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Interview

Michel Combes (Alcatel Lucent) : «Trop de concurrence tue la concurrence »

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Michel Combes souligne la « nécessité absolue » de remettre le numérique au cœur des priorités

Par Pierre de Gasquet

Publié le 8 juil. 2014 à 19:27

Avez-vous ressenti une grande convergence de vues entre opérateurs?

Oui il y a une grande convergence entre opérateurs de télécoms et les grands acteurs industriels. On est très en phase sur la nécessité absolue de remettre le numérique au cœur des priorités. Il faut que cela devienne le vrai vecteur de transformation de nos sociétés : Matteo Renzi l’a bien dit: pour lui, le numérique va être un vecteur essentiel de la transformation de l’Italie tant en termes de politiques d’éducation, que de santé.Le constat est clair : l’Europe est en retard par rapport aux autres continents dans la mutation vers le numérique. Tant en termes de volume d’investissement que de nombre de clients connectés au très haut débit.

Que dit en substance cette «déclaration de Venise» ?

Tout le monde s’accorde pour dire que la principale raison du manque de croissance en Europe, c’est le sous-investissement. La «déclaration de Venise» vise à replacer le numérique au cœur de la politique d’investissements européenne. L’Europe a pris du retard au cours des dix dernières années. Il y a un décalage d’investissement croissant avec les Etats-Unis et l’Asie.

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Pourquoi la réglementation européenne a été un frein?

On a appliqué les règles de concurrence de manière très court-termiste et consumériste. On s’est un peu tiré une balle dans le pied. On a une vision figée et étriquée de la concurrence. Cela s’est traduit par une hyper-fragmentation des opérateurs. Trop de concurrence tue la concurrence : on a 120 opérateurs mobiles en Europe contre quatre aux Etats-Unis. Il est évident qu’ils n’ont pas la taille suffisante pour investir et inventer les technologies de demain. Cela veut dire que la nouvelle norme 5G risque de s’inventer aux Etats-Unis ou en Asie, et pas en Europe. Il faut rééquilibrer les règles de concurrence et redéfinir le marché pertinent. La fragmentation réglementaire en Europe, avec 28 contextes réglementaires, pénalise lourdement le numérique. Chaque pays est maître de l’allocation des fréquences. Il faut qu’on aille vers un marché unique numérique. Ceux qui en profitent, ce sont Facebook et les OTT qui n’ont pas de frontières. Arrêtons de brider le développement des acteurs européens au profit des non-européens. Il faut accélérer: Matteo Renzi l’a bien vu : il est le premier chef de gouvernement européen à être un vrai « digital native».

Quelle est la portée de votre accord annoncé aujourd’hui avec Vodafone?

C’est un accord stratégique au cœur de notre projet industriel. Jusqu’à présent, les réseaux sont construits à partir de macro-sites qui arrosent un nombre très important de clients et qui réduit le débit. Les réseaux sont en train d’évoluer vers les «small cells» qui permettent de réutiliser la même fréquence pour un nombre de clients plus restreint. Vodafone nous a retenu pour être leur partenaire stratégique.

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