L’OCDE annonce un bouleversement de la production agricole mondiale
Dans dix ans, la planète mangera plus de viande, de matières grasses et de sucre, et moins de céréales. Le poulet détrônera le porc, selon l’OCDE et la FAO.
Par Muryel Jacque
Plus de protéines, de matières grasses et de sucre. Dans les dix années à venir, l’urbanisation, la hausse des revenus et l’évolution des modes de vie vont modifier les régimes alimentaires dans le monde. En conséquence, la demande pour les produits agricoles sera très probablement moins forte qu’aujourd’hui.
Telle sont les projections des experts de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui ont publié vendredi leur rapport annuel sur les perspectives agricoles.
L’OCDE et la FAO imputent la hausse de la consommation et la transformation de la production agricole mondiale avant tout aux économies d’Asie en croissance rapide.
Les deux organismes rappellent qu’au cours des vingt dernières années, le revenu réel par habitant en Chine a été multiplié par plus de cinq en zone urbaine et par plus de trois en zone rurale. Sur la même période, les disponibilités alimentaires par personne ont doublé et l’apport protéique s’est accru de plus d’un tiers.
La consommation mondiale de viande va nettement augmenter
La demande mondiale de viande et de produits laitiers devrait augmenter de 1,6% par an pendant la décennie, soit plus de 58 millions de tonnes supplémentaires en 2023. Et les pays en développement vont représenter plus de 80% de la hausse de la consommation.
A ce rythme, le poulet détrônera bientôt le porc. « La croissance de la consommation mondiale de viande aura pour moteur la volaille, qui reste la viande la moins chère et la plus accessible, et qui est considérée comme la plus saine en raison de sa faible teneur en acides gras saturés », expliquent les experts, qui souligne que la volaille est aussi « culturellement mieux acceptée ».
Baisse à venir des prix du blé
La production des secteurs de l’élevage - et des biocarburants - va augmenter plus vite que celle du secteur des cultures au cours des dix années à venir, ce qui devrait entraîner un changement structurel de la production agricole mondiale, projette l’OCDE et la FAO.
Cette modification en profondeur va profiter notamment aux céréales secondaires (orge, avoine, seigle…), de plus en plus demandées pour répondre aux besoins croissants en aliments pour animaux.
Enfin, les craintes liées à la volatilité des prix des céréales devraient être atténuées par des stocks mondiaux beaucoup plus fournis qu’au cours des années précédentes.
Les prix des céréales sont amenés à poursuivre leur baisse, anticipe l’OCDE. Le blé, par exemple devrait reculer pendant encore au moins trois ans en raison des perspectives de production abondante aux Etats-Unis, au Canada et au Brésil.
M.Jq