Les enregistrements de Patrick Buisson refont surface. M le magazine du Monde en publie des transcriptions écrites dans son édition de ce week-end. Elles racontent la préparation de l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy le 27 février 2011 sur TF1, France 2, France 3 et M6 pour commenter les printemps arabes et annoncer un remaniement ministériel. Scènes dont le Canard Enchaîné avait déjà fait en partie état en mars 2014. Voici cinq citations à retenir de ces nouveaux extraits.

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1. Sarkozy voulait un face-à-face avec des journalistes, pas ses conseillers

Une allocution? Nicolas Sarkozy n'était pas partant au départ. La veille de l'allocution, il juge la mise en scène "trop coupée de la réalité". Les enregistrements de Patrick Buisson montrent que ses conseillers ont su trouver les bons arguments pour le dissuader d'un face-à-face avec David Pujadas et Laurence Ferrari. Les journalistes, "grotesques", n'auraient pas été "à la hauteur de l'événement", selon l'entourage du président d'alors.

2. Juppé? "Solide" selon Sarkozy, synonyme de "catastrophe" pour Buisson

Alors que Nicolas Sarkozy s'apprête à nommer Alain Juppé au poste de ministre des affaires étrangères, il le dépeint comme "un type solide, carré, courageux". Patrick Buisson est sceptique. Il le juge "synonyme de la plus grande catastrophe électorale de la droite en 1997" (l'Assemblée nationale avait basculé à gauche).

3. Hortefeux? "Un bras en plastique"

Patrick Buisson se montre également particulièrement virulent pour évoquer le sort de Brice Hortefeux, appelé à quitter le gouvernement. "Un bras en plastique" qui "a reçu du gaz incapacitant", souffle-t-il. Après la réunion, le conseiller se félicite, en compagnie du publicitaire Jean-Michel Goudard, d'avoir réussi à convaincre Nicolas Sarkozy de se séparer de son ami. "Sans nous, il ne le fait jamais", se félicite Goudard.

4. Des ministres "archi-nuls"

Les deux hommes sont également cinglants, en l'absence de Nicolas Sarkozy, pour tacler ses ministres. "MAM, Bachelot, mon ennemi intime Darcos, tu découvres qu'à la tête de la République française, tu as des ministres archi-nuls", persiffle Jean-Michel Goudard. "Archi-nuls, archi-nuls", abonde Patrick Buisson.

5. L'intégration? "Mais rien à foutre!"

Le discours de Nicolas Sarkozy, ce 27 février, met notamment en garde contre les "flux migratoires" qui risqueraient de devenir "incontrôlables" avec la situation dans certains pays, en pleine révolte.

Le sondeur Pierre Giacometti plaide alors pour que Nicolas Sarkozy rajoute "un truc [sur] le rassemblement" dans son intervention. L'idée suscite les railleries de Goudard et Buisson la réunion. "Mais rien à foutre!", lâche le premier. "Et de l'intégration non plus, renchérit le second. Au moment où il en arrive 500 000 de plus. On n'arrive déjà pas à intégrer les six milions qu'on a..." Une bonne synthèse de la "ligne Buisson" qui pèsera par la suite sur la campagne présidentielle.

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