Des élèves dans une école primaire à Lyon

La création de 60 000 postes dans l'éducation n'est plus d'actualité, la faute aux restrictions budgétaires et à la crise du recrutement.

afp.com/Jeff Pachoud

"Je créerai en cinq ans 60 000 postes supplémentaires dans l'éducation. Ils couvriront tous les métiers." Voilà l'engagement n°36 du candidat François Hollande dans son projet pour 2012. Le budget triennal 2015-2017, qui doit permettre de trouver 50 milliards d'euros d'économies et dont les grandes masses ont été publiées mercredi, a jeté le flou sur l'objectif. Mais le gouvernement maintient, au moins sur le papier, l'objectif chiffré. Explications.

Publicité

Le calcul est simple. Les crédits alloués par le gouvernement entre mai 2012 et fin 2014 correspondent à la création de 24261 postes dans l'éducation. Reste donc 35739 places supplémentaires à créer pour respecter la promesse de campagne du président.

>> Voir aussi notre infographie: où en est-on des créations de postes dans l'éducation?

Or, le document budgétaire publié ce mercredi - prélable au débat d'orientation budgétaire à l'Assemblée - n'est pas clair. Il indique dans un tableau récapitulatif sur les évolutions d'effectifs de l'Education nationale que 29644 créations de postes sont prévues entre 2015 et 2017 pour "le ministère de l'éducation nationale, l'enseignement supérieur et de la recherche". Chiffre auquel il faut ajouter les 420 créations de postes dans l'enseignement agricole, pour arriver à un total de 30064.

Où sont passés les quelques 5675 postes restants? Sur la base du document budgétaire, nous avons dans un premier temps constaté qu'ils avaient disparu des prévisions. Joint par L'Express, le ministère de l'Education nationale explique en fait que les chiffres fournis dans ce document, au chapitre "la maîtrise de la masse salariale et la stabilisation des effectifs", sont erronnés. Version des faits confirmée par Bercy, qui admet des erreurs et imprécisions.

L'objectif de créer 60 000 postes dans l'Education nationale serait bien atteint si l'on ajoute aux 30064 postes déjà mentionnés:

  • 3000 postes dans l'enseignement supérieur (le document laissait pourtant entendre qu'il prenaît en compte le volet recherche)
  • 2150 postes d'assistants d'éducation supplémentaires
  • 540 nouvelles créations de postes au lieu de 420 (ce dernier chiffre, donné dans le plan de budget triennal, était erronné)

Les postes prévus risquent quand même de ne pas tous être pourvus

La création des 60 000 postes reste en revanche menacée par plusieurs facteurs. En premier lieu la crise du recrutement. 3396 postes n'ont en effet pas été pourvus en 2013. Cette tendance ne devrait pas être démentie en 2014. A titre d'exemple, on sait déjà que le quota ne sera pas atteint dans certaines disciplines, comme au Capes de lettres ou de mathématiques n'ont pas trouvé preneur cette année.

Autre doute, pointé par une enquête d'Educpros: les créations de postes dans l'Enseignement supérieur n'ont rien d'automatique. Une université peut donc très bien utiliser les crédits alloués à ce titre pour réduire sa dette.

>> Voir aussi notre infographie: les postes non-pourvus dans l'éducation en 2013

Dans le détail, les trois-quarts des créations de postes prévues sur la période mai 2012 - décembre 2013 sont en fait des places dédiées aux enseignants stagiaires qui terminent leurs études. Un choix fait dans le cadre de la réforme de la formation des enseignants.

Au total, malgré l'objectif répété de créations de postes, le nombre d'enseignants titulaires (primaire, privé, public et privé confondu) aura reculé entre l'élection de François Hollande et la fin de l'année 2014. Et ne devrait pas beaucoup augmenter d'ici 2017.

Publicité