IPv6 pourrait améliorer notablement les performances du web

Réseaux : Selon un spécialiste des réseaux IP, le déploiement d’IPv6 pourrait avoir un impact favorable sur les performances du web. Mais je doute que cet argument pèse plus lourd que la raréfaction des adresses IPv4 pour accélérer l’adoption d’IPv6.

Par Pierre Col

  • 2 min

Pierre Col

ARIN – American Registry for Internet Numbers – est le registre régional en charge des adresses IP pour la zone Amérique du Nord, essentiellement USA et Canada. C’est l’équivalent, pour cette partie du monde de RIPE, pour l’Europe. ARIN a récemment publié sur son blog un intéressant billet rédigé par Blake Crosby, qui est à la fois ingénieur chez Fastly, un opérateur de CDN californien et aussi membre du comité directeur de TORIX, le GIX de Toronto. Selon l’analyse de ce spécialiste des réseaux IP, il existe un argument important en faveur de la généralisation d’IPv6 : l’amélioration notable des performances du web.

En effet, pour l’ingénieur réseau canadien, IPv6 accroîtrait l’efficacité du web pour quatre raisons :

  1. IPv6 ne fragmente pas les paquets, dont le découpage puis réassemblage est effectué aux extrémités terminales du réseau. Du coup, les routeurs qui font transiter les paquets, n’ayant pas à les réassembler, peuvent utiliser la puissance CPU disponible pour router plus de paquets, qui de ce fait circulent plus vite dans le réseau.
  2. IPv6 vérifie l’intégrité des entêtes de paquets au niveau supérieur : en confiant à la couche TCP le calcul de la somme de contrôle des paquets, IPv6 fait en sorte que les routeurs IP aient moins de travail à effectuer, ce qui leur laisse des ressources pour router plus vite un plus grand nombre de paquets.
  3. Des entêtes de paquets plus simples : l’entête d’un paquet IPv6 est beaucoup plus simple dans sa structure que l’entête d’un paquet IPv4.


    Entête de paquet IPv4 – source Wikipedia


    Entête de paquet IPv6
    – source Wikipedia

    Ainsi par exemple, le paramètre IPv4 Time To Live (TTL) a été remplacé en IPv6 par le champ Hop Limit, qui est un simple compteur. Du coup, les routeurs n’ont pas à calculer le temps passé par chaque paquet dans les files d’attente avant de l’envoyer au prochain routeur qui doit le traiter. Là encore, un gain de ressources et donc une amélioration des performances.

  4. Le mécanisme de « jumbogram » permet d’étendre la taille d’un paquet de 64 ko à 4 Go, si la couche transport le permet. C’est utile pour limiter le nombre de paquets qui doivent transiter pour acheminer un gros volume de données, par exemple le contenu d’un fichier multimédia.

Pour Blake Crosby, l’impact favorable d’IPv6 serait encore plus important sur le web mobile, grâce à la possibilité d’éliminer le routage triangulaire, qui affecte négativement les performances du web pour les utilisateurs de smartphones, de tablettes ou d’ordinateurs portables en situation de mobilité.

Vous trouverez plus d’explications techniques sur le blog de l’auteur de cette analyse.

Les adresses IPv4 se raréfient inexorablement… et pour autant cette échéance inéluctable ne suffit pas encore à accélérer l’adoption d’IPv6. Est-ce que l’accroissement des performances qu’apporterait IPv6 pourrait être un argument de nature à mobiliser les acteurs de l’Internet ? J’en doute, hélas…

@PierreCol

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