Les joueuses pourront finalement se mesurer au joueurs aux championnats du monde d'E-sport.

Les joueuses pourront finalement se mesurer aux joueurs aux championnats du monde d'e-sport.

Blizzard

Les débats sur le sexisme dans le jeu vidéo sont fréquents sur Internet, et peuvent parfois faire changer les choses. C'est ce qui s'est produit quand un utilisateur du forum américain Reddit a révélé que les phases qualificatives d'un tournoi international n'étaient ouvertes qu'aux hommes. Organisé du 31 juillet au 3 août en Finlande, l'"Assembly Summer 2014" propose différentes épreuves, dont certaines permettent de gagner son ticket pour les championnats du monde organisés en novembre à Baku, en Azerbaïdjan. A côté des concours Dota 2 ou Starcraft 2, le match Heartstone était curieusement interdit aux joueuses. Les Finlandais ont renvoyé la balle à la Fédération internationale d'e-sport (FIES) et leurs championnats du monde à majorité masculine.

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Les gamers se sont emparés du sujet, et la FIES a pris en compte leurs réactions, rendant mixtes ses épreuves réservées aux hommes. Cette volte-face ne fera sans doute pas oublier les arguments avancés par la fédération pour défendre son choix initial. Dans un message publié sur sa page Facebook et cité par PC Gamer, elle expliquait notamment que cette division visait à faire reconnaître l'e-sport comme un "sport légitime", à la façon du football ou du rugby, où hommes et femmes sont séparés. Un argument qui a peiné à convaincre, les différences physiques entre les deux sexes ayant ici peu d'importance. Seuls l'entraînement et les réflexes font la différence.

L'e-sport, une discipline fermée aux femmes?

Selon une étude du SELL (Syndicat des éditeurs de logiciels et de loisirs) publiée en juin, 49% des joueurs français sont des joueuses, 45% en Espagne et au Royaume-Uni. Ce pourcentage, en nette progression depuis 1999, comme l'indique l'étude, ne se répercute pas sur le milieu du jeu vidéo professionnel. Aux Etats-Unis, 70% des "amateurs" d'e-sport, qu'ils soient joueurs ou dans le public, sont des hommes. Et si des femmes se font un nom dans le milieu et gagnent de l'argent grâce à leurs résultats, les sommes restent incomparables avec celles engrangées par leurs collègues masculins.

Comment s'expliquent ces différences ? Interdire les tournois aux femmes n'aide pas, mais il y a d'autres raisons. Pour Kelly Kelley, alias "Mrs Violence", spécialiste des jeux d'action, le comportement des hommes est largement en cause même si plus de femmes viennent aux tournois. "Les joueurs voient arriver les filles et leur disent "non", sans même regarder leur niveau et leur talent, expliquait la professionnelle au site Game Skinny. C'est pour ça qu'on n'en trouve pas dans les grosses équipes d'e-sport". Un article publié en avril dernier sur un site spécialisé enfonçait le clou, dénonçant la banalité des remarques sexistes et des blagues misogynes qui découragent les joueuses.

Dans l'ensemble, selon Kelly Kelley, les gameuses tentées de vivre de leurs talents vidéoludiques reçoivent peu de considération. "Nous voulons toutes gagner, bûcher, être à fond, mais on nous ne donne pas notre chance" déplore-t-elle. Un manque de confiance qui peut jouer sur l'engagement. "Quand je faisais de la compétition, je jouais 17 heures par jour. Actuellement, je ne vois pas d'autres filles en faire autant."

Sur les réseaux sociaux et les forums spécialisés, d'autres voix défendent la séparation des sexes, vue comme seul moyen d'améliorer la visiblité des joueuses professionnelles. La différence de niveau entre athlètes masculins et féminins empêcherait les femmes d'atteindre les premières places des tournois mixtes, pour le moment. Certaines joueuses défendent aussi les catégories féminines, vues comme un moyen de s'illustrer sans subir de remarques désobligeantes ou de commentaires sexistes de la part des gamers.

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