Ce sont des fichiers Excel quelque peu austères, mais qui ont le mérite d'exister : la Commission nationale des comptes de campagne et du financement de la vie politique (CNCCFP) donne désormais accès aux comptes des partis politiques français.
Et alors que l'UMP demeure dans la tourmente financière, en attente d'un audit financier qui s'annonce dévastateur, il n'est pas inintéressant de regarder de plus près ce que racontent ses comptes (notre tableur est disponible ici en intégralité)
Commençons par un bilan : l'UMP est, selon ses derniers comptes officiels, qui datent de 2012, très endettée, à hauteur d'une centaine de millions d'euros d'emprunts et dettes diverses.
Le parti a aussi affiché, cette même année 2012, un résultat (la différence entre coûts et bénéfices, hors dette) très nettement négatif de près de 40 millions d'euros. Des chiffres qui ont de quoi inquiéter.
En 2012, le parti a récupéré de l'Etat près de la moitié de ses recettes au titre du financement public des partis (pour l'année 2010). Il compte ensuite sur les dons et les « produits d'exploitation », bien plus que sur les cotisations de ses adhérents.
Quant aux dépenses, pour l'année électorale 2012, elles sont composées en majeure partie des dépenses consacrées aux meetings et à la communication de l'UMP et de ses candidats, qui absorbent un tiers du total des dépenses. Viennent ensuite le vaste et peu détaillé poste « autres charges », qui inclut les voyages (près de 10 % des dépenses cette année-là) ou les loyers (2,44 % des dépenses).
Regardons maintenant l'évolution des recettes et des dépenses au fil des ans. Le graphique ci-dessous montre les principaux postes de dépenses entre 2007 et 2012.
On le voit, ce sont les meetings et réunions qui connaissent l'une des plus fortes hausses (+ 220 % en cinq ans). Autre hausse marquée, celle des frais de voyage et de déplacement (+ 58,7 %), ou encore les charges financières (+ 52 %) du fait de l'endettement croissant sans doute.
Même exercice, en s'attachant cette fois aux recettes. Que constate-t-on ? Une chute de près de 30 % des cotisations des adhérents, mais aussi des élus (- 20 %). Les recettes tirées des manifestations organisées par l'UMP chutent également de moitié.
On note aussi, en 2012, la hausse colossale des produits d'exploitation, qui décuplent, et passent, entre 2011 et 2012, de 1,08 million à 10,01. Un « produit d'exploitation » correspondant à la somme engagée par le candidat Sarkozy, et qu'il devait rembourser au parti une fois obtenu le remboursement de ses frais de campagne par l'Etat.
Si nombre de hausses et de baisses s'expliquent par le calendrier électoral, ce n'est pas le cas de toutes. Voici quelques-unes des tendances qu'on a pu repérer : tout d'abord l'explosion du poste « réunions et meetings », mais aussi des frais de communication, depuis 2010, ce qui correspond à l'arrivée de Jean-François Copé à la tête de l'UMP. Et qui corrobore les soupçons de double facturation lors de la campagne de 2012.
Autre tendance de fond : les coûts des voyages. Ceux-ci ont logiquement diminué après 2007, stagné jusqu'en 2010, puis augmenté fortement jusqu'en 2012. Quant aux salaires, leur masse n'a pas diminué et même légèrement augmenté, malgré les très nombreuses annonces et promesses de coupes.
1. 2012, une année particulière
2. De quoi sont composées les dépenses et les recettes de l'UMP ?
3. Quelle évolution ?
4. Des hausses significatives
5. Bilan : un parti gravement endetté
Au final, que retenir de ces comptes ? Au-delà des soupçons qu'ils peuvent conforter quant à la campagne 2012, ils montrent surtout un parti politique qui n'a eu de cesse de dépenser, même en se sachant lourdement endetté. On comprend mieux pourquoi, dans ce contexte, le non-remboursement des frais de la campagne 2012 a pu apparaître comme dangereux pour la santé financière du parti.
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