L'échappée estivale de Bruno Le Maire
Candidat à la présidence du parti, l’ancien ministre de l’Agriculture est à l’offensive en attendant Nicolas Sarkozy. Sa petite musique séduit les jeunes militants.
Un poisson rouge harnaché d'un aileron de requin. Sur Twitter, l'équipe de Bruno Le Maire a pris le parti de l'autodérision. "C'est une référence à Jérôme Lavrilleux", précise Kéliane Martenon, 22 ans, étudiante, en charge des réseaux sociaux pour le candidat à la présidence de l'UMP. L'homme au cœur de l'affaire Bygmalion avait confié au Point trouver l'ancien ministre de l'Agriculture "très sympa et vivant, alors qu'il a l'air d'un poisson froid".
À l'UMP, tandis que les squales n'en finissent pas de s'entre-dévorer et que Nicolas Sarkozy s'apprête, lui, à replonger dans le grand bain, le député de l'Eure, empêché de se présenter en 2012 faute de parrainages suffisants, a cette fois pris une longueur d'avance sur les autres "quadras", ces anciens ministres ambitieux. Avec le député Hervé Mariton, il est le seul à s'être lancé dans la course à la succession de Jean-François Copé, sans attendre la décision de l'ancien chef de l'État. "Les autres n'ont pas de couilles", assure l'un de ses proches. Et sa petite musique sur le thème du renouveau et du non-cumul des mandats commence à prendre, alors que l'agrégé fait le tour de France des fédérations UMP, se démultiplie via une cinquantaine de comptes régionaux sur Twitter, préconise "une cure de modestie" et s'efforce de se maintenir éloigné des scandales à répétition qui lézardent les fondations de la Rue de Vaugirard.
L'une des grandes voix du parti confirme : "Son fonds de commerce progresse. Vu les affaires, Sarkozy serait aujourd'hui élu mais il ne ferait pas un score de république bananière. Bruno pourrait recueillir au moins 30 % des voix. Cela lui permettrait d'acquérir un statut important." "De toute manière, les militants ne comprennent pas pourquoi Sarkozy veut reprendre l'UMP", renchérit un soutien.
"Pas candidat contre Sarkozy, candidat avant lui"
Un ex-président que Le Maire prend soin de ne pas égratigner. "Je ne suis pas candidat contre lui, je suis candidat avant lui", répète-t-il à l'envi. "C'est bien joué : il prend de l'avance sur 2017 et se classe parmi les premiers ministrables", observe un élu du camp Copé, dont Le Maire a conservé l'estime, n'ayant jamais critiqué en public l'ancien patron de l'UMP.
Une vingtaine de parlementaires roulent déjà pour lui. Parmi eux, la fidèle Laure de La Raudière, mais aussi les sarkozystes Sophie Dion ou Thierry Solère. "De plus en plus de députés disent que c'est très bien qu'il y ait un moins de 50 ans qui se colle à l'UMP", souffle cet élu des Hauts-de-Seine. Soutien de poids, Jacques Pélissard, l'ancien président de l'Association des maires de France, qui vient d'adouber François Baroin pour sa succession, a choisi de parrainer Le Maire pour l'UMP. "Baroin et moi, nous avons des stratégies opposées ; à lui celle du notable de province qui cherche des places, alors que je veux incarner de nouvelles pratiques politiques", observe Le Maire, qui n'a pas oublié leur bataille pour Bercy, il y a trois ans. Débarrassé de la concurrence de ce même Baroin, le député peut espérer fédérer une partie des voix fillonistes et juppéistes face à Sarkozy. "Et s'il ne se présente pas, il y aura beaucoup de candidats, prévoit-il. Mais je serai un petit poisson… parti bien avant les autres."
Source: JDD papier
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