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Valls veut "débloquer" la France

Après avoir provoqué la colère de la CFDT, le Premier ministre calme le jeu et tire un premier bilan de ses cent jours à Matignon.

Cécile Amar , Mis à jour le
Manuel Valls, samedi, à Mende (Lozère), à la rencontre de jeunes sapeurs-pompiers.
Manuel Valls, samedi, à Mende (Lozère), à la rencontre de jeunes sapeurs-pompiers. © Sylvain Thomas/AFP

Il a quelques douleurs dans les jambes. Il a joué au foot avec son équipe la veille, avant de regarder la défaite des Bleus, comme des milliers de mômes. Manuel Valls n'a plus leur âge, mais il a quand même de l'énergie à revendre. Et parfois, elle fait des dégâts. Après avoir déclenché l'ire des syndicats et la satisfaction du patronat, le Premier ministre se veut plus apaisant. "J'aborde la conférence sociale avec le souci du dialogue et la volonté de montrer aux Français que ce gouvernement imprime un mouvement, celui des réformes", confie-t-il au JDD.

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Sur la pénibilité, sujet si cher à la CFDT et à la majorité, il prévient : "La loi ne sera pas modifiée." Il dit avoir été alerté par des PME pas prêtes à mettre en place le compte pénibilité dans son ensemble. Mais il réfute vouloir casser le code du travail. "Mon rôle, c'est de dire la vérité, d'agir de manière transparente, de ne pas tromper les partenaires sociaux et d'être à l'écoute des entrepreneurs. Les salariés n'attendent pas des droits virtuels mais des droits réels."

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"Il y a un risque d'enlisement car plus personne n'y croit"

Valls bouscule les siens, fort de sa popularité. "On est dans un moment très particulier, le pays hésite, traversé par une crise de confiance, un sentiment d'impuissance, dit-il. Tout en considérant ma bonne volonté, les Français se demandent si je vais y arriver. Il y a des blocages, un risque d'enlisement car plus personne n'y croit". Et s'il agit de la sorte en ce moment, c'est qu'il croit déceler des signes positifs. La réforme de la SNCF est passée, malgré la grève. Les intermittents ne demandent plus l'annulation des festivals. La majorité – et notamment les députés dits "frondeurs" – a voté, cette semaine, le projet de loi de finances rectificative. Valls sait que, mardi prochain, sur le budget de la Sécurité sociale, certains s'abstiendront mais il pense avoir prouvé qu'il n'y avait pas de stratégie politique "de rechange". Et la réforme territoriale avance, malgré le Sénat.

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Bref le Premier ministre pense que le pays bouge et que les Français sont prêts à le suivre. "Je veux avancer. La société française a beaucoup d'énergie. Face aux blocages, il faut libérer ces énergies", revendique-t-il. Lui qui est toujours dans le contrôle, qui ne dit jamais rien par hasard, utilise un vocabulaire connoté mais feint l'étonnement : "C'est un pays qui adore le langage révolutionnaire pour ne pas avancer", reconnaît-il ensuite. Et lui veut incarner le "mouvement", il le martèle comme un mantra : "Je veux avancer, aller vite." En ce premier jour du Tour de France, Manuel Valls ose : "Il faut pédaler en permanence, sinon on tombe." Alors il fonce, quitte à faire de la casse sur le passage.

Le "réformisme assumé" est toujours son credo

Ce dimanche, il était à Vauvert , dans ce département du Gard bastion du FN, dans la ville conquise par son ami Jean Denat pour prononcer un discours politique. Le "réformisme assumé" est toujours son credo. Mais Valls va plus loin : "Il faut réinventer la gauche et du coup la France autour de l'idée du progrès. Et de l'autre côté, il faut combattre les blocages et notamment la rente." On l'écoute parler de cette France qu'il veut "débloquer", et on se dit que c'est le retour du Valls des années 2009 ou de la primaire de 2011, celui qui lorgnait le modernisme à la Tony Blair. Son discours n'a guère changé, mais il n'est plus le minoritaire qu'il était, le Petit Poucet de l'aile droite du PS. Il est le Premier ministre du retour de la gauche au pouvoir, le patron de la majorité. Pas l'anti-Hollande que certains rêveraient qu'il soit, mais résolument l'anti-Ayrault. "Nous ne sommes pas au début du quinquennat, nous sommes là depuis deux ans, nous avons subi des défaites massives aux élections. Si je suis Premier ministre, ce n'est pas pour faire la même chose qu'avant. Bien sûr le président de la République et la majorité sont les mêmes, il n'y a pas eu d'alternance mais un changement de Premier ministre. Nous sommes dans le mouvement, pas dans la continuité linéaire."

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Il veut valoriser ses ministres. Alors qu'Arnaud Montebourg s'apprête à prononcer un grand discours économique, Manuel Valls n'imagine pas qu'il y ait deux lignes dans son gouvernement. "Arnaud est une personnalité importante, il a une parole forte. Il pèsera sur la croissance, il faut tout faire pour la croissance en France et en Europe." Valls croit en sa méthode. Et en son destin. Il est à Matignon depuis cent jours et il n'est pas près d'abdiquer.

Source: JDD papier

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