La maire de Varsovie, Hanna Gronkiewicz-Waltz, a démis le
Pr Bogdan Chazan du poste du directeur de l’hôpital de la Sainte-Famille, géré par la ville.
A dire vrai, elle n’avait pas d’autre choix. Les élections locales vont se
tenir dans quelques mois et laisser le Pr Chazan à son poste [affronter les protestations] lui serait préjudiciable.
Cette démission ne règle rien, sauf à apaiser la situation dans l’hôpital que le Pr Chazan dirigeait. Mais la question centrale de l’accès à l’IVG reste entière : encadré par la
loi, la clause de conscience [permettant à tous les médecins
de refuser des actes considérés comme contraires à la doctrine catholique] et
le conformisme des médecins et des fonctionnaires rendent son application quasi impossible.
Aucun pouvoir décisionnaire ne propose de solution. Au contraire, les propositions pour torpiller le droit à l’avortement se multiplient, ainsi que les recours pour permettre au système de santé public (FNZ) d’éviter d’éventuelles plaintes. Ainsi,
les autorités locales de Wolomin (dans la banlieue de Varsovie) viennent de
changer le statut de l’hôpital local, dont elles sont propriétaires. En y
inscrivant une “application stricte du principe de la défense de la vie
humaine”, elles empêchent toute condamnation s’il refuse des actes contraires à son statut.
Et que fait le ministre de la Santé ? C’est pourtant lui qui
définit les bases des futurs contrats. Le ministre Bartosz Arlukowicz se congratule pour avoir réussi à contrôler le scandale de l’hôpital du Pr Chazan. Or le ministre de la Santé doit garantir aux patients un droit aux
actes médicaux sans qu’ils soient limités par une “profession de foi”
ou une clause de conscience.
“L’affaire Chazan”, c’est aussi une question d’éthique.
Le Pr Chazan a informé sa patiente que son enfant pouvait “vivre
longtemps et être soigné”, tout en sachant délibérément que le fœtus était
touché de malformations mortelles. Il a fait cette déclaration publiquement.
Puis, tout aussi publiquement, commentant les doutes exprimés
par la patiente quant aux éventuelles séquelles de l’enfant, il a affirmé que celui-ci aurait souffert beaucoup plus lors d’une IVG et que cette dernière s’effectuait
par une “découpe du fœtus sans anesthésie”. Evidement, cela n’est pas vrai, et
le médecin ne peut pas l’ignorer.
Il a donc délibérément menti à l’opinion publique, mais, surtout,
il a menti et torturé sa patiente. Et ceci non pas pour défendre le droit de brandir la
clause de conscience, mais uniquement pour fuir la responsabilité de ses actes.
Les organisations et les syndicats de médecins se rangent tous derrière
le Pr Chazan. Est-ce que selon eux le mensonge et la cruauté envers le patient
font partie de l’éthique médicale ? Si
le milieu médical ne se désolidarise pas [du Pr Chazan], il sera alors temps de s’inquiéter gravement.
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