Pour Manuel Valls, il y a "bien sûr" des familles roms dans les campements qui ont des vrais projets d'intégration, a-t-il reconnu jeudi, revenant en partie sur ses propos qui avaient fait polémique.

Les évacuations de camps de roms sont coûteuses.

afp.com/Kenzo Tribouillard

L'évacuation systématique des bidonvilles et campements illicites de Roms est "illégale, inefficace et coûteuse", a affirmé lundi le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées.

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Malgré une circulaire d'août 2012 prévoyant la recherche de solutions d'accompagnement avant l'expulsion d'un campement illicite, celle-ci est "très insuffisamment appliquée", dit-il dans un avis publié lundi. "Si le volet répressif de la circulaire - consistant à faire exécuter par la force publique le commandement de quitter les lieux - semble être appliqué à la lettre, le volet insertion est rarement respecté, ou de manière insuffisante", déclare-t-il.

Un dispositif d'accompagnement insuffisant

Les diagnostics censés être réalisés en amont sur les besoins des populations "s'avèrent d'une qualité et d'une pertinence variables", note-t-il. L'avis des occupants "n'est que très rarement pris en compte" et les prestataires "ne font pas systématiquement de propositions, et ces dernières ne sont ni mises en oeuvre, ni même transmises aux personnes concernées".

De même, les services de l'Etat sont "défaillants" à mettre en place un dispositif d'accompagnement des familles, insiste le HCLPD. "Les solutions de relogement ne sont pas systématiques et ne sont pas offertes à la totalité des occupants des campements" et "lorsqu'elles existent, elles sont le plus souvent inadaptées".

Des évacuations coûteuses

Les évacuations, qui interrompent les parcours scolaires et médicaux, génèrent également "des coûts économiques conséquents (mobilisation des forces de police, démolition, remise en état, etc.)", qui pourraient "être investis de manière plus judicieuse" dans l'accompagnement et l'aide à l'insertion, souligne-t-il.

Les expulsions "se sont accélérées de manière inquiétante après l'adoption de la circulaire", même pendant la trêve hivernale, dit le Haut Comité. "Le nombre de personnes évacuées de force a doublé entre 2012 et 2013, passant de 10.469 à 21.537", ajoute-t-il. Depuis janvier "5.800 personnes ont été déplacées".

Outre l'arrêt des évacuations, l'instance demande aussi "de veiller à permettre l'accès au marché de l'emploi des populations" et de mettre en place un plan de lutte contre les préjugés.

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