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Santé

Cabines solaires, une pratique à très haut risque

Le bronzage artificiel, loin de préparer la peau au soleil, a au contraire des effets délétères avérés.
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Cabines solaires, une pratique à très haut risque
L'exposition aux rayons artificiels des cabines, qui e?mettent uniquement des UVA, est dangereuse : en France, 5 % des me?lanomes sont directement dus a? cette pratique.
© THOMAS COEX / AFP

Un Français sur cinq croit que réaliser une séance d’UV (ultraviolets) artificiels en cabine prépare sa peau au bronzage, selon le baromètre cancer 2010 de l'Inpes. 13 % de la population déclarent ainsi avoir déjà fait au moins une séance et 3,5 % des moins de 18 ans ont déjà fréquenté ces lieux censés être interdits aux mineurs, selon une réglementation datant de 1997.

5 % des mélanomes liés à cette pratique

CANCERS. Mais cette pratique peut se révéler fatale. Car si le bronzage en cabine, qui émet uniquement des UVA, peut certes donner bonne mine, il peut aussi tuer. Ainsi, en France, une étude a montré que 5 % des mélanomes,
le plus grave des cancers de la peau, sont liés à cette pratique. Soit 100 à
350 nouveaux cas de mélanomes chaque année et 19 à 76 décès. La majorité concerne les femmes (76 % des cas).

Des estimations alarmantes publiées en 2012 pour lesquelles les auteurs concluaient : "Entre 566 et 2288 décès peuvent être attendus dans les trente prochaines années si les expositions des Français aux cabines UV ne changent pas." Soit davantage que les morts imputées au Mediator...

Car les études sont formelles : le bronzage UVA, superficiel, ne protège pas contre les coups de soleil à venir et ces rayonnements peuvent avoir des conséquences délétères sur l’ADN.

80 % des appareils émettent l'UV d'une plage tropicale

Une situation d’autant plus préoccupante que 80 % des appareils, en France, émettent un rayonnement correspondant à un indice UV 12, celui d’une plage tropicale. "Des études ont démontré que le risque est d’autant plus grand que l’exposition aux rayons artificiels démarre avant l’âge de 30 ans", explique le Pr Jacques Bazex, dermatologue, membre de l’Académie nationale de médecine et opposant de longue date aux bancs solaires.

MARCHÉ. Le marché des cabines se porte néanmoins à merveille. En hausse régulière — on en compte désormais plus de 15 000 dans l’Hexagone —, ces lieux sont souvent ouverts 7 jours sur 7, de 8 heures à 20 heures, et proposent des forfaits à des prix très attractifs.

Outre l’effet bonne mine et la sensation de bien-être, les commerçants n’hésitent pas à mettre en avant des arguments pseudo- scientifiques comme une meilleure synthèse de la vitamine D. Une allégation mensongère car celle-ci est en réalité due aux UVB et nullement aux UVA. Derniers arguments en date : les rayons artificiels feraient baisser la pression artérielle ou — un comble — augmenteraient l’espérance de vie.

RÉGLEMENTATION. "La réglementation prévoit un personnel formé et une information obligatoire mais cela reste très théorique et, en pratique, les contrôles sont largement insuffisants", déplore le Dr Emmanuel Mahé, dermatologue au CHU d’Argenteuil (Val-d’Oise). Pour l’instant, seuls le Brésil et l’Etat australien de Nouvelle- Galles du Sud ont décidé d’interdire
les cabines. Alors, scandale de santé publique en vue ?

Cet article est extrait d'un dossier sur le soleil, publié dans Sciences et Avenir n°809.

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