égard. Désormais, c’est lui qui est en taule. Grotesque retour de bâton pour un ancien président de la Ve République. Pourtant, c’est le pays tout entier qui est menacé de crépuscule : Sarko est en garde à vue, son successeur Hollande est le président le plus impopulaire de l’histoire. Marine Le Pen peut se frotter les mains.

La vengeance du Colonel
L’image d’un ancien chef de l’État aux mains de la Police nationale et soupçonné d’avoir corrompu des juges tombe comme un couperet sur le caractère sacré de la monarchie républicaine, esquissée par De Gaulle dans les années 1950. Malgré toutes les explications, les clarifications et les justifications qu’il pourra apporter, comment concevoir que le “petit Nicolas”, comme le surnommait le clan chiraquien avec une sournoiserie affectueuse, puisse faire son retour politique et convoiter l’Élysée en 2017 ? L’UMP, miné par les scandales et les rivalités, voyait pourtant en lui le Sauveur. Sarkozy ne s’est d’ailleurs pas privé d’alimenter l’attente par de petites mises en scène de son cru. Il s’est par exemple laissé pousser la barbe pour faire croire que l’annonce de son retour était imminente, allusion à peine voilée