(GàD) La ministre du Logement, Christine Boutin, la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, le vice-président de l'UMP Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre François Fillon, le secrétaire général de l'UMP Patrick Devedjian et le secrétaire général adjoint de l'UMP Xavier Bertrand assistent au meeting de clôture du "Campus" UMP, le 07 septembre 2008 à Royan. Fillon s'en est pris à un Parti socialiste qu'il juge "sans idée" et "divisé".    AFP PHOTO  PIERRE ANDRIEU

Christine Boutin, Michèle Alliot-Marie et Jean-Pierre Raffarin ont tous vu leur enveloppe donnée par l'UMP ces dernières années, subir une sérieuse cure d'amaigrissement en 2013.

AFP/Pierre Andrieu

[Exclusif] "La cigale, ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue." Après avoir dépensé des millions d'euros en frais de voyage, en meeting ou en communication pendant l'année 2012, l'UMP a été contrainte, en 2013, de couper dans les dépenses. A tous les niveaux.

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C'est ce qui ressort des comptes 2013 déposés par le parti et dont L'Express a obtenu copie. Ainsi, les colossaux frais de propagande et de communication ont été divisés par dix entre 2012 (33,3 millions d'euros) et 2013 (3,5 millions). Même chose pour les frais de voyage: 1,1 million l'année dernière; 9,7 en 2012.

Il a également fallu réduire la masse salariale. Après les défaites présidentielle et législatives, l'UMP n'a pas renouvelé les employés en CDD. Une quarantaine de permanents ont quitté le parti. Dans les comptes 2013, les charges de personnel passent de 11,8 millions d'euros à 8,9.

Jean-François Copé n'avait pas le choix. Le rejet des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, la baisse du financement public (-10,3 millions d'euros), la diminution du nombre d'adhérents et donc de leur cotisation (-900 000 euros) ainsi que les dépenses inconsidérées dont certaines révélées par le Journal du dimanche (notamment des salaires de permanents entre 8000 et 10 000 euros par mois) ont plongé dans le rouge les comptes. D'autant que les contributions des élus ont à peine augmenté (+12 000 euros, à 1,5 million d'euros en 2013).

Ils ont perdu leur magot

Conséquence, les "mouvements associés" à l'UMP ont perdu très gros. En 2012, le Chêne, groupement de gaullistes mené par Michèle Alliot-Marie, avait perçu 60 000 euros de l'UMP. Cette année,... rien. Même sanction pour Dialogue et initiative, think tank de Jean-Pierre Raffarin, qui a dû se passer en 2013 des 85 000 euros touchés l'année précédente.

Ils ont sauvé leur enveloppe

Surprise, certains ont tout de même réussi à sauver leur enveloppe, même s'il a subi un sévère régime. Exemple avec le Rassemblement Pour la France (RPF), longtemps dirigé par Charles Pasqua. En 2011, il avait perçu 122 000 euros. En 2012, inflation oblige, 126 000 euros. En 2013, il faudra se contenter de 50 000 euros.

Le "mouvement initiative et liberté" (MIL), une association gaulliste, prolongement du Service d'Action Civique (SAC) a lui aussi réussi à sauver une partie de l'enveloppe, soit 20 000 des plus de 200 000 euros perçus jusque là. "Nous n'avons reçu aucune explication de la part de la direction de l'UMP, confie un dirigeant du MIL à L'Express. Et nous n'avons jamais signé aucun échéancier de ces versements. C'était au bon vouloir des différents secrétaires généraux de l'UMP."

La nouvelle direction de l'UMP va s'expliquer avec les banquiers

Enfin, le parti chrétien-démocrate de Christine Boutin figure également parmi les rares bénéficiaires de la loterie UMP. En 2013, il a reçu 25 000 euros. Une paille comparée aux 660 000 euros de 2012. La présidente du PCD souligne que ce versement n'a rien à voir avec une relation de "mouvement associé" à l'UMP, comme c'est le cas pour le MIL. Ces versements sont la conséquence de son retrait de la course présidentielle en 2012. Christine Boutin soutient que l'UMP devait lui rembourser 800 000 euros, montant qu'elle aurait perçu si elle n'avait pas jeté l'éponge pour se rallier à Nicolas Sarkozy.

"L'année dernière, j'en ai discuté avec Jérôme Lavrilleux, confie-t-elle. Il m'a dit: 'ça va venir' pour le reliquat, soit 120 000 euros. Aujourd'hui, je suppose que je ne les reverrai pas. Cela met mon parti en difficulté."

Que dire alors de l'UMP? Les comptes 2013 chiffrent la dette à plus de 76 millions d'euros. La nouvelle direction du parti composé du triumvirat Fillon-Juppé-Raffarin et du secrétaire général Luc Chatel doit en discuter ce mardi matin avec les banquiers. Avant, en fin de journée, de présenter l'audit des comptes au bureau politique. On sait déjà que l'accent sera mis sur les réductions de dépenses de 2013 plus que sur les incroyables dépenses de 2012. Et que l'audit, heureux hasard, ne fera pas état des 24 000 euros de billets d'avion de Nadia Copé ou des salaires mensuels d'Eric Cesari (10 000 euros net) et Geoffroy Didier (6200 euros net). Des "boules puantes", évacue la direction de l'UMP.

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