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Pourquoi Nicolas Sarkozy est mis en examen pour corruption

« Le Monde » révèle les éléments recueillis par les enquêteurs lors des écoutes et des perquisitions, qui expliquent les chefs de poursuite très lourds contre l'ex-président.

Par  et

Publié le 12 juillet 2014 à 11h07, modifié le 12 juillet 2014 à 13h13

Temps de Lecture 3 min.

A l’AFP, pendant l’entretien télévisé de Nicolas Sarkozy après sa mise en examen, le 2 juillet.

« Le Monde » a pu prendre connaissance des nombreux éléments matériels – écoutes téléphoniques, perquisitions – nourrissant la procédure à l'encontre de Nicolas Sarkozy, de son avocat, Thierry Herzog, et du premier avocat général près la Cour de cassation, Gilbert Azibert. Ils permettent d'étayer les chefs de poursuites, particulièrement forts, signifiés par les juges Patricia Simon et Claire Thépaut : « corruption active », « trafic d'influence actif » et « recel de violation du secret professionnel ».

Retrouvez l'intégralité de notre enquête dans l'édition abonnés : Article réservé à nos abonnés Pourquoi Nicolas Sarkozy est soupçonné de corruption

En clair, il est reproché à M. Sarkozy d'avoir promis à M. Azibert, désireux d'obtenir un poste au sein d'une juridiction monégasque, d'intervenir en sa faveur. Et ce en récompense des informations que le magistrat se faisait fort d'obtenir sur le déroulement des travaux de la Cour de cassation, saisie du dossier Bettencourt. La haute juridiction devait notamment se prononcer, en mars, sur la régularité de la saisie des agendas de l'ancien chef de l'Etat.

Les juges se fondent sur une série d'écoutes téléphoniques, opérées sur les téléphones portables de MM. Sarkozy et Herzog, entre septembre 2013 et mars 2014. L'ex-président et son avocat conversent principalement, à partir du 11 janvier, via deux portables acquis sous une identité d'emprunt, Paul Bismuth, pensant déjouer d'éventuelles surveillances. Le 5 février, les deux hommes évoquent M. Azibert. « Il m'a parlé d'un truc sur Monaco, parce qu'il voudrait être nommé au tour extérieur », commence Me Herzog. « Je l'aiderai », répond M.Sarkozy, qui lâche cette phrase à propos du magistrat : « Moi, je le fais monter.»

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C'est que le haut magistrat s'est montré très efficace. «Il a bossé, hein ! » C'est Thierry Herzog qui s'exprime ainsi, ce 29 janvier 2014, à 19h25. Il parle de son ami Gilbert Azibert à Nicolas Sarkozy, sur une ligne téléphonique qu'il croit discrète. « Et surtout, ce qu'il a fait, poursuit-il, c'est le truc à l'intérieur, quoi… »

Lire (édition abonnés) : Article réservé à nos abonnés Me Herzog à Sarkozy à propos du magistrat Azibert : « Il a bossé, hein ! »

M. Azibert, affecté à une chambre civile, fait partie des meubles à la Cour de cassation. Et les éléments réunis par les enquêteurs suggèrent que le haut magistrat n'a pas fait que se renseigner sur l'affaire Bettencourt. Il semble bien avoir tenté d'influer sur le cours de la procédure, d'où le délit de « trafic d'influence » retenu contre les trois hommes.

M. Azibert est à la manœuvre, en cette fin 2013. Les perquisitions menées à ses domiciles bordelais et parisien l'attestent. Les seuls documents découverts liés à la chambre criminelle de la Cour de cassation ont tous trait au dossier Bettencourt… Et sur son agenda, seules figurent les dates des audiences relatives à la même affaire.
Que fait-il exactement ? Il se renseigne, certes. Déjeune, dîne. Conseille. M. Azibert dispose d'un point d'entrée à la chambre criminelle : Patrick Sassoust, avocat général. Prudent, ce magistrat. Les enquêteurs, en perquisition à son bureau, découvrent qu'il a effacé tous les mails antérieurs au 7 avril. Mais il a laissé des traces ailleurs.

« TOP SECRET ABSOLU »

Nicolas Sarkozy semble bien avoir bénéficié d'informations confidentielles, en l'occurrence qu'il était placé sur écoute. C'est le sens de sa mise en examen pour « recel de violation du secret professionnel ». C'est ainsi que le conseil de l'ordre des avocats parisiens a fait l'objet d'investigations poussées.

Lire (édition abonnés) : Article réservé à nos abonnés Le 25 février, le ton change sur les portables secrets du « Sphinx » et de son avocat

Le 10 janvier, le juge Serge Tournaire, dans le cadre de son enquête sur un éventuel financement libyen de la campagne sarkozyste en 2007, renouvelle les interceptions téléphoniques sur la ligne officielle de M. Sarkozy. Sylvie Blondet, cadre administratif au barreau de Paris, reçoit ce courriel, et le transmet pour avis à Philippe Lucet, secrétaire général de l'ordre, et à Pierre-Olivier Sur, le nouveau bâtonnier. Celui lui répond, très vite :

« Top secret absolu. Nous sommes tous les trois au courant (plus O.Guilbaud). Un point c'est tout».

Olivier Guilbaud est le directeur du cabinet de Me Sur. Le lendemain, Me Herzog achète deux téléphones, au nom de Paul Bismuth. Et il y a cette folle journée du 25 février. Une information judiciaire vient d'être ordonnée par le parquet financier, le trafic d'influence est suspecté. A 12h41, Me Herzog appelle Air France pour réserver un vol. Le jour même, à 17h37, Me Herzog envoie un SMS à un ami :

« Ai du partir en urgence faire un aller-retour à Nice voir le Sphinx!!! ».

Le «sphinx», c'est ainsi qu'il surnomme de longue date son ami et client Nicolas Sarkozy…

Lire (édition abonnés) : Article réservé à nos abonnés Face à l'ex-président, « les deux dames »
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