Un coup de balai. C'est ce que préconise Bruno Le Maire après la publication mardi des comptes de l'UMP. Des comptes calamiteux qui font apparaître une dette de 74,5 millions d'euros, essentiellement liée aux dépenses de la campagne présidentielle de 2012 .
« J'ai été stupéfait par l'enchaînement des révélations sur ce qu'il se passe à l'UMP, stupéfait et inquiet de voir les déchirements dans ma famille politique. Ça me confirme dans mon combat : il faut tourner la page du passé » a déclaré le député UMP de l'Eure, mercredi 9 juillet, lors de l'émission Questions d'info sur LCP en partenariat avec Le Monde, l'AFP et France info.
« ASSEZ AVEC CES ABUS DE DROIT »
Bruno le Maire, qui s'est déclaré le 11 juin candidat à la présidence de l'UMP, se montre pugnace : « Je ne me tairai pas, je ne m'arrêterai pas, je ne plierai devant personne » a- t- il lancé en dénonçant « les pratiques de complaisance, les emplois qu'on refile à ses amis, les comptes qui ne sont pas publics, les financements dont on ne sait pas très bien d'où ils viennent. » « Assez avec ces abus de droit. Assez avec cet entre-soi. Ça suffit. » a-t-il martelé.
Pour sauver « l'honneur perdu » de l'UMP, l'ancien ministre se campe en candidat « du renouveau ». S'il se garde d'attaquer directement Nicolas Sarkozy, récemment mis en examen pour trafic d'influence et corruption actifs, il refuse de craindre son éventuel retour dans l'arène politique. « Personne ne gagnera l'élection présidentielle à droite si nous continuons comme ça. Personne. Ni Nicolas Sarkozy, ni François Fillon, ni Alain Juppé, ni un quadra. Ils peuvent tous oublier leurs espoirs, si nous ne sommes pas capables de tourner la page du passé et de reconstruire sur des bases totalement différentes » observe-t-il.
Pour lui, les attaques de l'ancien chef de l' Etat contre les juges étaient mal venues : « Les responsables politiques sont là pour renforcer les institutions de la République, pas pour les affaiblir ». Quant au reste, il laisse la justice juger, persuadé que les français imposeront « le renouveau », un « changement complet de la classe politique ».
« SITUATION DE DÉCOMPOSITION »
Pour restaurer les finances de l'UMP, Bruno Le Maire préconise une cure de « modestie » à tous les étages ainsi que le respect de la parité. « Nous réglons 4 millions d'euros par an parce que nous ne respectons pas la loi sur la parité. Sur dix ans, ça fait 40 millions d'euros. C'est quasiment la moitié de la dette de l'UMP » précise-t- il.
En revanche, il exclut de vendre le siège du parti ou de faire appel à la générosité des militants : « Ils en ont soupé qu'on leur tende la sébile pour aller récolter de l'argent, dont on ne sait pas très bien à quoi il sert » a-t-il souligné.
Changer le nom du parti n'est pas tabou. S'il est élu en décembre président de l'UMP, il soumettra la question aux militants : « C'est à eux de décider. » A l'entendre, ces derniers sont « écœurés ». En outre, dit-il « ils ont peur, parce qu'ils voient bien ce qui est en train de se passer c'est le risque d'une disparition, d'un effondrement de la droite. Et alors il y aura quoi ? le Front national. »
Bruno le Maire juge qu'au delà de l'UMP, « tout le paysage politique français est en situation de décomposition ». Il qualifie de « farce » la conférence sociale qui s'est tenue en début de semaine, boudée par quatre syndicats. « Le système est usé jusqu'à la corde » constate-t-il.
Il apprécie chez Manuel Valls « le volontarisme du verbe » mais déplore « ses décisions très faibles » et juge les Français « profondément lassés de voir des responsables politiques impuissants à prendre les décisions qui s'imposent ». Pour lui, le modèle français est à « bout de souflle ». Il faut le changer.
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