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Finales Allemagne-Argentine : belle au centre

Après leurs victoires respectives en 1986 et 1990, les deux équipes se retrouvent dimanche soir au Maracanã de Rio pour se départager.
par Rachid Laïreche, Envoyé spécial à Rio de Janeiro
publié le 11 juillet 2014 à 20h06

Dimanche soir, à Rio de Janeiro, la Coupe du monde clôture sa 20e édition, dans l'écrin magique du Maracanã. Avant de renouer avec la mystique du tournoi dans quatre ans en Russie, elle laisse les fans de toujours comme les supporteurs occasionnels exsangues. Brésil 2014 est un grand cru, avec des buts, des surprises (le Costa Rica qui sort l'Italie et l'Angleterre), des rencontres déjà cultes : Pays-Bas-Espagne (5-1), France-Suisse (5-2), Allemagne-Algérie (2-1), Brésil-Allemagne (1-7), sans parler des brillantes performances des équipes du continent américain (Colombie, Chili, Mexique, Etats-Unis…).

Méchante. Brésil 2014 accouche pourtant d'un classique, Argentine-Allemagne, septième du nom lors d'un Mondial. Pour la troisième fois en finale. Un record. En 1986, Diego Maradona avait survolé la compétition et porté, presque à lui seul, l'Albiceleste sur le toit du monde. Le Pibe de oro avait 26 ans, soit un an de moins que Messi cette année. Quatre ans plus tard, les deux équipes se retrouvent à Rome, le 8 juillet. Maradona et l'Argentine ont éliminé la Squadra Azzurra à Naples quatre jours plus tôt, et tout le Stade Olympique prend fait et cause pour la Mannschaft. L'Allemand Brehme transforme un penalty litigieux à cinq minutes de la fin et solde les comptes pour une des pires finales de l'histoire. Depuis, vingt-quatre années se sont écoulées, et l'Allemagne attend toujours un nouveau sacre en Coupe du monde. L'Argentine, depuis vingt-huit ans.

Pour la belle entre les deux équipes, la Mannschaft part favorite. Normal, après avoir éliminé la France et tabassé le Brésil. Seuls le Ghana et l'Algérie ont résisté à l'équipe de Joachim Löw qui impressionne et semble irrésistible. Les ingrédients ? Un collectif bien huilé avec 6 joueurs du Bayern Munich dans l'équipe type, aucune star, un jeu rapide vers l'avant, technique et efficace avec 17 buts depuis le début du tournoi. Le monde est bluffé à l'image du capitaine de l'Angleterre, Steven Gerrard, sur Twitter : «Le Brésil a Neymar, l'Argentine a Messi, et le Portugal a Ronaldo. L'Allemagne a une équipe.»

La beauté de l’Allemagne n’est pas nouvelle. Depuis 2006, les Allemands flambent dans le jeu, sans gagner pour autant. Le monde à l’envers pour une équipe qui a longtemps traîné une réputation de méchante. Celle qui dézingue les romantiques. Aujourd’hui, le regard a changé sur la Mannschaft, à l’étranger comme au pays. Elle dégage de la sympathie. Peut-être grâce à ses derniers résultats : demi-finaliste de la Coupe du monde 2006 et 2010, finaliste et demi-finaliste des Euros 2008 et 2012. Le grand public a toujours aimé le beau perdant et rejeté le vainqueur froid. Mais la génération Müller n’est pas à la recherche d’amour : elle veut la couronne mondiale. Une défaite face à l’Argentine serait un nouveau désastre, et Joachim Löw n’a plus le droit à l’échec.

Miracle. Du côté de l'Argentine l'esprit est différent. Le pays de Maradona revient au plus haut niveau après plusieurs échecs. Depuis sa finale de 1990, l'Albiceleste, souvent placée dans la bande des favoris, déçoit et reste à l'ombre de son ennemi, le Brésil, passé entre-temps de 3 à 5 étoiles sur son torse. Cette année, le sélectionneur, Alejandro Sabella, compte sur une équipe déterminée pour décrocher la lune, avec des joueurs au service de l'équipe à l'image de Javier Masherano et Angel Di Maria. Fini le spectacle. Le jeu est saccadé, lent et physique. L'Argentine défend plus bas et attend un miracle de son génie, Lionel Messi. Dimanche soir, tous les regards seront tournés vers la Pulga. Le héros argentin, qui a tout raflé avec le FC Barcelone, n'a jamais rien gagné avec son pays, à l'exception des JO de 2008.

Lionel Messi ne se cache pas malgré un Mondial contrasté. Décisif lors du premier tour avec 4 buts, il a été plus discret lors de la phase à élimination directe. Mais Face à la Mannschaft, il dispute «le match le plus important» de sa carrière. Il joue aussi une partie de sa postérité. Un grand match, une victoire, un troisième titre de champion pour l'Argentine et le quadruple Ballon d'or aura son set de table chez les très grands en compagnie des Pelé, Ronaldo, Zidane. Sans oublier son compatriote, Diego Maradona, l'idole de tout un peuple que Messi rappelle un peu par la taille et par le style. Reste juste à asseoir le mythe.

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